Facebook en quête d’un milliard supplémentaire d’utilisateurs potentiels : comment Mark Zuckerberg espère pénétrer le marché chinois (mais ce n’est pas gagné)<!-- --> | Atlantico.fr
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Mark Zuckerberg a notamment rencontré Li Keqiang, lors de son séjour en Chine.
Mark Zuckerberg a notamment rencontré Li Keqiang, lors de son séjour en Chine.
©Reuters

L’empire du PC

Mark Zuckerberg a rencontré le responsable de la propagande de Pékin dimanche 20 mars dernier. Si le leader de Facebook fait du charme à la Chine, il y a fort à parier qu'il n'obtienne pour l'instant rien en retour.

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe, docteur d’État, hdr., est directeur de recherche à l’IRIS, spécialisé dans la communication, la cyberstratégie et l’intelligence économique, derniers livres : « L’art de la guerre idéologique » (le Cerf 2021) et  « Fake news Manip, infox et infodémie en 2021 » (VA éditeurs 2020).

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Atlantico : Mark Zuckerberg était l'invité phare du China Development Forum samedi 19 mars, ce qui peut paraître étonnant en raison de l'absence de résultats de Facebook dans ce pays. Il affirme pourtant rester optimiste quant à l'implantation de son entreprise en Chine. Un tel succès est-il réellement envisageable aujourd'hui ?

François-Bernard Huyghe : Le passé ne plaide pas dans ce sens-là. On peut reprendre l'exemple de Google qui avant 2010 avait tenté de s'implanter dans le marché chinois – la première réserve d'internautes du monde – en acceptant des censures selon les critères voulus par le gouvernement chinois de l'époque en terme des résultats de recherche. On pouvait taper Tienanmen sans risquer de tomber sur des photos d'étudiant devant un char. Google avait ensuite tenté de faire les gros bras et de menacer la Chine. Un bras de fer s'était engagé, et Google avait tenté vainement de renvoyer les requêtes par Google Hong Kong. La Chine avait alors pris le problème très au sérieux en se dotant de technologies chinoises en matières de réseaux sociaux et de logiciels pour se substituer aux services proposés par Google. C'est la naissance de Baidu, et d'une indépendance numérique pour répondre aux enjeux numériques. 

Les chances de Mark Zuckerberg d'installer un Facebook dont il nous dira évidemment qu'il sera un facteur de démocratie et d'ouverture me paraissent faibles, mais je serais enchanté de me tromper. 

Le gouvernement semble exercer un contrôle strict des puissants réseaux sociaux locaux. Le capitalisme techno-numérique occidental est-il un tigre de papier pour la Chine ?

Si l'on s'attaque à la Chine quand on connaît la vision stratégique à long terme qu'ont les Chinois, on s'apperçoit d'une chose : les prophètes qui nous avaient annoncé un monde sans frontière grâce à Internet se sont trompés. La Chine a construit le Great Firewall (La grande muraille/pare-feu de Chine), et donc a provoqué un véritable isolat au sein d'Internet dont elle a le contrôle et dans lequel elle fait la loi. Et pour l'instant, personne n'a trouvé la façon d'enjamber cette frontière !

Mark Zuckerberg et Jack Ma (patron du géant chinois du numérique Alibaba) ont évoqué une collaboration visant à encourager et anticiper le développement de l'intelligence artificielle et de la réalité virtuelle. Avec l'acquisition récente par exemple de l'Oculus Rift, casque de vision en réalité virtuelle, Mark Zuckerberg compte-t-il sur les dernières technologies de pointe pour pénétrer le marché chinois ? Cette stratégie est-elle convaincante, vu la rapidité à laquelle les Chinois copient tous les produits technologiques ?

La première question est de savoir si la supériorité des technologies américaines est suffisante pour maintenir encore à distance les Chinois. Il y a fort à parier que non. 

La deuxième est de savoir si Zuckerberg ne va pas s'exposer à la contrefaçon. On sait qu'ils copient tout, et surtout qu'ils sont accusés très régulièrement d'espionnage. Barack Obama, qui a souvent rencontré Xi Jinping sur ce sujet, affirme que le vol de propriété intellectuelle aux Etats-Unis coûtait à son pays des milliards de dollars. Il y a un important pillage de l'innovation, un peu de tout d'ailleurs, comme s'ils ramassaient au chalut et sélectionnaient après. En domaine de cyber-piraterie et de cyber-stratégie, cette domination est très valorisable pour la Chine. Le pays récolte des résultats nettement plus intéressants en investissant dans un bon virus-espion qui vole les recherches des autres qu'en finançant sa propre recherche. Pourquoi arrêteraient-ils ?

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