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Exclusion des femmes de l’espace public : un regard lucide qui ne doit pas faire oublier que l’emprise de l’islam politique sur certains quartiers ne se réduit pas à une problématique d’égalité des sexes
©Reuters

Reportage choc sur France 2

Un reportage tourné à Sevran et diffusé ce mercredi 7 décembre sur France 2 a mis en avant le problème d'exclusion des lieux publics dont souffrent les femmes dans certains quartiers populaires.

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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Un reportage de France 2 au JT du 20h du 7 décembre dernier, a fait grand bruit, qui révèle pour la première fois un phénomène qui s’est affirmé depuis déjà des années, bien connu de ceux qui s’y intéressent, l’islamisation de certaines banlieues. La Seine-Saint-Denis, on le sait de façon objective aujourd’hui, est particulièrement touchée par ce phénomène. Ce sont souvent des anciens quartiers ouvriers, populaires, trop fréquemment des ex-bastions des banlieues rouges qui en sont le théâtre, un peu partout en France, comme dans la banlieue de Lyon, que montre aussi ce reportage.

La présentation de celui-ci par la chaine est explicite : "Ces terrasses de café et ces rues ont un point commun : les femmes semblent effacées. Dans certains quartiers populaires, les hommes occupent les lieux publics et les femmes subissent." Pour l’auteur de cette enquête, la journaliste Caroline Sinz, "il fallait briser cette loi du silence".  Un bar  est filmé où ne voit que des hommes attablés, et des femmes qui à l’extérieur longent les murs sans s’arrêter. Pour démontrer la réaction de ces hommes, deux militantes de la Brigade des mères,  Nadia Remadna et Aziza Sayah, filment en caméra cachée. "On cherche quelqu'un", prétexte l’une des deux mili­tantes pour entrer dans le bar. "Le mieux c’est d’attendre dehors", leur stipule le patron. D’autres hommes postés à côté regardent ce qu’il se passe, choqués de voir que deux femmes sont à l’intérieur du café. L’un d’eux assure que même s’il s’agissait de sa cousine, elle ne serait pas autorisée à être là : "Elle fait ce qu’elle veut mais elle ne vient pas ici avec moi". Et celui-ci d’ajouter : "Dans ce café, il n’y a pas de mixité. On est à Sevran on n’est pas à Paris". Un autre lui emboîte le pas : "C’est des mentalités différentes. C’est comme au bled !" La journaliste de France 2 résume finalement en voix-off : "Aller dans un bar ici, c’est braver un interdit pour une femme".

Des quartiers sans femmes, effacées du décor, en France, où s’applique la ségrégation sexuelle, ce n’est donc pas un fantasme. La loi islamique  est bien là qui fait sa loi, et remplace la loi civile. Les grands-frères lors des révoltes urbaines de 2005 ont été appelés à la rescousse par certains élus, et du coup ont exclus les femmes, les mères… On a donné la place à ces hommes qui ont pris la main sur les quartiers, explique Nadia Remadna. L’autre militante explique : "L’islam, c’est comme le code pénal, alors qu’on est en France". Ces femmes sont régulièrement menacées, c’est d’ailleurs après qu’une voiture se soit arrêtée pendant l’interview devant elles, qu’elles décideront d’interrompre celle-ci. Ensuite, on en vient à l’exemple d’un quartier de Lyon qui fait écho à ce que l’on vient de montrer, où une assistante maternelle est interviewée. Elle  explique tout faire pour passer inaperçue, pour respecter les codes du quartier qui veulent que les femmes disparaissent du décor : "on s’efface, parce qu’on a peur tout simplement…"

On explique que non loin de là, dans un quartier de ce genre, des femmes manifestent leur résistance par le fait d’occuper les terrasses de bar, dont les hommes partent immédiatement, sous l’œil de la caméra. La rue est occupée par une bande de jeunes garçons et les autres lieux publics comme les bars, par des hommes qui sont les maitres des lieux. On voit une femme voilée qui échange avec ces femmes qui ne veulent pas se laisser faire et entendent pouvoir prendre un verre dans un bar, et leur dire qu’elle ne voit pas pourquoi elles font cela, qu’il n’y a aucune raison d’aller dans un bar pour une femme. Elle montre comment elle a parfaitement intériorisé l’interdit et cette loi qui fait que les femmes soient mises à part, et lorsqu’elles ont bien été éduquées, se soumettent comme "librement" à cet ordre patriarcal en le justifiant. Ce qui est particulièrement inquiétant, au regard d’une inégalité hommes-femmes, que cette femme considère ainsi comme un non-sujet, en étant l’alliée d’une domination qu’elle subit. Ce qui est encore plus inquiétant au regard d’un contexte de fragilisation de bien des adolescents de familles immigrées ou issues de l’immigration de pays musulmans, qui sont ainsi bercés par cette atmosphère dominée par la loi islamique. On suit ici à la lettre la sourate quatre du Coran sacralisée ici qui dit "les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci…", confinant à l’extrémisme religieux. Comment alors différencier pour ces jeunes ensuite, les autres passages du coran en en relativisant la portée, comme ceux qui appellent au djihad pour tuer les "juifs" et les "mécréants", pour ne pas tomber dans la radicalisation ? Ces résistantes qui manifestent régulièrement pourront dire, pendant que l’on voit derrière elles passer une femme toute en noir voilée, que les femmes musulmanes du quartier ne participent pas, et qu’elles s’interrogent bien pourquoi. Qu’elles le veuillent ou pas, elles ne risquent pas dans ce climat d’interdit et de laisser-faire des élus, d’y participer. 

