Et pendant ce temps là à Bruxelles se jouent les grandes manœuvres pour l’avenir de l’UE<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président du Conseil européen Charles Michel (à gauche), le Premier ministre belge Alexander De Croo et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au siège de l'UE à Bruxelles, le 28 juin 2024
Le président du Conseil européen Charles Michel (à gauche), le Premier ministre belge Alexander De Croo et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au siège de l'UE à Bruxelles, le 28 juin 2024
©JOHN THYS / AFP

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Un sommet se tenait ce jeudi à Bruxelles pour trancher les désignations aux postes les plus élevés des institutions de l’UE.

Henri de Bresson

Henri de Bresson

Henri de Bresson a été chef-adjoint du service France-Europe du Monde. Il est aujourd'hui rédacteur en chef du magazine Paris-Berlin.

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Atlantico : Le casting envisagé a obtenu, jeudi soir, le feu vert des Vingt-Sept. Emmanuel Macron a averti les leaders de sa famille politique (les centristes de Renew) qu'il comptait nommer Thierry Breton à la Commission européenne pour un second mandat en tant que commissaire au marché intérieur. Cette prérogative revenait en principe au Premier ministre. Au regard de la situation politique en France et en Europe, ce choix d’Emmanuel Macron ne va-t-il pas être contesté et provoqué une crise lors de la cohabitation après les législatives ?

Henri de Bresson : Thierry Breton est quelqu'un de connu puisqu'il était déjà commissaire européen sortant. Sa mission reposait sur des domaines importants, notamment l'industrie. Pour garder la main sur la politique européenne, Emmanuel Macron a donc proposé à Ursula von der Leyen de reconduire Thierry Breton avec un titre de vice-président de la Commission avec un rôle politique important à Bruxelles et des dossiers couvrant la politique industrielle et de défense de l'Union européenne qui sont des domaines clés pour l’avenir de l'Europe. Cela doit permettre d’assurer la sécurité et de protéger l’UE face au réarmement et aux provocations de Vladimir Poutine mais également face au réarmement industriel de la Chine et des États-Unis. Les négociations ont eu lieu jeudi pour les postes importants et les plus influents au sein de l’UE.

Les dirigeants de l'Union européenne se sont entendus jeudi pour accorder un deuxième mandat à Ursula von der Leyen à la tête de la Commission et confier la diplomatie européenne à Kaja Kallas. La reconduction de Ursula von der Leyen devra être confirmée par un vote au Parlement européen le 18 juillet.

Avec la potentielle arrivée au pouvoir du Rassemblement National en cas de majorité absolue lors des législatives, les dirigeants du RN estiment qu’ils devraient décider à la place d’Emmanuel Macron concernant le candidat pour le choix du poste prévu pour Thierry Breton. Cela va compliquer les échanges. Le résultat des élections législatives en France pèsera sur les discussions et les négociations en Europe. Les Français ne sont pas un partenaire mineur.

La situation sera aussi compliquée au niveau du Conseil européen sous l’influence de l’extrême droite et avec le poids de Giorgia Meloni. La dirigeante italienne a marqué sa désapprobation en s’abstenant lors du sommet des Vingt-Sept. Giorgia Meloni souhaite que l’Italie obtienne un portefeuille important dans la prochaine Commission.

Le collège des commissaires, une fois formé par la présidente de la Commission, va devoir passer devant le Parlement européen. Il y a encore une majorité constituée des chrétiens démocrates qui forment le groupe le plus important des libéraux, dont le groupe Renew ou le parti d’Emmanuel Macron et les sociaux-démocrates. Les gouvernements vont devoir choisir avec précision. Le Parlement européen n'a pas le droit de retoquer seulement un commissaire mais il peut retoquer la commission entière. Cela implique de nouvelles phases de négociations. 

Les Vingt-Sept réunis jeudi soir en sommet se sont mis d'accord pour reconduire Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne et pour nommer Antonio Costa président du Conseil européen, ainsi que Kaja Kallas cheffe de la diplomatie européenne. Ces nominations ont-elles des chances d’être validées au Parlement en juillet ? Les négociations entre les principales familles politiques alliées actuellement en Europe vont-elles se poursuivre ?

