Et voilà ce que Xi Jinping projette pour la Chine dans les 5 ans à venir (et les raisons pour lesquelles nous devrions en être inquiets…)<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président chinois Xi Jinping s'exprime à Hong Kong, le 30 juin 2022, pour les célébrations marquant le 25e anniversaire de la transition de la ville de la Grande-Bretagne à la Chine.
Le président chinois Xi Jinping s'exprime à Hong Kong, le 30 juin 2022, pour les célébrations marquant le 25e anniversaire de la transition de la ville de la Grande-Bretagne à la Chine.
©Selim CHTAYTI / POOL / AFP

Parti communiste chinois

Xi Jinping a présidé cette semaine la 27e réunion du comité central pour l’approfondissement global de la réforme (CCAGR). Face à l’affaiblissement de son économie, quelles sont les réformes que la Chine a l'intention de mener ?

Emmanuel Lincot

Emmanuel Lincot

Professeur à l'Institut Catholique de Paris, sinologue, Emmanuel Lincot est Chercheur-associé à l'Iris. Son dernier ouvrage « Le Très Grand Jeu : l’Asie centrale face à Pékin » est publié aux éditions du Cerf.

 

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Atlantico : Xi Jinping a présidé, le 6 septembre dernier, la 27e réunion du comité central pour l’approfondissement global de la réforme (CCAGR). Quels sont les domaines prioritaires sur lesquels Xi Jinping a mis l’accent pour de futures réformes ?

Emmanuel Lincot : Cinq domaines ont été retenus. L’autonomie technologique comme stratégie, les réformes dans le monde rural pour atteindre une plus grande autonomie alimentaire et faire face au dérèglement climatique auquel la Chine est de plus en plus confrontée, une réforme des structures académiques destinées à une redéfinition du statut des chercheurs, une restructuration dans le domaine de l’immobilier et enfin, des facilités quant à l’accès aux soins et à la santé et tout particulièrement dans le monde rural. Le ton des communiqués rapportant cette réunion qui a eu lieu, rappelons-le, quelques semaines seulement avant le 20e congrès du parti communiste chinois du 16 octobre, est de nature volontariste. A ceci s’ajoute un rappel des prérogatives exclusives du  Parti en matière de gouvernance bien sûr. C’est en réalité une dernière mise au point avant l’événement d’octobre. Le bureau politique s’était rassemblé en présence de personnages clés : l’actuel premier ministre Li Keqiang mais aussi le principal conseiller du Président Xi Jinping, Wang Huning.

Qu’est-ce que cela nous apprend de la vision que Xi Jinping a pour le pays ?

Emmanuel Lincot : Elle est maoïste au sens où il rappelle à ses concitoyens qu’il va falloir compter sur ses propres forces. Elle est utopique aussi car c’est impossible. La Chine a besoin de l’extérieur pour garantir notamment sa sécurité alimentaire et énergétique. La redéfinition du statut et des tâches des chercheurs qui ne devront, dit-on, que se consacrer à leur recherche dit aussi que le régime va renforcer la censure et veiller à ce qu’ils soient totalement soustraits à des influences étrangères. Les chercheurs privilégiés sont ceux qui travaillent dans le domaine de la haute technologie. La Chine peut dans ce domaine nous surprendre pour un temps. Il ne faut jamais sous-estimer le sursaut des régimes totalitaires en la matière. Voyez l’URSS stalinienne en capacité de se doter de l’arme nucléaire quatre seulement après les Américains. Voyez l’Allemagne nazie, ses V2, ses avions supersoniques. Il est faux de penser que l’absence de liberté dans une société de dictature entrave toute forme d’innovation. 

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Sur quoi cette vision pourrait-elle concrètement déboucher en termes de décisions ?

Emmanuel Lincot : A la catastrophe. Me revient en mémoire le mot de Paul Valéry : «  un État seul n’est jamais en bonne compagnie ». L’isolement de la Chine va être dommageable pour la population qui est déjà extrêmement éprouvée mais aussi pour le reste du monde. En tout cas, nous allons au devant de nouvelles tensions internationales. 

Face à l’affaiblissement de son économie, la Chine peut-elle réellement engager des réformes structurelles ?

Emmanuel Lincot : Non, le régime n’en a pas les moyens. Nous allons assister à une fuite en avant que va accélérer cette relation faustienne entre Xi Jinping et Poutine. A cela s’ajoutent des freins énormes au sein de la population à vouloir engager des réformes. Elles sont toujours synonymes de violence, de radicalité. Les gens en sont fatigués. Il y a une lassitude générale, un sentiment de gâchis irréparable. Que ce soit l’environnement, l’immobilier, la fantastique et irréversible gabegie dont le Parti Communiste porte une responsabilité très lourde depuis plus de soixante-dix ans.

Ces annonces peuvent-elles peser sur le choix du futur président lors du prochain congrès du Parti communiste ? Xi Jinping reste-t-il le favori ?

Emmanuel Lincot : C’est un régime opaque. Nul ne peut pronostiquer ce que sera l’avenir. Xi Jinping peut rester au pouvoir ou disparaître tragiquement. Mais plus un régime se durcit, plus les risques d’implosion s’accroissent. La Chine a la fièvre. Elle est donc affaiblie mais c’est dans l’adversité contre elle-même tout d’abord qu’elle pourra peut-être trouver un tout autre chemin que celui, dangereux, d’une dictature absolue.

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