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Le métro parisien à l'heure de pointe.
Le métro parisien à l'heure de pointe.
©Reuters

Espace réduit

Le monde devrait compter 9,7 milliards d’habitants en 2050 et 11,2 milliards en 2100, contre 7,3 milliards à ce jour, selon le dernier rapport des Nations unies.

Difficile de penser que la planète puisse encore être plus peuplée qu'aujourd'hui. Ceux qui le vivent tous les jours en ont plus concience, notamment lorsqu'ils se retrouvent dans les embouteillages pour aller travailler le matin et rentrer chez eux le soir ou encore ceux qui se rendent sur leur lieu de travail en transports en commun et se considèrent tels des animaux (sardines ou moutons au choix) tant ils sont serrés les uns contre les autres.

Pourtant, la Terre accueillera bientôt près de 10 milliards de personnes. Les Nations Unies ont effectué des estimations plutôt alarmistes. En effet, il est presque impossible de chiffrer exactement l'augmentation de la population mondiale future. L’ONU a revu à la hausse ses projections et selon un rapport publié ce samedi 29 août, la Terre comptera 8,5 milliards d’habitants en 2030, 9,7 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100, contre 7,3 milliards actuellement. Entre 2015 et 2050, la moitié de la hausse de la population mondiale devrait être attribuée à neuf pays : l'Inde, le Nigéria, le Pakistan, la République démocratique du Congo, l'Ethiopie, la Tanzanie, les États-Unis, l'Indonésie et l'Ouganda.

(photo Wikipedia)

Ainsi, aujourd'hui il est pratiquement impossible de trouver des endroits déserts : la foule envahit même les montagnes et les plages. Certains lieux doivent être fermés quelques heures pour réguler la foule tellement le nombre de visiteurs est élevé. Et pour s'y rendre, il faut s'y prendre à l'avance et réserver. Ceux qui peuvent se le permettre et souhaitent fuir les hommes devront s'envoler vers d'autres cieux et découvrir des lieux de plus ne plus farfelus. Et même dans le désert de Gobi, ils rencontreront des éleveurs. En Antarticque ? Là aussi, ils trouveront des scientifiques en plein travail. 

"L'essentiel de cette augmentation de la population mondiale peut être attribué à une liste réduite de pays à fécondité élevée, principalement situés en Afrique, ou aux pays dont les populations sont déjà importantes", précise le rapport de l'ONU. L’Inde va dépasser la Chine en 2022 et devenir le pays le plus peuplé de la planète en raison notamment du vieillissement accélérée de la population chinoise. Actuellement, la Chine concentre 19% et l’Inde 18% des habitants de la planète. En 2050, le Nigeria sera le troisième pays le plus peuplé du monde, remplaçant les Etats-Unis sur le podium.

(photo Wikimedia)

Mais, alors, le monde est-il si surpeuplé qu'il n'y aura bientôt plus d'espace pour vivre ? Pour répondre à cette question, il faut examiner les lieux où la population est plus susceptible de s'installer dans le futur. Les experts prédisent, au vu des tendances actuelles, un nombre croissant de citadins, comme l'explique Joel Cohen, chef du laboratoire des populations à l'Université Rockefeller de Columbia : "La croissance de la population mondiale se fera en majorité dans les villes. D'ici à 2100, un million de personnes supplémentaires vivront en ville." En 1930, seulement 30% de la population mondiale vivait dans les villes, alors que la proportion est de 55% aujourd'hui. En 2050, environ les deux tiers des habitants seront basés dans les zones urbaines.

Environ la moitié de la population mondiale vivra dans des villes de moins 500 000 à trois millions d'habitants. Le reste vivra dans les mégapoles, ou les villes qui abritent 10 millions ou plus, qui seront pour la plupart situées dans les pays aux économies émergentes et en développement comme la Chine, l'Inde et le Nigeria. Les populations des villes ne pourront cependant, de manière générale, pas dépasser 10 millions ou plus. Mais, des "méga-régions" - des lieux où l'étalement urbain se poursuit et englobe plusieurs villes, comme on le voit aujourd'hui à New York et dans le delta de la rivière des Perles en Chine - deviendront la norme.

En outre, vingt-huit pays africains devraient voir leur population doubler entre 2015 et 2050, et même quintupler pour dix d'entre eux d'ici à 2100 (Angola, République démocratique du Congo, Malawi, Mali, Niger, Somalie, Ouganda, Tanzanie, Burundi et Zambie). L'Afrique est le véritable moteur démographique de la planète. "La concentration de la croissance de la population mondiale dans les pays les plus pauvres présente un ensemble de défis et rend plus difficile la lutte contre la pauvreté et l'inégalité, l'éradication de la faim et de la malnutrition, et l'amélioration de la scolarisation et des systèmes de santé, qui sont tous essentiels à la réussite du nouveau programme de développement durable", a déclaré le directeur de la division de la population de l'ONU, John Wilmoth.

