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Facebook, le digital, vos données. De quoi nous plaignons-nous ?
©Josh Edelson / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Nous avons donné, nous donnons et donnerons nos données, chaque jour, encore et toujours plus. En échange de… de quoi au fait ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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De quoi nous plaignons nous ? Quand on donne sans compter, plus rien ne compte! Nous sommes tous dépendants, totalement, d’une forme plus insidieuse et addictive que la cocaïne, et sans comparaison avec le cannabis, qui fait figure de petit joueur. Effectivement, légaliser le cannabis paraît une évidence si l’on interdit pas le digital et les réseaux sociaux. Tant que nous ferons du smartphone une extension de nous même, et troquerons sans réflexion, notre intimité pour un peu de facilité et de rapidité, nous n’avons pas à nous plaindre. Donner c’est donner, repris, c’est trop tard!

Il y a encore peu de temps nous utilisions une carte bleue. Eventuellement un GPS, et encore, dans les grands jours. Notre fuite de données vers les opérateurs était déjà réelle mais encore limitée. Quelques achats dévoilaient certainement notre folie consommatrice, mais assez peu, faute de recoupement, sur notre personnalité. Puis notre feu ami Steve, a fait de notre vie une longue suite de glissement de l’index sur surface vitrée et mobile, et nous avons accéléré le mouvement. A poil !! Nous avons commencé à livrer à la « smart voleuse » notre vie, sans tabou, ni interdit. Vie privée, publique, déviances sexuelles, furie acheteuse, photos de vacances, romances d’un soir ou de toujours, beuveries ou photos de communion ou bar mitzvah. Même nos enfants, qui n’ont rien demandé, se retrouvent exposés comme autant de marchandises à l’étalage ou de prostituées en devanture, devant vos 5000 meilleurs amis, qui à la base n’avaient rien demandé non plus. L’offre créée la demande. La bêtise se multiplie comme les pains du nouveau testament, au profit de cette nouvelle religion, ou secte, numérique. Les fournisseurs de tuyaux n’avaient certainement pas prévu de notre part une si grande générosité et si peu de pudeur. Nous livrons nos offrandes aux nouveaux Dieu, ou Gourous. Qui encaissent. Car selon la fameuse phrase, si c’est gratuit, c’est toi le produit !

Mais tout le monde s’en fiche. Nous sommes devenus des mendiants, des SDF devant les bâtiments des géants du numérique, qui nous balancent, par pitié, quelques pièces, en récompense de ce petit gain dont nous nous contentons (la gratuité), pendant que leurs sociétés engrangent plus de trésorerie que la totalité des profits de nos grands groupes Français. Apple dispose de 260 milliards de trésorerie. Google de 57 milliards. Et le journal le Monde, en France, qui s’étrangle, avec une démagogie franchouillarde, quand nos comptes du CAC40 alignent péniblement 94 milliards de profits !! De la petite monnaie. Nous préférerions certainement qu’ils perdent 94 milliards, car alors la France serait officiellement en situation de banqueroute et le Monde pourrait faire sa Une, sur ces sociétés vertueuses, qui ont accepté de refuser le profit, pour licencier plus sûrement leurs salariés !!

Nous avons donné, nous donnons et donnerons nos données, chaque jour, encore et toujours plus. En échange de… de quoi au fait ? Alors, sincèrement, pourquoi nous plaindrions nous, que les données de FB se retrouvent vendues à leur tour, à des officines qui les détournent de leur destination prévue. Tout le monde se fichant bien de les donner, tout le monde devrait se moquer de savoir ce qu’ils en font, non ? On ne peut jeter à la poubelle ses biens de famille, et demander des comptes au SDF qui les revend ensuite. Il ne fallait pas les donner en premier lieu.

Le seul élément marquant de cette pantomime politique aux USA, qui n’a en aucun cas envie de mettre FB à terre, car trop utile pour faire du marketing politique et gagner les élections (quand on sait comme Obama par exemple, bien les utiliser), c’est que notre ami à capuche à mis une cravate. C’est rare, d’ailleurs, elle semblait neuve. Elle brillait. C’est à peu près l’événement le plus marquant de cette pitrerie, cet exercice de crucifixion convenu et organisé, scénarisé, théâtralisé, pour que le coupable puisse feindre d’avoir fait amende honorable et que ses bourreaux soient élevés au rang de puritains en chef. Pitoyable. Même le procès de la donnée démontre à quel point on nous prend pour des imbéciles. Nous sommes punis par la punition. Double peine en somme.

C’est un peu comme le tabac. Il tue, mais on le vend car l’Etat y gagne. La mort rapporte. Le Monde n’en fait pas sa première page. L’intelligence ne rapporte pas assez de lecteurs certainement. FB et le digital mériteraient que l’on pose la question du partage de la valeur. Ils utilisent nos données ? OK, pas de pb, mais combien cela nous rapporte t-il ? Les 2 milliards d’utilisateurs de FB devraient recevoir des actions en échange de leurs données, de nos données. Et au moins, nous pourrions, avec nos dividendes annuels, aller faire une énorme fête, que nous pourrions poster sur… Facebook ! Tout le monde serait gagnant. Le dividende « selfie », le nombril qui rapporte des dividendes, voilà un don utile. Et après, qu’ils fassent ce qu’ils veulent de la donnée. On s’en fiche au final. Le monde est digital et la donnée n’est plus privée. C’est fini. Donc la seule question qui mérite d’être posée, c’est comment en partager la valeur. Au moins nous serions prostitués pour de l’argent, et non en pur bénévolat.

La prochaine fois que je vois un dirigeant du digital passer à la télévision pour répondre de son utilisation de nos données, je l’applaudirai. Nous sommes des imbéciles, lui est riche. Bien joué ! Snowden ou Assange révèlent des données qui condamnent à mort certaines relations inter-gouvernementales ou certains espions, tout le monde applaudit. « Marko », en fait moins mais se retrouve au « tribunal ». Etrange monde dirait le Monde.

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