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Et si le Brexit constituait une chance pour la France de s’arracher à l’immobilisme ?
©Pixabay

Editorial

La sortie éventuelle du Royaume-Uni ne serait pas la catastrophe annoncée par certains. Tous les traités qui unissent Londres à l’Europe à travers les institutions internationales comme le FMI, l’Otan ou l’Ocde demeureraient, tout comme les accords entre la Banque d’Angleterre et la banque centrale européenne. On ne peut donc parler d’une rupture absolue.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les marchés retiennent leur souffle depuis plusieurs semaines dans l’attente de la décision que prendra le peuple britannique à l’issue du referendum. Le partage de l’opinion dans les sondages laisse accréditer les rumeurs les plus folles au cas où une majorité se dessinerait pour une sortie de la zone euro. Les milieux financiers de Londres font entrevoir une sorte d’apocalypse, annonçant d’autres départs après celui de la Grande-Bretagne, en raison de la poussée des mouvements populistes sur le vieux continent – alors que parallèlement sept à huit pays, originaires surtout de l’est, piaffent d’impatience dans l’espoir de rejoindre un jour l’union européenne.

La sortie éventuelle du Royaume-Uni ne serait pourtant pas la catastrophe annoncée par certains. Elle prendrait du temps, car il faudrait négocier un accord qui pourrait prendre l’aspect des relations que la Communauté européenne entretient avec la Suisse. Au demeurant, tous les traités qui unissent Londres à l’Europe à travers les institutions internationales comme le FMI, l’Otan ou l’Ocde demeureraient, tout comme les accords entre la Banque d’Angleterre et la  banque centrale européenne. On ne peut donc parler d’une rupture absolue, mais plutôt d’une transformation des rapports.

Il reste que la sortie constituerait un choc qui pourrait être salutaire pour l’avenir. Londres perdrait son rôle de blocage systématique de tout ce qui touche  aux tentatives d’intégration européenne. Mais paradoxalement, la France pourrait y trouver un avantage, en favorisant dans notre pays les forces du mouvement, qui la contraindrait à sortir de l’immobilisme tragique qui la caractérise. Notre pays offre en effet un spectacle désolant : alors qu’il est le réceptacle d’une compétition sportive  internationale pacifique, il s’abandonne  à des conflits sociaux suicidaires de la part d’une minorité de personnels refusant de voir le monde en face, et voulant maintenir contre vents et marées des privilèges du passé, abrités qu’ils sont jusqu’ici sous les ailes tutélaires d’un Etat ou de collectivités locales, habitués  à toujours régler l’addition. Cette situation est pourtant de moins en moins tenable, car la concurrence se fait plus rude : Air France est de plus en plus menacé par Easy Jet et d’autres compagnies low cost, la SNCF par Blablacar, tandis que nos compatriotes plébiscitent les autocars pour les longs trajets, au détriment du train.

Le départ de la Grande-Bretagne pourrait contribuer à accélérer l’indispensable mouvement de modernisation de la France, en accueillant une partie des élites amenées à quitter la place de Londres pour s’installer sur le continent. Certes, c’est aujourd’hui l’Allemagne qui exerce l’attraction la plus forte. Mais la finance française, plusieurs groupes industriels, la région Ile de France en particulier tablent sur les infrastructures du pays, la qualité de ses ingénieurs et de ses écoles pour attirer – ou faire revenir – des élites et rompre avec la fâcheuse tradition de l’exode de nos talents. En faisant le pari que l’hexagone pourrait redevenir le pays de la douceur de vivre qui a été si longtemps sa tradition. A condition que l’on modifie le cadre de l’accueil, en tournant définitivement le dos à l’anathème prononcée par François Hollande au cours de sa campagne électorale contre « son ennemie la finance » et en modifiant le régime fiscal actuel dissuasif face aux sirènes de nos voisins. En clair il faudrait revoir la taxation du capital et celle des revenus, sans laquelle la France passerait une fois de plus à côté des opportunités susceptibles de lui être offertes. Mais dans le climat actuel de tensions sociales, c’est peut-être demander l’impossible. En tous cas ce serait l’une des seule voies pour enrayer le déclin.

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