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Et maintenant, l’inhalation... Focus sur le nouveau mode de consommation d’alcool chez les jeunes
©Reuters

Inhaler ou conduire...

Une nouvelle pratique commence doucement à faire son chemin : l'inhalation d'alcool. Des appareils facilitant la pratique sont commercialisés aux Etats-Unis et sur Internet, laissant présager d'un possible développement, notamment chez les plus jeunes.

Marie Choquet

Marie Choquet

Marie Choquet est épidémiologiste et directeur de recherche honoraire à l'Inserm.

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Atlantico : La pratique de l'inhalation d'alcool existe-t-elle en France ? Faut-il s’en alarmer ?

Marie Choquet : On parle de cette pratique sur les réseaux sociaux, mais on ne connaît pas du tout sa fréquence en population générale. En effet, les enquêtes qui permettent de mieux connaître les modes de consommation des substances psychoactives (menées en France principalement par l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies, OFDT) se préparent longtemps à l’avance, se font à intervalle régulier mais long (tous les 3- 4 ans), se basent sur des questionnaires internationaux validés, et sont donc toujours en décalage par rapport aux phénomènes émergeants… Mais il est certain que, si ce phénomène se répand, les futures enquêtes incluront des questions sur ce mode d’usage. On peut seulement dire (et aussi redouter, car l’imagination humaine est sans limite) que la diversification des modes de consommation de l’alcool soit une réalité.

Si traditionnellement la consommation d’alcool en France était surtout « alimentaire » (liée au moment du repas), récemment un mode « toxicomaniaque » s’est développé , avec recherche d’ivresse déconnectée de toute prise alimentaire. L’inhalation de l’alcool (le Vaportini) est en fait un usage toxicomaniaque, car on recherche les  effets de l’alcool, et pas le plaisir de boire… Mais ne nous trompons pas, ce qui devrait nous poser question cette nouvelle pratique, mais les raisons qui poussent les  individus à vouloir s’évader de la réalité quotidienne, à rechercher l’oubli ou un autre état de conscience… 

Est-il plus inquiétant d’inhaler l’alcool que de l’avaler ?

Boire de l'alcool en quantité importante comporte des risques pour la santé, on le sait. Mais inhaler de l'alcool s’avère plus nocif, car l’alcool passe tout de suite dans le sang, via les poumons.  Le taux d’alcool dans le sang augmente alors extrêmement vite, encore plus qu’avec le « binge drinking ». Généralement, l’alcool est absorbé à 10% par l’estomac et à 90% par l’intestin grêle. Le processus d'absorption dans le sang est également ralenti par la nourriture et en particulier l’amidon présent dans certains aliments. Les dommages sur le cerveau d’un apport excessif d’alcool sont nombreux, surtout quand ce cerveau est encore en plein développement (il atteint sa maturation à l’âge de 20-25 ans).  De plus, selon une étude réalisée sur des rats au Centre National de Recherche sur l’Alcool de Californie le risque de dépendance (addiction) est plus élevé via l’inhalation d’alcool que via l’ingestion. Reste les effets sur les poumons qu’on ne connaît pas encore mais qui existent certainement… Pour toutes ces raisons, l’inhalation d’alcool est plus dangereuse que l’ingestion…  

Les effets de l’alcool consommé de cette manière sont-ils plus dangereux à long terme ?

Comme on vient de le voir, à court terme, il y a le « shot » sur le cerveau et le risque sur le comportement (conduite véhicule ou piéton, violence). A plus long terme, le risque de dépendance. Tous ces risques sont connus pour l’alcool, mais par inhalation ces risques sont augmentés et surviennent plus rapidement. S’y ajoute les risques pulmonaires, qu’on connaît pour le tabac, mais pas encore pour l’alcool… Prudence donc. Certes, ce mode de consommation évite de prendre des calories (et l’alcool est très calorique) et risque donc d’avoir du succès auprès des femmes jeunes, d’ailleurs très ciblées dans la publicité qu’on fait sur internet pour le Vaportini. Peut être le plus grand risque est là : augmenter la consommation d’alcool chez les femmes, qui par ailleurs sont plus sensibles aux effets de l’alcool.

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