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Européennes : même atomisée, la vie politique française n'est toujours pas recomposée
©Eric CABANIS / AFP

Election sans vrai gagnant

" Entre les communistes et nous, (les gaullistes), il n'y a rien" disait André Malraux. A sa manière Emmanuel Macron veut réitérer la donne entre son parti, La République en Marche et le Rassemblement National.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le scrutin des européennes lui a partiellement donné raison, mais à son détriment, puisque LaRem, le parti de la majorité est devancé par le RN de Marine Le Pen, même si un point seulement sépare les deux listes. Un point, c'est suffisant pour que le Premier Ministre Edouard Philippe déclare :"Quand on termine deuxième à une élection, on ne peut pas dire qu'on a gagné", précisant qu'il " accueilli ces résultats avec humilité". Si LaRem et le RN, les deux partis se partagent peu ou prou la moitié de l'électorat français, c'est insuffisant pour ne pas prendre en compte l'autre moitié, celle qui s'est atomisée (-sous l'effet Macron), ainsi que celle qui émerge (les Verts ), sous l'effet réchauffement climatique. "Le message sur l'urgence écologique", comme l'ensemble du message envoyé par l'électorat français " a été reçu cinq sur cinq", a déclaré Edouard Philippe qui a assuré que "l'heure est à l'action". Elle l'est d'autant plus que Yannick Jadot, le vrai vainqueur de cette élection a implicitement fait acte de candidature à la présidentielle de 2022.

Pour les autres partis ,LR, PS, LFI (La France Insoumise), l'UDI, l'heure est plutôt à la réflexion et à la remise en question ! Si les Verts, avec 13,4% des voix deviennent la troisième force politique en France, les Républicains s'effondrent avec 8,48 des suffrages, LFI, le parti de Jean-Luc Mélenchon, avec 6,3% des voix arrive tout juste devant le PS qui sauve les meubles avec Raphael Glucksmann en obtenant 6,2% des voix, c'est à dire assez pour envoyer quelques députés au Parlement de Strasbourg. Avec le style emphatique qui est le sien, Jean Luc Mélenchon a déclaré "ce n'est pas une soirée heureuse que celle-ci". Dire qu'il se voyait à l'Elysée il y a deux ans! 

A eux deux donc, le PS et LR (qui s'est appelé RPR ou UMP), qui ont gouverné la France pendant des décennies, ne totalisent même pas 20% des voix. Leurs deux leaders vont devoir rendre des comptes à leurs élus (-nationaux), et à leurs militants. Pressés par leurs éléphants respectifs, Olivier Faure et Laurent Wauquiez n'ont pas voulu aller à la bataille. Faute de candidat jugé suffisamment glamour dans ses rangs, le premier a fait appel à Raphael Glucksmann, essayiste, un peu écologiste, un peu social démocrate, très bobo et surtout anti-PS à l'ancienne. Michel Rocard qui avait bu la tasse en 1994, avait dû quitter la tête du parti à la suite de cet échec, tout comme Laurent Fabius avait dû démissionner à la suite de la lourde défaite aux législatives de 1993.Olivier Faure va se retrouver très vite sous le feu roulant de ses amis qui ont encaissé les critiques contre le bilan de la gauche , contre François Mitterrand. Hier soir l'ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, dont l'autorité s'affirme à gauche bien qu'il ne soit plus élu, est monté au créneau sur Twitter pour appeler à "reconstituer une force de gauche sociale et écologique qui offre à la France une espérance..." et il "invité celles et ceux qui croient en la gauche humaniste à oeuvrer dès maintenant "car " nous ne pouvons plus faire courir à la République et à la démocratie le danger d'un face à face entre LREM et le RN"...

A L.R. les dagues ont été dégainées aussitôt les résultats connus. Non seulement il n'y a pas eu d'effet Bellamy, mais Laurent Wauquiez a tenté de se défausser en faisant porter à Emmanuel Macron la responsabilité de la défaite, l'accusant d'avoir fait "progresser les extrêmes" et regrettant que dans cette campagne où tout a été fait pour la réduire à un duel Rassemblement national contre En marche ,nous n’avons pas pu faire entendre notre voix". Ce n'est pas le temps de parole qui a manqué mais le message. Quel était-il? Si LR obtient le pire score de son histoire, c'est peut-être aussi parce que le parti qui fut celui de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, délesté de son aile modérée qui a fondé "Agir", aujourd'hui dans la majorité présidentielle, n'a pas eu le discours que les électeurs voulaient entendre. On ne gagne pas une élection en parlant uniquement de " valeurs". Le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau a évoqué la nécessité de Rassemblement, d'"idées nouvelles". A LR on redécouvre les vertus d'une alliance avec le Centre...Ce matin sur RTL, Valérie Pécresse embrayait en déclarant qu'il n'y a pas eu "d'alternance désirable ", prônant elle aussi "une stratégie d'élargissement avec le centre droit". Nicolas Sarkozy qui n'avait obtenu que 12,8% des voix aux européennes de 1999 (-il avait pris la tête de la campagne à la suite de la démission de Philippe Séguin), glisse régulièrement à ses visiteurs " quand j'ai fait 12,8% j'ai démissionné". A bon entendeur!

Les municipales sont toutes proches et la question des alliances est plus que jamais d'actualité dans les partis politiques, y compris dans la majorité. Patrick Mignola, le président des députés MODEM, le parti de François Bayrou, a déclaré que "la majorité doit s'élargir... Nous devrons veiller, comme l’a demandé le Président de la République, à mieux associer les Français et les territoires dans leurs diversités".C'est aussi le sens de la déclaration d'Edouard Philippe quand il dit que "Nous devons, comme le président de la République nous y a invités, mettre en œuvre une nouvelle méthode pour davantage aider les territoires qui se sentent oubliés, pour davantage associer les Français, les élus, les partenaires sociaux, bref pour mettre davantage d’humain dans notre politique sans rien perdre de notre ambition ni de notre audace. C’est l’enjeu de l'acte 2 du quinquennat". C'est surtout la leçon de ce scrutin, car si dans un duo, ce n'est pas toujours le même qui gagne... 

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