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Été pourri dans la moitié nord de la France : mais d'ou vient cette odeur après la pluie ?
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Mauvaises odeurs

En cette période estivale mais fort pluvieuse, il n'est pas rare de sentir de fortes odeurs émanant du sol lorsque tombent les premières gouttes. Explication.

Xavier Fernandez

Xavier Fernandez

Xavier Fernandez est professeur à l'institut de chimie de Nice - Sophia Antipolis. Il est notamment spécialisé dans les mécanismes moléculaires de la perception des odeurs.

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Jérôme Golebiowski

Jérôme Golebiowski

Jérôme Golebiowski est maître de conférences au département de chimie de la faculté des sciences de l’université de Nice – Sophia Antipolis. Il enseigne notamment les disciplines de la chimie-physique.

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Atlantico : Lorsque la pluie tombe en plein été, une forte odeur se répand dans l'air. Quelle en est l'origine ?

Jérôme Golebiowsky : Ce que notre nez perçoit est la molécule appelée "géosmine". Celle-ci est repoussée du sol sous l'effet de la chaleur, et est attirée dans l'air par les vapeurs d'eau provoquées par les premières gouttes de pluie. Il s'agit d'une molécule issue d'une bactérie, or les bactéries sont partout, et notamment sur le bitume, qui a pour propriété de chauffer beaucoup plus que la terre. De plus, la géosmine est la molécule qui dispose de la plus grande puissance olfactive. Les neurones olfactifs évoluent différemment selon les populations, mais certains sont restés universellement actifs, dont ceux qui perçoivent les odeurs associées au danger. Comme la géosmine est associée à la dégradation, tout comme la cadavérine (associée à la putréfaction, ndlr), cela explique que nous la percevions très bien. A faible concentration la géosmine n'est pas désagréable, mais dès que sa concentration augmente, elle devient assez agressive.

Xavier Fernandez : C'est le phénomène d'entraînement à la vapeur. La multitude de composés que l'on trouve dans les plantes, dans la terre ou sur la route, et qui présentent une certaine volatilité, arrivent grâce à la vapeur jusqu'au nez, et donc au phénomène de l'olfaction. Certains composés qui ont des interactions faibles avec les matériaux sur lesquels ils sont déposés, comme de la pierre ou une route, dégagent une plus forte odeur sous l'effet de la chaleur. Si la pluie tombe durant quelques minutes seulement, l'odeur restera dans l'air plusieurs dizaines de minutes. En revanche lorsqu'il s'agit d'orages très violents, le lessivage est tel que l'odeur se perd très rapidement.

Comment caractériseriez-vous les différentes odeurs qui émanent du sol dans ces conditions ?

Xavier Fernandez : Les odeurs du maquis sont très différentes des odeurs terreuses et de bitume. Un parking en plein été qui reçoit des gouttes de pluie se met à dégager de fortes odeurs d'huile, de gazole et autres rejets des voitures. Même si elles ne sont pas désagréables, ce n'est pas forcément très bon pour la santé.

Ce phénomène tient-il un rôle particulier dans la nature?

Xavier Fernandez : Pas particulièrement. A ceci près que les composés qui viennent saturer l'air juste au-dessus du sol peuvent causer des incendies. S'accumulant, et ayant des tensions de vapeur élevées, ils peuvent s'enflammer très rapidement. Les composés s'évaporant dans un premier temps sous l'effet des premières gouttes, puis étant totalement lessivés une fois que la pluie se prolonge, ils sont renvoyés plus profondément dans le sol.

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