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En licenciant les seniors, les entreprises se privent d'avenir
©JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Expert aguerri

« Le métro va changer le visage de Riyad » titrait récemment Arab NEWS. L'une des clés de cette réussite est Marc Chatelard, âgé de 71 ans, diplômé de Polytech Zurich et d’un MBA HEC

Caroline Young

Caroline Young est diplômée HEC de l’université de Lausanne, possède un DEA en démographie économique de l’IEP Paris et un MBA de l’IESE Business School à Barcelone. Elle a commencé sa carrière en tant qu’Analyste en fusions acquisitions chez Schroders, puis comme Manager en fusions acquisitions chez Crédit Agricole Indosuez. En 2002, elle rejoint IP France, régie publicitaire du groupe RTL, en tant que Secrétaire générale où elle est chargée de la stratégie et du développement. Elle est actuellement Présidente d’Experconnect. Elle est co-auteur avec Gilles Effront et Jean-Yves Ruaux de « 60+Actifs Pourquoi le travail post-retraite est indispensable » (2014).

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Il fallait un expert aguerri pour gérer ce dossier très complexe. Marc Chatelard a bouclé la mission en 15 semaines avec les équipes en place. En 2016, il met sur les rails le tramway de Rio. De 2000 à 2004, il a participé à la révolution KTX, le TGV local, en Corée du Sud. Sa feuille de route comportait la création et l'équipement du réseau. Résultat : dans la péninsule, le KTX a supplanté l'avion. Busan, le grand port de l'Asie du Nord, n’est plus qu’à 2 heures de Séoul contre 5 auparavant.


L'histoire de Marc n'est pas unique. Experconnect missionne régulièrement des experts seniors en entreprise pour leur habileté éprouvée à trouver des solutions aux problèmes épineux. Des atomistes, hydrauliciens, DRH, financiers... Leur savoir-faire allie une solide formation à l'expérience au long cours.
Leur avantage sur les récents diplômés ? L'absence de préoccupations de carrière et l'aptitude à tirer les leçons du passé pour éviter toutes les erreurs.

Vous trouverez donc à l'actif de Marc Chatelard et des experts seniors, une multitude de succès et de belles histoires. En voici encore une. Nous sommes en plein chantier du tramway de Rio. Les Jeux Olympiques de 2016 approchent à grand pas et plusieurs tracés esquissés ne sont pas pertinents. Confié à de jeunes pousses, l'avancement du projet pêche par manque de directives fiables et de suivi. Il est finalement terminé dans les temps grâce à l’intervention du senior expert.

Il est faux d’affirmer que les seniors volent le boulot des jeunes parce qu'avec seulement 56%, le taux d'activité des 60-64 ans français est inférieur de 12 % au reste de l'Union européenne (DARES), parce que les industriels embaucheraient plus de jeunes s'ils trouvaient les compétences voulues sur le marché.


Le maintien accru des aînés au travail est une chance, celle du pays, des comptes publics, de l'harmonie sociale.  « Avec le taux d'emploi de l'Allemagne, la France aurait un excédent budgétaire. », explique l'économiste Patrick Artus. Or le taux d'emploi des 55-64 ans français est de 19 points inférieurs à celui des Allemands (INSEE 2019).


Pourtant les études (cf RSI) le montrent : les individus qui poursuivent une activité professionnelle se sentent mieux, vivent plus longtemps, en meilleure forme que les inactifs. Retarder la retraite de 60 à 65 ans diminue de 15% le risque de démence (European Journal of Epidemiology, 2014) et le bien-être éprouvé correspond à une activité soutenue confirme Jean-Hervé Lorenzi (L'erreur de Faust).
Pour maintenir leur essor, les entreprises doivent à la fois favoriser l’entrée précoce en entreprise et mieux anticiper les fins de carrière. Ce qui reste un vœu pieux avec 29,9% des 15-24 ans français en emploi (contre 50,1% des jeunes Britanniques) et un français sur deux de plus 60 ans (INSEE 2019).

En excluant les seniors, les entreprises se privent d’une réserve immense de talents disponibles : les jeunes retraités, désireux de travailler et de transmettre leurs savoir-faire. Sans la mobilisation de tout l'éventail démographique, il manquera 125 000 talents chaque année à la métallurgie à partir de 2025 (BIPE), et 1,5 million au pays en 2030. Cela représente un manque à gagner de 150 milliards d’euros (Korn Ferry, 2019). 

Le vieillissement de la population déjà important en France, Chine, Allemagne ou Japon provoquera une réduction de l’activité par pénurie de main-d’œuvre. Or la moitié des président(e)s d’associations (CES Sorbonne) et 20000 des 36000 maires français (AMF) sont des seniors. Est-ce un hasard ? Le milieu associatif et la vie publique savent, sans préjugé, tirer leur efficacité des talents que le travail délaisse. Les entreprises n’auraient-elles pas intérêt à s’en inspirer ?

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