Le haut représentant qui dirige la politique étrangère de l'Union européenne et qui pourrait accéder à un poste de vice-président de la Commission européenne, dans le contexte actuel, il s’agit d’un personnage qui va être très important ces prochaines années. Le poste comme celui qu’Emmanuel Macron souhaite obtenir pour Thierry Breton est une position clé sur le plan industriel. Il y a d’autres postes stratégiques au sein de l’UE comme les prérogatives en matière d’énergie, sur le réchauffement climatique et la politique économique de l’UE. Tous ces postes sont effectivement très recherchés. 

N’y a-t-il pas des tensions sous-jacentes avec l’Italie ? Giorgia Meloni n'a pas apprécié d'être tenue à l'écart du pré-accord avec les 27. Le bras de fer sera-t-il important avec l’Italie ? La Première ministre italienne va-t-elle essayé d’obtenir des avantages en compensation ?

Dans le cadre de ces négociations, les intérêts des Etats ne sont pas toujours les mêmes et il peut y avoir des variations selon les couleurs politiques.

Il pourrait y avoir de nouvelles négociations pour les commissaires importants, notamment celui qui s'occupe de l'agriculture. La crise agricole était au coeur des débats et de la vie politique européenne ces derniers mois. Viktor Orban en Hongrie va défendre ses intérêts et le choix des commissaires. Même s’il ne devrait pas obtenir de grands postes, il devrait s’allier avec Giorgia Meloni et d’autres leaders pour exprimer leur mécontentement et restreindre l’action et les choix de certains pays comme l’Allemagne ou la France pour les grands postes. Les Français et les Allemands vont devoir trouver des alliés en Europe.

Quels seront l’agenda stratégique et les priorités de l'UE pour les années à venir avec ces nominations et ces renouvellements ? Quelles seraient les pistes actuellement au cœur des négociations ? Quels sont les grands enjeux pour l'Europe pour les années à venir qui pourraient être au cœur de ce sommet ? 

Cela va dépendre des postes clés qui étaient à pourvoir. Les priorités de l’UE et l’agenda stratégique vont concerner la relance industrielle de l'Union européenne, la défense européenne, la politique et la stratégie face aux risques du côté de la Russie et du Proche-Orient ou de l’Afrique, le réchauffement climatique, la politique agricole.

Au regard du positionnement du Rassemblement national sur le réchauffement climatique, si le RN arrive au pouvoir, cela risque de compliquer les négociations en Europe. Les grands pays n'ont pas de raison de remettre en cause les politiques qui ont été décidées jusqu'ici. Si la France remettait en cause les politiques sur le réchauffement climatique, cela poserait des problèmes.

Dans le cadre de l'avenir et des enjeux européens, est-ce que les projets d'Ursula von der Leyen, sur les options de financement de nouveaux investissements en matière de défense, ont été soutenus et approuvés lors de ce sommet ?

Il s’agit actuellement des thèmes qui sont sur la table et au coeur des négociations. Cela fait partie des grands sujets que l'Union européenne va avoir à traiter dans les prochaines années. Des décisions importantes ont déjà été prises comme le Pacte vert. Il est important de continuer à avancer sur l'Europe de la défense. Cela va aussi beaucoup dépendre de l’évolution de la relation avec les Etats-Unis et puis des futures élections américaines. Beaucoup d’enjeux et de dossiers sont encore en devenir. L'extrême droite en Europe souhaite notamment revenir sur la décision de l’UE sur l’arrêt de la production des voitures thermiques en 2035. Les nominations aux postes clés pour certaines commissions seront donc décisives. 

Au regard de l'évolution politique en France, de l'arrivée potentielle au pouvoir du RN et avec la volonté d'Emmanuel Macron de peser en Europe via la candidature de Thierry Breton, est-ce que les dirigeants européens et des institutions de l’UE n'ont-ils pas changé de regard ces dernières semaines par rapport à la France et à Emmanuel Macron ?

Il y a actuellement, de la part des principaux partenaires de la France et notamment des Allemands, une grande incertitude sur ce qu’il va se passer si effectivement la France est ingouvernable en l’absence de majorité. Emmanuel Macron a déjà obtenu la nomination de Valérie Hayer au poste de présidente du groupe Renew au Parlement européen. Emmanuel Macron n’est pas dans une position très favorable pour obtenir ce qu’il souhaite. Les négociations vont se poursuivre. 

Le Parlement a son mot à dire en fonction des majorités. Le positionnement et le rôle des socialistes français dans le groupe social démocrate au Parlement devrait être déterminant. L’évolution des décisions et des alliances politiques du côté de la gauche en France pourrait aussi avoir une influence en Europe dans les prochains mois. Cela ajoute encore de la confusion.

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