Et l’un des premiers acheteurs du pétrole de l’Etat islamique est… Bachar el-Assad<!-- --> | Atlantico.fr
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Des barils de pétrole.
Des barils de pétrole.
©Reuters

L'alliance d'Assad et de l'Etat islamique

Selon le Département du trésor américain, le gouvernement de Bachar el-Assad achèterait du pétrole à l'Etat islamique, participant ainsi à son financement. Au cœur du dispositif, un oligarque russe qui prétend avoir été enlevé par des extraterrestres.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Une des manières évidentes de combattre l'Etat islamique est de taper au portefeuille. La majorité de ses revenus vient du prélèvement d'"impôts" sur son territoire, mais l'EI dispose également de revenus du pétrole. Qui achète ce pétrole, par où transite-t-il ?

Le Département du Trésor américain vient de fournir une réponse : le gouvernement de Bachar El-Assad achète son pétrole à l'Etat islamique. Cette rumeur circulait depuis longtemps, mais pour la première fois le Département du Trésor a placé sous sanctions, et gelé les actifs aux Etats-Unis, de plusieurs personnes qui selon lui sont des éléments clés du dispositif, dont un homme d'affaires syrien, George Haswani, mais également plusieurs hommes d'affaires russes et chypriotes, ce qui suggèrerait une complicité de Vladimir Poutine (il est difficile d'imaginer que ce genre de choses pourrait se produire sans son accord), Chypre étant un paradis bancaire connu pour être une plateforme de financement pour les oligarques russes.

Parmi les hommes d'affaires russes, le plus connu est un personnage étrange mais bien réel, Kirsan Nikolaïevitch Ilioumjinov. Oligarque, Ilioumjinov dirige aujourd'hui un empire commercial avec des intérêts aussi bien dans la banque que dans l'agriculture. Mais Ilioumjinov s'est fait principalement connaître comme le président de la Fédération internationale des échecs, qu'il dirige depuis 20 ans. Fanatique d'échecs, il a dépensé, selon certaines estimations, plus de 100 millions de dollars de sa fortune pour promouvoir le sport.

Ilioumjinov a également été président de la Kalmoukie, une république russe du Caucase, de 1993 à 2010. Il a été élu au départ en promettant un chèque de 100 dollars à chaque électeur, un téléphone portable pour chaque berger--dans un pays dont le principal secteur est l'agriculture--et que Diego Maradona jouerait pour l'équipe locale de football. Sous sa présidence, les échecs sont devenus le sport national de la Kalmoukie, qui est le seul pays où ils sont obligatoires à l'école primaire, et de nombreux matchs internationaux d'échecs ont eu lieu à Elista, la capitale. Il a également beaucoup soutenu la religion, construisant de nombreuses églises orthodoxes, mosquées et temples bouddhistes (beaucoup de kalmouks, descendants des mongols d'Asie centrale, sont bouddhistes), et même une église catholique alors que la Kalmoukie n'a pas de communauté catholique.

Ilioumjinov, qui a écrit dans son autobiographie, distribuée à chaque visiteur de la Kalmoukie, que les quatre personnages historiques qu'il admire le plus sont le Dalai Lama, Gengis Khan, Lénine et Jésus, a également fait parler de lui en affirmant très sérieusement qu'en 1997 il a été kidnappé par des extraterrestres, qui lui ont fait visiter un autre système solaire, avant de le ramener chez lui.

Quoi qu'il en soit, ces nouvelles révélations démontrent quelque chose qui était jusqu'à présent implicite mais non prouvé : l'alliance entre le gouvernement de Bachar El-Assad (et la Russie) et l'Etat islamique. Assad a besoin de l'Etat islamique pour pouvoir dire à la communauté internationale qu'il est la seule alternative possible à l'EI ; c'est pour cela que la Russie a concentré ses frappes contre les rebelles qui ne sont pas de l'Etat islamique (y compris les rebelles turkmènes du nord de la Syrie, ce qui explique l'hostilité de la Turquie envers la Russie, et donc l'abattage du jet russe par la Turquie de la semaine dernière). Jusqu'à présent il n'y avait qu'une communauté objective d'intérêts, sinon de preuves d'une réelle collaboration ; aujourd'hui il semble que cette collaboration soit réelle.

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