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Et si l’inflation revenait ?
©Reuters

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A chacune de nos présentations clients ces derniers temps, plusieurs questions portent sur l’inflation. Il semble inéluctable qu’elle revienne et la question suivante est logiquement de savoir ce qu’il convient de faire. Au cas où …

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Après avoir craint la déflation il y a quelques semaines, les investisseurs attendent désormais un retour de l’inflation. Pour le moment, c’est le calme plat ou presque. Mme Yellen, Présidente de la Banque Centrale Américaine,  s’en est étonnée lors de sa dernière communication : tout est en place pour que les prix montent mais l’objectif qu’elle s’est fixé aux alentours de 2% d’inflation n’est pas atteint et ce, malgré un taux de chômage très bas, une économie en forme et une consommation toujours dynamique. Le plan fiscal de D. Trump en cours de discussion servira peut-être de déclencheur.

Les épargnants sont aux aguets : ils ont constaté dans le passé les effets dévastateurs de l’inflation : une hausse des prix de 3% en moyenne sur 20 ans fait perdre près de 50% de pouvoir d’achat. 

Que peut-on faire pour remédier à cette perte finalement plus douloureuse pour l’épargne qu’un choc de marché ponctuel ?

 Nous allons distinguer deux régimes d’inflation.

1-      L’inflation « classique » : une inflation régulière évoluant entre 2 et 3%.

2-      L’inflation résultant d’un choc, sur le pétrole ou sur la devise d’un pays.

1-      Dans le scénario d’inflation classique résultant d’une activité économique dynamique avec hausse des prix et des salaires accompagnée d’une progression des investissements des entreprises quelques classes d’actifs permettent de limiter l’effet « perte de pouvoir d’achat » :

a.      les actions en privilégiant  les entreprises qui arrivent à augmenter leur prix, et qui donc améliorent leur chiffre d’affaires et leurs résultats et en évitant celles qui sont sur des segments où la guerre des prix empêche toute hausse de tarif.

b.      Les matières premières, dans les périodes d’activité économique forte voient leur prix augmenter (normalement) et peuvent utilement protéger un portefeuille contre l’inflation.

c.       Sur longue durée, l’immobilier, grâce à l’amélioration des salaires, voient les prix des logements et des surfaces commerciales augmenter. 

d.      Les obligations indexées sur l’inflation permettent de limiter l’impact de l’inflation sur les portefeuilles : il s’agit d’obligation dont le coupon suit la progression de l’inflation.

e.      L’or, en tant qu’investissement d’appoint peut compléter l’allocation d’actif pour un poids inférieur à 5% du portefeuille. 

f.        Plus original et plus ludique, dans ces périodes, l’art et le vin constituent de bons vecteurs de protection contre l’inflation.

A éviter : les placements à revenu fixes, les obligations, dont le pouvoir d’achat va être pénalisé par l’inflation sans espoir de percevoir à l’échéance plus que ce qui est prévu dès l’investissement.

2-      Dans le scénario de choc d’inflation, éliminons tout de suite, le choc d’inflation dû à une flambée des prix du pétrole. Dans ces moments-là, aucune protection ne fonctionne vraiment. On l’a vu entre 1973 et le milieu  des années 1980 : actions, taux, matières premières hors pétrole, Or , rien n’avait réellement protégé le pouvoir d’achat. Il est aussi à noter que dans cette période les obligations ont plus baissé en capital que les actions !  

Lorsque le choc d’inflation est dû à la baisse d’une devise suite à problème « local », comme le Brexit entrainant une nette baisse de la Livre Sterling,  l’impact pour le pays est durement ressenti sur la partie obligataire et, si les syndromes se poursuivent, fini par pénaliser les autres actifs. Ce type de schéma a été vu à maintes reprises dans certains pays émergents. Le dernier en date est le Venezuela complètement ruiné par une inflation galopante. La seule solution est pour les habitants des pays concernés d’avoir des devises et des actifs hors du pays concernés, ce qui n’est pas toujours possible…

            En conclusion, dans un contexte d’inflation modérée et régulière, un portefeuille diversifié comprenant une bonne dose d’actions internationales de croissance, de l’immobilier, de l’or et en limitant le poids des actifs obligataires, permettra de lutter contre l’érosion liée à l’inflation. Attention cependant, cette stratégie doit s’envisager sur très longue durée, inutile de se précipiter en ce moment, les prix de l’immobilier et des actions américaines en particulier paraissent un peu cher. Contre un choc d’inflation lié au pétrole, rien ne résiste vraiment, là aussi seul un portefeuille très diversifié excluant totalement les obligations permettra une relative protection.

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