Faut-il s’inquiéter de Nipah, ce virus émergent surnommé "l’Ebola sud-asiatique" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les chauve-souris frugivores sont le principal vecteur du virus Nipah.
Les chauve-souris frugivores sont le principal vecteur du virus Nipah.
©Biju BORO / AFP

Nouvelle menace

Un enfant de 12 ans est décédé dimanche dernier dans le sud de l’Inde après une infection au virus Nipah, qui a un taux de létalité estimé entre 40 et 75%.

Serge Morand

Serge Morand

Serge Morand est chercheur au Cnrs et au Cirad. Il travaille également au Centre d’infectiologie Christophe Mérieux du Laos. Écologue évolutionniste et parasitologue de terrain, il conduit de nombreuses missions sur les relations entre biodiversité et maladies transmissibles. 

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Atlantico : L'État du Kerala, dans le sud de l'Inde, a été confronté le 12 septembre à un nouveau cas de Nipah : un enfant de douze ans est mort après avoir contracté le virus. Cela laisse craindre une troisième épidémie de ce virus dans cet Etat en trois ans. Que sait-on de ce virus, parfois surnommé l'Ebola sud-asiatique ?

Serge Morand : La première émergence de Nipah a eu lieu en Malaisie en 1998. A l'époque, le pays connaissait une augmentation des élevages de porcs qui étaient destinés à l'exportation, notamment pour le marché singapourien. En même temps, la Malaisie connaissait une importante déforestation et des feux de forêt, notamment sur la presqu'ile et sur Bornéo. Les grandes chauve-souris frugivores ont commencé à se déplacer, se sont retrouvées autour de ces élevages semi-intensifs, et ont contaminé des cochons. Ces cochons ont contaminé des humains et cette chaîne de transmission a créé la première grande épidémie de Nipah. L'épidémie s'est arrêtée en Malaisie car elle a été mise sous contrôle, mais en 2001, le virus est réapparu en Inde. Depuis, ça continue d'émerger : en 2003 et 2005 au Bangladesh, en 2007, en 2016... Quatre pays différents ont été touchés : la Malaisie, les Philippines, l'Inde et le Bangladesh. Pour ces deux derniers pays, ces épidémies sont récurrentes et sont liées à la saison des pluies. Cela est lié à l'activité des chauve-souris durant cette saison, car la transmission se fait là-bas par contamination des humains par les fientes des chauve-souris.

Quels sont les symptomes de ce virus ?

Il s'agit de fièvres hémorragiques, qui potentiellement peuvent entraîner des baisses complètes de tension, des syndrômes d'effondrement rénal, des disfonctionnements d'organes, etc. Il n'y a pas de traitements, et si le patient n'est pas hospitalisé très tôt en réanimation, le taux de survie est bas.

Ce qui est rassurant, c'est que le taux de transmission inter-humaine est faible. C'est une transmission de l'animal à l'humain : la source de contamination se trouve à un endroit X et l'identification de cette source de contamination permet d'éviter de nouveaux cas.

« Pour le moment, il n’y a pas de raison de paniquer. Mais nous devons faire preuve de prudence », a déclaré Veena George, le ministre de la Santé de l’État du Kerala. Partagez-vous ces propos ?

Il a raison. Ce n'est pas une maladie qui peut se transformer en pandémie, car la transmission inter-humaine est très difficile. Potentiellement, seuls les soignants peuvent se retrouver infectés par les malades.

Depuis sa découverte en 1998 en Malaisie, il est néanmoins apparu dans trois autres pays. Peut-il quitter l'Asie ?

Non, je ne pense pas. Outre la faible transmission inter-humaine, il faut savoir que le réservoir du virus, les grandes chauve-souris migratrices, se trouvent essentiellement sur le continent asiatique, et surtout sur la partie sud du continent. En Thaïlande par exemple, on peut rencontrer ces chauve-souris jusqu'à Bangkok, mais lorsque l'on va plus au nord, elles ne sont plus présentes. Il n'y a donc quasiment aucun risque que le virus s'étende.

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