Edito
Et maintenant, c’est l’heure de vérité pour les réformes
Après ses victoires électorales, Emmanuel Macron va faire face désormais à une période cruciale : celle des réformes promises sans cesse dans le passé.
Alors que les Français s’apprêtent à prendre leurs vacances d’été, le gouvernement se met « en marche » pour aborder la période la plus délicate, celle des réformes promises sans cesse dans le passé, mais toujours ajournées. Emmanuel Macron a accompli jusqu’à maintenant un parcours impressionnant qui laisse même ses adversaires médusés. Parti de rien il y a un peu plus d’un an, il se retrouve au sommet de l’Etat, avec une équipe gouvernementale toute neuve, dont tous les caciques anciens ont été écartés, et qui repose sur des éléments dynamiques de techniciens aguerris. Il bénéficie au surplus de deux atouts essentiels : d’abord une crédibilité exceptionnelle auprès des partenaires internationaux parce qu’il a éliminé le danger populiste en terrassant le Front National, tout en affichant son credo en faveur d’une Europe qui était en train de se disloquer. En deuxième lieu, la conjoncture se révèle favorable. Le bâtiment affiche des résultats record depuis quelques mois, tandis que la consommation des ménages reprend et que l’Insee revoit à la hausse les perspectives de croissance avec un coup de pouce de 1,6% du produit intérieur brut cette année. Le climat n’a jamais été aussi bon chez les chefs d’entreprise depuis 2011, ce qui devrait assurer une reprise de l’investissement, liée à une confiance qui revient. Bref, un climat euphorique est en trin de s’installer dans un pays qui avait plutôt un penchant pour la déprime.
Emmanuel Macron aura bien besoin de ce retour favorable des planètes, car son ambition pour installer en France un nouveau modèle de croissance va rencontrer dès les prochaines semaines un certain nombre d’obstacles. Il va se heurter d’abord aux syndicats, qui n’ont pas connu le « dégagisme « des hommes politiques et s’arcboutent sur les règles obsolètes du code du travail pour s’opposer à toute évolution drastique. La deuxième difficulté va provenir des révélations que la Cour des Comptes s’apprête à faire sur la réalité de l’endettement du pays, qui a été dissimulé par François Hollande pour donner une image moins sombre de son quinquennat. Déjà la commission chargée d’examiner l’évolution des retraites qui se montrait optimiste l’an dernier dans ses prévisions avant les élections a tourné casaque, en prévoyant un avenir sombre pour au moins vingt ans, une volte face radicale qui montre à quel point les chiffres ont pu être manipulés. Par ailleurs, les mesures nouvelles prises dans les derniers mois du quinquennat précédent constituent autant de bombes à retardement pour les finances publiques en raison des engagements de dépenses qui ont été pris. Dès lors la promesse de ramener le déficit à 3% du produit intérieur brut parait irréaliste, surtout si on le compare aux 2,8% auquel voulait le limiter l’ancien ministre des finances Michel Sapin. Emmanuel Macron n’a pas l’intention d’aller plaider une fois de plus la mansuétude de nos partenaires pour nous autoriser un déficit supplémentaire : s’il veut prendre la tête d’une nouvelle Europe, le chef de l’Etat est contraint de montrer qu’il n’est pas l’homme du renoncement à la Hollande, ce qui va compliquer certaines promesses comme les 60 milliards d’économies pendant son mandat, ou encore la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des Français, voire la transformation de l’ISF, en conservant seulement le volet immobilier de l’impôt. Certes, l’amélioration de l’activité économique va aider le chef de l’Etat dans sa tâche, mais cela prendra du temps et rien ne serait plus néfaste pour son image que de recourir aux vieux procédés des coups de rabots pour améliorer les comptes publics. On saura très vite, avant la fin de l’été, si l’incroyable baraka dont il bénéficie depuis son arrivée au pouvoir est toujours au rendez-vous et lui permet de franchir les obstacles devant lesquels tous ses prédécesseurs ont échoué.
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