Face aux troubles psychiatriques, une arme méconnue : les espaces verts <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Les espaces verts ont de réels bienfaits sur la santé mentale.
Les espaces verts ont de réels bienfaits sur la santé mentale.
©JULIE SEBADELHA / AFP

Atouts de la nature

Une étude menée auprès de 400.000 Britanniques pendant plus de 11 ans révèle les bienfaits insoupçonnés des espaces verts sur la santé mentale.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

Voir la bio »

Atlantico : Face aux troubles psychiatriques, une arme méconnue permettrait d’apaiser les patients : les espaces verts. En quoi, d’un point de vue scientifique et médical, les espaces verts permettent-ils de prévenir les troubles anxio-dépressifs ? Quels sont les bienfaits des espaces verts sur la santé mentale ?

Antoine Flahault : Les troubles mentaux comptent parmi les fardeaux les plus lourds que portent les patients dans nos sociétés, tant en termes d’altération sur la qualité de vie, que la douleur psychique causée par ces troubles, leur stigmatisation et parfois l’issue dramatique du suicide, sans compter la pression qu’ils sollicitent sur le système de santé, et les arrêts maladies sur l’économie. Il existe des modalités de prise en charge efficaces de l’anxiété et la dépression, constituées de traitements médicamenteux et de psychothérapies cognitivo-comportementales, une fois diagnostiquées. Mais il y a des mesures qui peuvent contribuer à prévenir ces troubles avant même qu’ils ne surviennent. La nature, notamment les espaces verts, se révèlent alors des alliés précieux dans la prévention de l’anxiété et de la dépression. D’une part, le fait d’habiter près d’espaces verts contribue à prévenir l’anxiété et la dépression et d’autre part, pour ceux qui n’ont pas cette chance, le fait de se rendre 90 à 120 minutes par semaine dans la nature contribue aussi à prévenir ces troubles mentaux.

Une étude a été menée auprès de 400.000 Britanniques pendant plus de 11 ans, basée sur la proximité d'espaces verts de leur lieu de résidence et la survenue d'anxiété et de dépression. Quelles sont les principales conclusions de ces travaux ?

Si plusieurs études préalables avaient suggéré le rôle protecteur des espaces verts pour la santé mentale, c’est la première étude d’une telle taille, avec des participants suivis pendant une si longue période, qui ait exploré une telle association. Les personnes habitant à proximité d’espaces verts souffrent moins souvent d’anxiété et de dépression. Le niveau de réduction de risque lié à la résidence proche d’un espace vert est de l’ordre de 15% pour chacune des deux affections. Les auteurs de cette recherche ont pris toutes les précautions nécessaires pour ajuster leurs analyses selon les principaux facteurs de confusion connus. Ainsi ont-ils retrouvés ce caractère protecteur de la résidence à proximité d’espaces verts quels que soient l’âge, le sexe, l’origine ethnique, le niveau de revenu et d’éducation, l’indice de masse corporelle, les consommations de tabac et d’alcool des 400 000 personnes incluses dans l’étude. Les auteurs ont montré que la moindre pollution de l’atmosphère par les particules fines était le principal médiateur de cette protection conférée par l’habitat à proximité d’espaces verts.

Les troubles psychiatriques sont-ils plus fréquents dans les milieux urbains ?

L’anxiété et la dépression sont en effet 20 à 40% plus fréquentes en milieu urbain. Or près des deux-tiers de la population vivront en ville dans le monde dans quelques années et cette proportion est déjà de plus de 80% aujourd’hui en France. La conception des espaces urbains, et notamment l’aménagement des parcs et des plans d’eau, doit être pensée au regard de la qualité de vie des habitants mais aussi désormais de leur santé mentale et physique. Les espaces verts sont les lieux de promenade et d’activité physique, favorables à la santé, luttant contre l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaire et les cancers. Ce sont aussi des lieux où l'air est moins pollué, favorable à la santé respiratoire et à la santé mentale.

Le fait de se rendre dans des espaces verts entre 90 à 120 minutes par semaine contribuerait-il positivement à la prévention des troubles psychiatriques ?

Tous les habitants des villes ne bénéficient malheureusement pas d’une résidence à proximité d’espaces verts. Mais une étude publiée en 2019 avait montré que passer deux heures (groupées ou fractionnées) par semaine dans la nature, était favorable à la santé et au bien-être physique et psychique. Une récente analyse systématique de la littérature scientifique, publiée en 2021 et incluant 16 essais randomisés, a montré que passer 90 minutes par semaine à des occupations extérieures, incluant le jardinage et d’autres activités physiques, favorisait une meilleure santé mentale, prévenant en particulier les troubles anxieux et dépressifs.

Antoine Flahault vient de publier « Prévenez-moi ! Une meilleure santé à tout âge » aux éditions Robert Laffont

Liens vers la boutique : cliquez ICI et ICI

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !