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Europe - Chine versus Russie - Etats-Unis : les alliances inattendues révélées par le G20
©LUDOVIC MARIN / AFP

Cartes rebattues

De nouveaux rapports de force ont pu être observés lors de son G20.

Michael Lambert

Michael Lambert

Michael Eric Lambert est analyste renseignement pour l’agence Pinkerton à Dublin et titulaire d’un doctorat en Histoire des relations internationales à Sorbonne Université en partenariat avec l’INSEAD.

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Quel bilan peut-on tirer de ce G20 ? Quels rapports de forces ont pu être observés ?

Michael Lambert :Le plus simple est d'observer ce qu'il s'est passé pour chacun des quatre grands acteurs, les Etats-Unis, la Russie, la Chine et l'Union européenne. Dans l'ensemble, Donald Trump ne convainc pas avec sa politique/ Il continue sa politique protectionniste en voulant taxer notamment les produits allemands et chinois. Il ne parvient évidemment pas à convaincre les Allemands et les Européens qui ne partagent pas l'approche protectionniste qu'il a, et ne parvient pas à convaincre les Chinois. Il tente de nouer un dialogue avec la Russie sans résultat concrets et surtout il ne respecte pas le protocole en mettant sa fille à la table des négociations, ce qui fait de la présidence de Trump une présidence familiale. C'est soit un manque de respect du protocole ou un acte délibéré de mettre sa fille en avant, et l'on peut se poser la question de ses raisons pour le faire.

Pour la Russie, on peut dire qu'il y a eu de bonnes négociations résolument classiques et Vladimir Poutine joue sur la méconnaissance de Trump en matière de géopolitique et sur les divisions entre occidentaux pour asseoir sa position au Moyen-Orient.

Vladimir Poutine va s'intégrer dans tous les débats mais il est dans une optique de géopolitique dans laquelle il veut s'assurer de son contrôle sur la Syrie et du fait que les occidentaux soient d'accord avec cette position. Le dialogue avec Trump à mon sens ne mène pas à grand-chose.

Le troisième acteur serait la Chine, qui apporte son soutien aux Européens en matière de libre échange et de lutte contre le réchauffement climatique. Sur le libre-échange, car c'est évidemment dans l'intérêt de la Chine. Pour le réchauffement climatique, cela ne s'inscrit pas dans la même logique que les Européens de protection de la planète : c'est surtout que la Chine est le premier pays qui vend les composants pour les panneaux photovoltaïques, qui produit de plus en plus de voitures électriques… On se retrouve donc dans un schéma dans lequel la Chine a tout intérêt à coopérer avec les Européens et au contraire n'a aucun intérêt à avoir un système international qui ne fonctionnerait plus sur le principe du libre échange. Toujours sur le climat, il y a aussi une question de politique intérieure qu'il ne faut pas négliger. Les Chinois sont de plus en plus sensibles aux questions environnementales, pas de la même manière qu'en Europe évidemment, mais c'est surtout des questions de santé publique. La pollution nuit au tourisme et à la santé des forces vives de travail.

Enfin, il y avait les Européens qui tentent de préserver le libre-échange. Le rôle de la France a été plus important que d'ordinaire dans un contexte de Brexit dont au final on a peu parlé, afin de montrer une unité retranscrite dans le couple franco-allemand et une opposition face aux Etats-Unis.

Est-ce que la rencontre, qui a été qualifié de franc succès entre Donald Trump et Vladimir Poutine pourrait  trahir un certain isolement sur la scène internationale notamment en matière de politique économique et sur le climat qui ont été les thèmes phares de ce G20 ?

Les rapports de force sont compliqués car il y a deux leaders singuliers. On ne sait pas vraiment ce qui est ressorti de la rencontre. Trump est un débutant et politique qui a une vision ancienne de la Russie mais qui partage certaines valeurs avec cette dernière, notamment le conservatisme. A côté de cela, Poutine est beaucoup plus géopolitique. Il connaît très bien le domaine et on peut imaginer qu'il peut tirer avantage de son expérience pour emmener Donald Trump là où il veut aller d'une manière assez subtile, ce que Trump n'est pas forcément capable de percevoir.

Dans le volet de la coopération, les Etats-Unis vont laisser faire la Russie dans certains endroits du globe, notamment en Syrie de manière à ne pas s'embourber et la Russie va de son côté accepter de laisser les Etats-Unis mener la politique qu'ils veulent mener.

Il y a un isolement par rapport aux Européens tout simplement parce que les politiques et les représentations du monde ne sont pas les mêmes. On est sur des discours discordants et c'est très compliqué pour les Européens de discuter avec Trump. En ce qui concerne la Russie, le dialogue entre les deux chefs d'Etat était très attendu

Macron a voulu s'imposer en leader durant ce G20, notamment sur le climat, que penser de cette performance notamment lorsque l'on sait qu'il a rendez-vous avec Donald Trump le 14 juillet à Paris ?

Pour ce qui est du climat, il y a eu ce souhait dès le départ de la part d'Emmanuel Macron de présenter ce thème comme un enjeu important, voire primordial, ce qui n'était pas forcément le cas pendant la campagne présidentielle où il ne l'a pas nécessairement mis en avant.  C'est dans son discours d'inauguration qu'il a commencé à mettre l'écologie et la lutte contre le réchauffement planétaire en avant. Il a mis les anciens présidents en avant, notamment François Hollande  qui a conduit la COP 21, et s'est imposé en héritier de ce dernier sur ce point précis.

Quand les Etats-Unis se sont retirés de l'accord de Paris, il a été le premier à marteler son désaccord profond. A partir de là, il y a eu cet engagement, les médias l'on présenté comme le défenseur de l'environnement et il s'est retrouvé de facto dans cette position.

Par la suite, il y a eu consensus de la part des autres Etats. Le G20 est la suite logique et cette mise en avant du climat permet de donner une image "neuve" de la France sur la scène internationale, plus d'importance et cela permet de nouer un dialogue très constructif avec d'autres partenaires. En cela on peut considérer que c'est une franche réussite pour Emmanuel Macron.

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