(photo Pixabay)

Le rapport annonce également que le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait plus que doubler d'ici 2050. L'Europe sera en tête des régions les plus vieilles, avec plus de 34 % de sa population âgée de 60 ans et plus d'ici le milieu du siècle. "Comprendre les changements démographiques qui sont susceptibles de se dérouler dans les prochaines années, ainsi que les défis et les opportunités qu'ils présentent pour la réalisation du développement durable est capital dans le but de concevoir et mettre en œuvre le nouveau programme de développement", a déclaré le Secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires économiques et sociales, Wu Hongbo, dont le département a produit le nouveau rapport.

Cette population vieillissante et de plus en plus urbaine se renouvelle moins vite : depuis 2003, plus de la moitié de l'humanité vit dans un pays ou une région du monde, où la fécondité est au-dessous du seuil permettant le renouvellement des générations.

(photo Pixabay)

Selon les chiffres publiés par l'Union européenne, la population du Royaume-Uni devrait augmenter de 20% au cours des trois prochaines décennies. Elle devrait atteindre 76 millions d'habitants d'ici à 2037, passant ainsi devant la France et l'Allemagne. Avec 21 millions d'habitants supplémentaires au cours des 65 prochaines années, le Royaume-Uni devrait connaître, selon Bruxelles, une augmentation deux fois supérieure à celle de l'ensemble des pays de l'Union Européenne réunis.

Sur la même période, la population de l'ensemble des pays de l'Union européenne augmentera de 11 millions, pour atteindre 520 millions d'habitants. La Grande Bretagne sera donc selon toute vraisemblance le pays de plus peuplé d'Europe, devant la France et l'Allemagne. Toujours selon Bruxelles, l'Hexagone devrait compter 78 millions d'habitants d'ici à 2080. 

(photo Reuters)

Ces augmentations de la population posent évidemment de nombreux problèmes. Les gouvernements doivent répondre à la demande et notamment pouvoir offrir des conditions d'hygiène élémentaires. Dans certaines villes, les situations de manque dépassent l’entendement. A Delhi, par exemple, où il n’y avait en 1990 que 160 toilettes publiques pour 480 000 habitants. Deuxième cause de mortalité infantile dans le monde, le manque d’eau potable reste un défi quotidien pour bon nombre d’urbains pauvres. Surtout dans les villes d’Afrique subsaharienne où moins de 40% des ménages disposent d’un accès à l’eau courante. Ici comme ailleurs dans le tiers-monde, le prix élevé de l’eau – surtout depuis la privatisation des réseaux de distribution – est devenu un obstacle presque insurmontable pour de nombreux citadins pauvres.

Dans ces quartiers déshérités, le surpeuplement, la promiscuité, le manque d’eau potable et l’insalubrité, accentuent toujours plus les risques sanitaires et l’impact des maladies infectieuses. Sans parler des effets de la malnutrition, "crise invisible" selon ONU-Habitat, qui fait des ravages en villes. Les taux de malnutrition des enfants en bas âge des bidonvilles du Bangladesh, d’Ethiopie, de Haïti et d’Inde sont ainsi devenus presque identiques à ceux des zones rurales. Au Brésil et en Côte d’Ivoire, ces taux sont même trois à quatre fois plus élevés dans les bidonvilles que dans les zones rurales

(photo Pixabay)

Même dans les pays développés, le niveau de vie ne pourra pas continuer à s'améliorer au même rythme que ces dernières années. "Nous avons eu quelques décennies de croissance économique extraordinairement rapide, la pauvreté a diminué autant dans les pays riches que pauvres", dit Bongaarts." Mais cela va devenir beaucoup plus difficile à l'avenir." La population des pays riches vieillit, ce qui signifie que leur taux de croissance et d'innovation va commencer à ralentir. Deuxièmement, l'homme a déjà utilisé les terres les plus productives, endigué les fleuves les plus rentables énergétiquement et pomper les eaux souterraines les plus faciles à atteindre. 

Les migrations massives de populations conséquentes au réchauffement climatique est d'ores et déjà un élément de tension géopolitique extrêmement préoccupant. Dans de nombreuses régions du monde, des phénomènes liés au réchauffement climatique sont déjà observés : réduction des terres arables, multiplication des coupures d'eau, baisse des réserves alimentaires et poissonnières, augmentation des inondations, allongement des périodes de sécheresse... Un cinquième de la population mondiale vit dans des zones côtières qui sont menacées par la montée du niveau des mers et les inondations. Certains états déjà frappés par le réchauffement climatique demandent que le motif climatique soit reconnu comme valable au plan international pour l'immigration.

Selon une étude de l'association Christian Aid, au moins 1 milliard de personnes vont migrer d'ici à 2050 : 645 millions de personnes à cause de grands projets (15 millions par an actuellement) 250 millions à cause de phénomènes liés aux changements climatiques (inondations, sécheresses, famines) 50 millions à cause de conflits et d'atteintes aux droits de l’homme En s'appuyant sur des données du Groupement d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), l'étude affirme qu'entre 1,1 et 3,2 milliards de personnes d'ici 2080 manqueront d’eau, et entre 200 et 600 millions souffriront de la faim. Les pays les plus pauvres seront les premiers touchés par les migrations climatiques : les pays du sud de l'Asie, du Moyen-Orient, d'Asie centrale, d'Afrique et d'Amérique latine, et l'Europe par la suite.

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