Et nous, serions-nous capables de nous protéger d’attaques par drones ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Les drones constituent un outil majeur dans les guerres.
Les drones constituent un outil majeur dans les guerres.
©Efrem Lukatsky / POOL / AFP

Drones

Lutter contre les drones suicides ou les mini et micro-drones constitue un défi de grande ampleur pour toutes les armées.

Jérôme Pellistrandi

Jérôme Pellistrandi

Le Général Jérôme Pellistrandi est Rédacteur en chef de la Revue Défense nationale.

Voir la bio »

Atlantico : Avec le conflit Russie / Ukraine on a pu récemment observer le déploiement par la Russie des drones, quels sont les moyens de défense contre ce nouveau type d'attaque ?

Jérôme Pellistrandi : Lutter contre les drones suicides ou les mini et micro-drones constitue un défi de grande ampleur pour toutes les armées et en particulier pour les armées ukrainiennes actuellement soumises à ces frappes par la Russie. Cela veut dire qu'il faut des moyens de détection et des moyens permettant soit de brouiller soit de détruire ces drones qui une fois qu'ils ont été lancés vont aller jusqu'au bout de leur mission que ce soient des drones suicides ou d'autres types de drones. Les drones shahed136 fabriqués par l'Iran sont des drones qui ont un guidage GPS, cela signifie qu’on ne peut pas le brouiller. Une fois qu'ils ont les coordonnées GPS ils vont aller sur leur cible donc pour les détruire il faut en quelque sorte recourir à des moyens on va dire classiques de DCA. Par exemple sur les points hauts avoir des canons à tir rapide et éventuellement des mitrailleuses pour pouvoir détruire ces drones en pensant au fait qu’au moment où le drone est abattu il porte une charge explosive. 

Il peut y avoir d'autres méthodes par exemple des systèmes lasers mais qui ne sont pas encore totalement au point où des systèmes de brouillage. Mais là encore il faut pouvoir détecter les drones et émettre donc un brouillage extrêmement puissant qui en quelque sorte désoriente le drone donc il faut plusieurs types de solutions en fonction du type de drone et en fonction de ce que vous souhaitez protéger. La difficulté c'est lorsqu'il s'agit de défendre une grande agglomération comme Kiev où Kharkiv, il faut multiplier les systèmes de lutte entière. Ça nécessite des moyens en hommes, en munitions et de la coordination.

Quelles sont les conséquences de l’utilisation de ce type de drone sur le front en Ukraine ou ailleurs ?

Dans le cas de de la Russie on peut faire un similaire très clairement avec ce que Hitler pensait utiliser avec les V1 et les V2. C'est à dire qu’il pensait que cela allait détruire et casser l'esprit de résistance des Britanniques et donc aujourd'hui les Ukrainiens et en fait l'impact militaire reste faible parce qu’il faudrait des dizaines de milliers de drones pour pouvoir en réellement avoir un impact militaire important.

Est-ce qu'en France nous sommes équipés pour faire face à ce genre de problématique si nous devions y faire face ?

Alors dans le cas français d'abord nous ne sommes pas en situation de guerre donc on peut dire que la question ne se pose pas directement. Cependant depuis plusieurs années nous avons commencé à déployer une stratégie anti-drone. Pourquoi ? Parce que nous avons parlé de grands événements sportifs ou autre, il est indispensable d'avoir une couverture anti-aérienne multicouche qui va aussi bien de l'utilisation d'avions rafale en cas de menace avérée jusqu'à l'utilisation de systèmes de laser ou de brouillage pour protéger des sites particuliers. Il y a une démarche qui est en cours pour augmenter nos capacités en vue dans un premier temps du championnat du monde de rugby en 2023 et des jeux olympiques en 2024. C'est ainsi que nous avons acheté récemment un système qui s'appelle PARAD développé par Thales et par la compagnie CS Group qui permet de détruire ou de neutraliser des drones allant de 100 g à 25 kilos. Il y a pleins de programmes qui sont lancés et qui arriveront à maturité entre on va dire aujourd'hui et les JO de 2024 pour contribuer à la protection à la fois des sites et bien sûr des spectateurs.

L'armée française a-t-elle commencé à s'équiper de ce type d'arsenal ?

Nous utilisons des drones depuis déjà de très nombreuses années. Nous avons un certain nombre de systèmes et nous utilisons notamment un drone d'origine américaine le reaper actuellement déployé au Sahel. Les reaper français déployés au Sahel sont armés et on permit de neutraliser des groupes terroristes islamiques. Les armées françaises utilisent des drones avec un développement qui évolue de manière croissante. C'est ainsi par exemple que la Marine commence à équiper des patrouilleurs avec un système de drone catapultable permettant d'augmenter la capacité de reconnaissance et d'observation pour les navires de la Marine nationale. Il en est de même pour l'armée de terre qui va bientôt recevoir un nouveau drone très performant le patroller. Nous sommes dans une logique d'accroissement de notre parc de drones et cela va du micro-drone utilisé par exemple par les forces spéciales jusqu'au Reaper qui est un drone à l'envergure d'un véritable avion. On a des drones à voilure fixe comme, on a des drones à voilure tournante -des mini hélicoptères- et tout cela est bien va aller en augmentant. 

Ces outils permettent-ils de franchir une nouvelle étape dans la guerre ou de limiter les pertes humaines de soldats ?

Très clairement. Les drones permettent d'augmenter nos capacités d'observation et d'acquisition du renseignement. On commence à déployer des drones sous-marins pour des missions qui nous permettent justement de ne pas envoyer de marin. Je vais prendre un exemple très concret c'est la lutte contre les mines où jusqu'à présent nous avions besoin d'envoyer des plongeurs. Nous développons un programme qui permet justement d'utiliser des drones sous-marins évitant donc de mettre en danger des plongeurs-démineurs donc on voit bien que cela élargit le spectre des capacités. Et cela ira bien sûr en s’accroissant sachant -et ça c'est un point essentiel- que derrière un drone il faut qu'il y ait l'intelligence humaine. Cette intelligence humaine peut être aidée par l'intelligence artificielle mais le drone n'est que n'est qu'un moyen au service du combattant.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !