Espoir médical : de nouveaux tests sanguins permettraient de détecter précocement de multiples cancers <!-- --> | Atlantico.fr
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Un prélèvement d'échantillons de sang au Research Centers of America, en Floride, en août 2020.
Un prélèvement d'échantillons de sang au Research Centers of America, en Floride, en août 2020.
© AFP / CHANDAN KHANNA

Dépistage

Un test sanguin multi-cancer pourrait potentiellement sauver des vies en permettant un diagnostic précoce des cancers, d’après une étude présentée lors du plus grand congrès de cancérologie du monde à Chicago.

Nathaniel  Scher

Nathaniel Scher

Nathaniel Scher est médecin spécialiste en oncologie, radiothérapie et en santé intégrative. Membre du centre de radiothérapie HORG (Hartmann Oncology Radiotherapy Group). Il exerce à l'Institut de radiothérapie Hartmann et à l'Institut Rafael, à Levallois Perret (92).

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Atlantico : Selon une étude du NHS britannique (National Health Service), un test sanguin permettrait de détecter plus de 50 types de cancer, mais également de localiser son site initial. Peut-on espérer une révolution dans le secteur de l’oncologie grâce à ce test ? Qu’apporte-t-il de nouveau ?

Nathaniel Scher : Nous y croyons fermement. Les résultats de l'essai Symplify ont été présentés à l'American Society of Clinical Oncology, à Chicago, et publiés dans la revue The Lancet Oncology. Ces tests sanguins, qui permettent un dépistage précoce, pourraient aider à sauver des millions de vies, mais aussi de réduire les effets secondaires des traitements qui seraient nécessaires si le cancer était détecté à un stade avancé. En soit, l’idée de détecter de l'ADN tumoral circulant à partir d'un simple prélèvement sanguin, parfois avant même l'apparition de symptômes cliniques, est révolutionnaire.

Actuellement, pour les patients déjà atteints de cancer, nous utilisons des biopsies liquides, qui consistent à prélever des échantillons de tissus sur des métastases ou des tumeurs primitives pour effectuer des recherches, notamment sur des mutations spécifiques. Cette technique est très invasive et l’obtention des résultats demande plus de temps, ce qui peut être préjudiciable pour les patients.

En résumé, ces tests sanguins présentent de nombreux avantages. Ils sont moins invasifs, permettent un dépistage plus précoce et sont plus performants, car ils permettent de détecter plus de 50 types de cancers différents, parfois avant même l'apparition de complications.

Que penser de la fiabilité de ce test ?

Sur les 6 238 personnes en Angleterre ou au Pays de Galles participant à l'essai qui avaient consulté leur médecin généraliste avec des symptômes suspects, le test a pu détecter des signes de cancer chez 323 d'entre eux, 244 d'entre eux ont ensuite reçu un diagnostic de cancer. Ce test sanguin, qui détecte des fragments d'ADN tumoral circulant dans le sang, a donc correctement révélé le cancer 66% du temps. La précision du test dépendait également du stade du cancer, allant de 24 % pour les tumeurs à un stade très précoce (stade I) à 95 % pour la maladie avancée (stade IV). Il est également capable de déterminer d'où vient la maladie dans le corps avec une précision de 85 %. Les diagnostics de cancer les plus fréquents étaient l'intestin (37 %), le poumon (22 %), l'utérus (8 %), l'œsogastrique (6 %) et l'ovaire (4 %). En revanche, le test ne détecte pas tous les cancers et il ne peut pas remplacer les programmes de dépistage conventionnels, tels que ceux du cancer du sein, du col de l'utérus et du côlon. Étant donné que les résultats sont plus rapides qu’avec des examens conventionnels, il est possible de commencer un traitement beaucoup plus tôt que si l'on devait attendre les résultats des examens radiologiques et de la biopsie, ce qui pourrait permettre de sauver des millions de vies.

Finalement, faut-il s'attendre à une généralisation de ce type de tests ?

J'y crois, et la communauté des cancérologues y accorde beaucoup d'importance. C'est pourquoi nous nous engageons dans des études cliniques pour démontrer l'intérêt de ces tests. Il faudra maintenant attendre que les résultats soient publiés, présentés lors de congrès et généralisés avant que les médecins puissent les prescrire à grande échelle. Autre facteur encourageant : nous avons déjà des idées de performance, une bonne sensibilité et une bonne spécificité, ce qui est indispensable avant une généralisation de ce type de tests. On peut estimer que la population devrait y avoir accès d'ici environ cinq ans.

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