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Le « Buy European Act » c'est bien... Mais exiger la réciprocité sur tous les échanges commerciaux, c'est mieux !
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Protéger l'Europe

Nicolas Sarkozy a eu le courage d’exiger que l’Europe se dote d’une protection sur le modèle du « Buy American Act ». Mais pour ne pas de contenter d'un voeu pieux pour contrer la Chine et les pays émergents, il faut dire comment et dans quelles conditions précises le promouvoir...

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser

Jean-Luc Schaffhauser est ancien député européen apparenté RN.

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A Villepinte, Nicolas Sarkozy a eu le courage d’exiger que l’Europe se dote d’un « Buy European Act »-sur le modèle du « Buy American Act »-pour appliquer le principe de réciprocité aux pays qui n’ouvrent pas leurs marchés publics à la concurrence des entreprises européennes. 

Principe de réciprocité

C’est une excellente proposition, mais l’application du principe de réciprocité doit être étendue à tous les échanges commerciaux avec les pays qui pratiquent des restrictions aux importations et aux investissements étrangers, notamment la Chine (1). Mais il faut exiger également l’application de deux autres principes :

- le principe d’équilibre des échanges commerciaux

- le principe d’équité.

Principe d'équilibre des échanges commerciaux 

La stratégie de développement de certains pays émergents est fondée sur les exportations, au détriment de la demande intérieure. Elle s’accompagne parfois d’un protectionnisme monétaire, qui revient à taxer les importations et à subventionner les exportations.

Cette stratégie permet notamment à la Chine d’accumuler des réserves de change colossales (4 000 milliards de dollars, en comptant Hong Kong et Taïwan). 

Cette accumulation excessive poursuit plusieurs objectifs :

- s’assurer le contrôle des ressources minières, énergétiques et agricoles (terres arables) dont son territoire ne dispose pas en quantités suffisantes et qui seront nécessaires à son développement futur ;

- s’assurer le contrôle des réseaux logistiques mondiaux nécessaires à ses besoins d’importation et à sa capacité d’exportation ;

- prendre le contrôle d’entreprises des pays développés qui lui apporteront rapidement, dans le monde entier, des marques, des réseaux de vente et d’après-vente et des technologies complémentaires, nécessaires à ses exportations ;

- s’assurer contre les risques de récession ou de fermeture des pays développés.

Cette stratégie, parfaitement compréhensible et justifiée du point de vue chinois, entre en contradiction avec les intérêts fondamentaux des peuples européens car elle fait peser de lourdes menaces sur l’indépendance économique de l’Union Européenne et elle est porteuse de risques majeurs de tensions et de conflits mondiaux.

Face à cette stratégie, l’Europe doit prendre toutes les initiatives et toutes les mesures nécessaires, dans le domaine commercial et dans le domaine monétaire, pour que les échanges commerciaux avec la Chine soient structurellement équilibrés (2).

Principe d'équité

Reste la question majeure des normes sociales (salaires, protection sociale, droit du travail), environnementales, sanitaires et juridiques, radicalement différentes, qui entraînent des coûts du travail de 8 à 20 fois inférieurs dans certains pays émergents (avec une productivité industrielle équivalente), d’où des délocalisations, des fermetures d’usines et des pertes d’emploi massives dans l’Union Européenne.

Il ne suffit pas de demander d’en tenir compte dans l’organisation du commerce mondial, comme le font les principaux candidats à la présidentielle (et le Parlement Européen), il faut dire comment et dans quelles conditions précises. Maurice Allais, relayé par un nombre croissant d’économistes, a proposé une solution de bon sens (3). Il faut la promouvoir.

Monsieur le Président, encore un effort ! Signez avec nous l’appel pour un protectionnisme européen, intelligent, sélectif, raisonné et raisonnable.

http://www.signezpourunprotectionnismeeuropeen.fr/support

(1) De nombreux pays émergents imposent des restrictions à leurs importations (sous forme de compensations, parts locales, apport de technologie, obligations de production locale, fermeture des marchés publics) ou des restrictions aux investissements étrangers (autorisation d’investissement, obligation d’association avec un partenaire local et limitation du pourcentage de participation).

(2) Dans le domaine monétaire, l’Union Européenne proposerait l’instauration d’un nouveau Système Monétaire International, fixant notamment des règles de convertibilité des monnaies, d’évolution des taux de change, de gestion des réserves, de rééquilibrage des balances de paiements courants et de contrôle de la création monétaire. A défaut d’un accord dans ce domaine, l’Union Européenne appliquerait les mesures commerciales nécessaires.

(3) L’organisation du commerce mondial serait fondée sur des ensembles de pays ayant des normes sociales, environnementales, sanitaires et juridiques comparables.

A l’intérieur de chaque ensemble, la libre concurrence serait la règle.

A l’extérieur, chaque ensemble serait en droit de protéger ses emplois, ses droits sociaux et ses intérêts économiques fondamentaux contre la concurrence inéquitable d’un autre ensemble dont les normes ne sont pas comparables, induisant des écarts de coûts importants, ou empêchant une juste réciprocité.

Chaque pays aurait intérêt à se regrouper avec des pays ayant des normes comparables pour créer un marché suffisamment vaste pour que la concurrence interne soit bénéfique.

Le développement de chaque ensemble serait fondé prioritairement sur sa demande intérieure et non sur ses exportations : il viserait à lui assurer la plus grande autonomie économique possible et à permettre la promotion des normes les plus élevées au sein de l’ensemble. L’objectif serait d’équilibrer les échanges avec les autres ensembles.

Ces ensembles pourraient être régionaux, sur le modèle de l’Union Européenne, du Mercosur ou de l’Asean. Mais ils pourraient s’étendre à d’autres pays, dès lors que les normes y seraient comparables (sous réserve d’un accord sur leurs politiques commerciales vis-à-vis des autres ensembles).

A terme, ce schéma pourrait évoluer vers une libéralisation complète des échanges au niveau mondial, dès lors que les normes sociales, environnementales, sanitaires et juridiques convergeraient.

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