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La part de l'électricité dans la consommation totale d’énergie en France passe ainsi de 25% aujourd’hui à 55% en 2050.
La part de l'électricité dans la consommation totale d’énergie en France passe ainsi de 25% aujourd’hui à 55% en 2050.
©GEORGES GOBET / AFP

Avenir de l'industrie en France

Tous les schémas de RTE font de l’électricité la principale source future d’énergie de la France : sa part dans notre consommation totale d’énergie passe ainsi de 25% aujourd’hui à 55% en 2050.

Bernard Kasriel

Bernard Kasriel

Bernard Kasriel est un ancien élève de l’Ecole Polytechnique, ex-directeur général de Lafarge et ex-administrateur de sociétés du CAC 40 et du NYSE

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Gérard Buffière

Gérard Buffière

Gérard Buffière est ex-directeur général d'Imérys, ancien élève de l'Ecole polytechnique, titulaire d'un master of sciences de l'université de Stanford et diplômé de la Harvard Business School. 

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L’électrification massive du pays va rendre notre économie beaucoup plus rigide. Aujourd’hui nous utilisons de multiples formes d’énergie, provenant de multiples fournisseurs possibles. Pour nos produits pétroliers nous avons un large choix de fournisseurs ; de même pour notre gaz.
La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont montré, en grandeur nature, que nous pouvions en un temps très bref trouver de nouveaux fournisseurs, certes avec des inquiétudes et de forts surcoûts, en partie temporaires, mais nous n’avons jamais été acculés.

Essayez demain de mettre de l’essence dans votre voiture électrique si on manque d’électricité, ou du gaz dans votre chauffage électrique.

Par ailleurs chaque ménage qui achète aujourd’hui de l’essence pour sa voiture, du gaz pour son chauffage, et de l’électricité n’achètera pratiquement demain que de l’électricité ; son prix sera un élément essentiel de son pouvoir d’achat.

De même le prix de l’électricité sera demain un facteur de compétitivité essentiel de notre industrie qui se sera aussi électrifiée.

La sécurité de fourniture de notre future consommation électrique et notre souveraineté pour la produire sont donc des impératifs absolus.

Que nous dit là-dessus RTE, mandaté par le Gouvernement ?

RTE prévoit que notre consommation totale pour toutes les énergies baissera de 50% d’ici 2050, nous ramenant ainsi en 2050 à notre consommation de 1970. Pourtant la France compte déjà 16 millions d’habitants de plus qu’en 1970 et notre économie sera en 2050 au moins quatre fois plus grande qu’en 1970, ce qui illustre l’ampleur de l’amélioration prévue de notre efficacité énergétique.

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RTE estime que l’électrification massive apportera des gains considérables d’efficacité qui s’ajouteront aux efforts que feront tous les consommateurs, familles, usines, bureaux etc.

Mais que se passe-t-il si, malgré beaucoup d’efforts, nous n’y parvenons pas ?

Si nous avons dimensionné notre production électrique à la hauteur de cette prévision 2050, sans une large marge de sécurité, ce sera la panne générale, la décroissance forcée et une énorme récession.

Rappelons que dans divers scénarios, l’Allemagne prévoit un doublement de sa consommation électrique, alors que RTE prévoit moins de 40% d’augmentation.

Et notre souveraineté ?

Même avec cette croissance assez modeste de notre consommation électrique, RTE compte que la France disposera à tous moments d’une capacité d’appeler 39GW d’électricité importée soit l’équivalent de plus de 60% de notre capacité nucléaire actuelle. Quels pays, nécessairement voisins, pourraient nous garantir de semblables quantités d’électricité à un prix compétitif à un horizon aussi lointain, alors que tous nos voisins seront eux aussi dans des bouleversements profonds de leur mix énergétique ?

Comment planifier, préparer, construire une aussi incroyable faiblesse ?

N’oublions pas, en outre, que la Chine est en quasi-monopole pour la production de panneaux solaires et qu’elle est en passe de le devenir pour les éoliennes, comme le montrent les difficultés des producteurs européens et américains.

N’oublions pas non plus que l’explosion des kilomètres de réseaux électriques à construire, en Europe en particulier, vont faire envoler la demande de cuivre et son prix, rendant peu prévisible le coût de nos investissements électriques.

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Alors que nous vivons douloureusement les effets sur notre vie de tous les jours et sur le coût de la vie de notre dépendance énergétique, « Futurs énergétiques 2050 », nous prépare une souveraineté encore affaiblie.

Nous sommes parvenus au bout de cette quatrième étape,

-avec la promesse d’une envolée du coût de nos investissements de production et de transport d’électricité

-avec une envolée aussi du coût et donc du prix d’une électricité devenue notre principale source d’énergie

-en étant à la merci de fournisseurs, en nombre très limité, qui ne sauraient nous apporter une garantie sûre et compétitive de fourniture.

Notre pouvoir d‘achat serait, si c’est bien le chemin qu’emprunte la France, considérablement diminué. La compétitivité de notre industrie aussi.
Avec le risque fort d’une décroissance forcée, d’une violente récession qui nous ramène plusieurs dizaines d’années en arrière.

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