Et la pire sécheresse de l’histoire de l’Europe était en… ? Ce nouvel atlas historique qui pourrait nous permettre de mieux comprendre le climat<!-- --> | Atlantico.fr
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La sécheresse enregistrée lors de l'été 2015 est la plus forte depuis la terrible canicule de 2003.
La sécheresse enregistrée lors de l'été 2015 est la plus forte depuis la terrible canicule de 2003.
©Reuters

Chronologie

Cet "atlas de la sécheresse" compile des données découvertes en étudiant les anneaux de croissance des arbres, qu'il s'agisse de végétaux encore vivants ou de bois utilisé pour construire des édifices.

Dans de nombreux pays d'Europe occidentale, l'année 2015 a été particulièrement éprouvante en matière de chaleur, avec des précipitations bien en-dessous de leur niveau habituel. En France, les relevés de pluviométrie ont affiché seulement 20% de leurs taux ordinaires. 

La sécheresse enregistrée lors de l'été 2015 est la plus forte depuis la terrible canicule de 2003, et plusieurs experts et météorologues y voient un signal particulièrement négatif. Mais ces épisodes climatiques particulièrement éprouvants ont déjà frappé le vieux continent à plusieurs reprises au fil des siècles, avec des conséquences parfois bien plus importantes. 

Qu'il s'agisse d'inondations terribles ou de sécheresses dévastatrices provoquant la famine, une nouvelle étude américaine publiée dans la revue "Science Advances" a donné à ses auteurs l'idée de créer un atlas des phénomènes climatiques violents qui ont frappé l'Europe à travers les âges. 

Chercheur à l'université américaine de Columbia, Edward Cook et son équipe ont réalisé ces travaux en étudiant les informations contenues dans du bois provenant de toute l'Europe. Cet "atlas de la sécheresse" au fil des siècles compile des données découvertes en étudiant les anneaux de croissance des arbres (la dendrochronologie), qu'il s'agisse de végétaux encore vivants ou de bois utilisé pour construire des édifices. Les scientifiques sont ainsi parvenus à reconstituer 2000 ans de variations d'humidité. La méthode utilisée pour réaliser cette étude comporte une dimension historique constante à l'échelle planétaire, ce qui en fait un outil de travail exceptionnel.

Mais outre leur intérêt historique, ces travaux permettent surtout de comprendre les phénomènes qui engendrent les variations climatiques, à mesure que la température de la planète augmente. "C'est important pour comprendre les causes des méga-séchresses, et c'est important pour ceux qui modélisent le climat de tester leurs hypothèses" estime l'auteur de cette étude Edward Cook.

Grâce à ce procédé, les climatologues peuvent aussi travailler sur le long terme, afin d'étudier des phénomènes comme l'oscillation atlantique, qui fait varier la température à la surface de l'océan sur des périodes allant de 40 à 80 ans, mais aussi identifier si ces phénomènes résultent uniquement du réchauffement climatique ou, au contraire, d'une variation déjà existante. Ces variations ayant un rôle potentiel dans l'amplification des effets du changement climatique, il semble particulièrement utile d'être en mesure de les prévoir, grâce aux quelques exemples suivants, issus de cet "atlas".

La sécheresse qui a frappé le cœur et l'est de l'Europe dans les années 1500 est souvent décrite comme le "pire cas" de grande chaleur par les scientifiques aujourd'hui. Des écrits de l'époque retrouvés dans le nord de l'Italie expliquent que  l'hiver 1539-1540 n'a connu aucun jour de pluie, comme un mois de juillet. En Espagne, la population a commencé à prier pour voir le retour de la pluie dès le mois d'octobre 1539. Des cours d'eau tels que le Rhin ou la Seine étaient tellement asséchés que les habitants pouvaient les franchir à pied sans problème dans certains endroits.

A l'inverse, si l'agriculture a évidemment besoin d'eau, des pluies trop abondantes peuvent aussi être dévastatrices. Au XIVème siècle, l'Europe a connu deux années de pluies inhabituellement fortes, dont les conséquences ont été catastrophiques pour les habitants de nombreux pays. Pendant l'année 1315, les récoltes ont été saccagées de part et d'autre du continent, de l'Angleterre jusqu'à l'ouest de la Russie, en passant par le sud de l'Italie. Dans de nombreuses régions, ces périodes d'humidité extrême ont engendré une raréfaction des denrées alimentaires, et une donc une flambée des prix. 

"Les viandes les plus répandues, propres à la consommation, sont devenues de plus en plus rares, la viande de cheval était par exemple très recherchée, et les chiens les plus en chair étaient souvent volés. Et, selon certains récits, les hommes et les femmes mangeaient parfois secrètement leurs enfants à cause de la famine" rapportait le moine anglais Johannes de Trokelowe, comme le note le site américain Smithsonian. La rapide augmentation de la population qui a précédé ces temps difficiles a été immédiatement freinée, et des millions de personnes sont mortes. En Irlande, cette famine dévastatrice a également mis fin aux rêves d'indépendance face à l'autorité britannique.

Le changement climatique étant devenu un enjeu majeur pour de nombreux pays à travers le monde, les variations météorologiques du passé étudiées par une approche historique peuvent être riches en enseignements pour adapter nos comportements futurs. 

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