L’accueil massif de populations immigrées, au nom de la solidarité internationale, s’est combiné avec le clientélisme politico-religieux, pour aboutir à cette situation inconcevable, et ce, particulièrement dans des banlieues populaires qui furent des bastions de la banlieue rouge. On a créé, qu’on l’ait voulu ou non, les conditions de cette dérive, d’une part, par un regroupement massif de ces populations prédestinées aux logements sociaux en raison de leur niveau économique, d’autre part, en refusant de voir que l’on risquait à un moment d’avoir un grave problème avec l’islam pouvant verser dans l’islamisme, ce qui est précisément arrivé. On a ainsi délibérément poussé dans le sens de la fin de la mixité sociale pour faire place nette à ce nouvel ordre patriarcal moyenâgeux. On a parfois encouragé cette évolution en soutenant les religieux les plus rétrogrades, en leur fournissant terrain voire mosquée, ou simplement laissé faire. Et malgré ce constat, que bien des élus connaissent, on fait la même chose aujourd’hui avec les migrants qui ne cessent d’arriver sur notre territoire, sans rien vouloir voir des conséquences dans ce domaine.

Ce reportage nous dévoile d’une part, des jeunes hommes en bande, qui tiennent le pavé de la rue, et font d’un côté leur loi, et de l’autre, d’autres hommes qui font la leur dans les lieux qui sont normalement des espaces de convivialité dont les femmes sont proscrites. Il ya là une sorte de complicité tacite entre bandes et islamisation, qui se rejoignent dans une domination de l’espace où c’est seule la loi des hommes, religieuse, qui s’impose.

On avance le droit à sa tradition, sa culture, sinon sa religion, pour justifier l’injustifiable, comme si cela n’avait pas de conséquences sur les libertés et droits de chacun, en présentant cela comme le simple fruit de la même liberté que nous partageons tous, celle du choix de nos convictions, de la liberté de conscience. Mais derrière cet argument spécieux, une autre réalité se cache, celle de groupes de pression qui prennent possession de la rue, mais plus encore, entendent imposer une façon de vivre et d’éduquer, d’isoler, pour créer des espaces contrôlés par eux. Par le jeu de l’enfermement, ils conduisent à une opposition entre le dedans et le dehors, comme entre le pur et l’impur, avec en toile de fond la radicalisation  galopante que montrent les chiffres officiels dans ces banlieues.  

Mais cela ne concerne pas que ceux qui sont assignés en fonction de leur patronyme ou une origine à une communauté, et intimés d’en respecter les préceptes religieux, mais tous, y compris les femmes et les hommes qui n’ont rien à voir avec cette communauté mais auxquels on impose ces règles en lieu et place de la loi commune, en tirant un trait sur toute référence à l’appartenance à autre chose qu’à ce territoire confisqué par l’islamisme.  Les libertés et droits individuels sont bafoués avec toute idée de destin commun, d’appartenance à une même nation. La société vole déjà là en éclats avec quels risques de poudrières, si on fait le lien comme les antennes paraboliques le fond trop bien, avec l’influence de conflits armés où des musulmans sont pratiquement partout, peu ou prou, au nom de l'islamisme, au rang des protagonistes.  

Cet ordre est celui d’une autre société moyenâgeuse qu’on a laissé s’installer au nom d’un droit à la différence  qui est devenu, comme beaucoup l’avaient vu arriver et dénoncé, la différence des droits, et une République mise hors jeu. Une situation qui ne rencontre que peu de résistance aujourd’hui, en raison du déni qui domine, qui ici a été écorné quelque peu, mais qui reste devant nous comme l’enjeu du combat primordial de notre temps. L’oppression des femmes est toujours première dans l’ordre des signes qui préludent aux grands périls, dès qu’il est question d’extrémisme religieux, et donc un révélateur du niveau de danger auquel il faut répondre. Espérons que les candidats aux présidentielles aient tous regardés ce reportage, pour en tenir compte dans leur programme, et le projet de société qu’ils envisagent de défendre. La réponse à cette involution et à ses dangers étant première dans l‘ordre des priorités, si l’on veut pouvoir éviter un jour que la guerre que l’on suit aujourd’hui par écran interposé, ne soient un jour à notre porte.  

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