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Le basculement de la Syrie va-t-il entraîner un Big Bang géopolitique au Proche-Orient ?
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Nouveau chapitre

Un an et demi après la Tunisie et l'Egypte, la Syrie prouve elle aussi qu'une page se tourne au Proche-Orient. Mais les luttes dogmatiques - sunnisme contre chiisme - restent marquées.

Jean-Marie Quéméner

Jean-Marie Quéméner

Jean-Marie Quéméner est Rédacteur en chef pour Canal +

Il est l'auteur de « Dr Bachar, Mr Assad » (Encre d’Orient, 2011)

 

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La Syrie, "mère de l'arabité" selon les penseurs - forcément syriens - joue son rôle : si cette fois elle n'a pas initié (laissant cela aux "Africains" tunisiens et égyptiens), elle confirme et avalise : une page se tourne au Proche-Orient. Certaines lignes s'effacent. Le rêve de Michel Aflak d'un peuple arabe laïc dominant le concert des nations grâce à sa voix égalisée et égalitaire disparaît sous un trait de tipex.

Les confessions - plus que les religions - gagnent la partie entamée avec la création du parti Baas à Damas en 1947. Le repli identitaire dû aux crises et aux luttes intestines ne s'effectue pas derrière les murs de l'arabité mais dans les tranchées du sunnisme et du chiisme. Comme au bon vieux temps d'Abdelwahab. Dogme contre dogme, Perses et Arabes réunis ou désunis.

L'Iran, l'Irak, le Sud-Liban et - de facto - une toute petite partie de la Syrie (la région alaouite) contre la péninsule arabique, Qatar et Arabie Saoudite en tête. Eux-mêmes soumis aux tensions confessionnelles comme le Bahreïn écrasant sans vergogne sa rébellion chiite. Sous le regard inquiet de la grande puissance locale, Israël, ravie de l'oubli passager du drame palestinien mais inquiète de l'instabilité des pays voisins.

L'encre d'autres lignes reprend des couleurs : le duel syrien, les revendications populaires, bref les révolutions, s'inscrivent dans le mouvement perpétuel des Anciens (pauvres) contre les Modernes (riches).

Le flot ininterrompu de dollars des années 60-70 a été canalisé, dompté. Le milieu des affaires s'est installé sur ces rives. Le pouvoir politique joue les éclusiers. Pas de remise en cause du système : il s'agit d'en bénéficier, pas d'en changer. C'est l'autre nouveauté des séismes proche-orientaux. Les pouvoirs qui ont oublié de faire fonctionner l'ascenseur social sont condamnés à la chute libre ou à l'arrêt d'urgence.

Enfin ceux qui tenaient la plume au XIXe et au XXe siècle, persistent à vouloir jouer les scribes de l'histoire, notamment en Syrie. Deux puissances en pointe contre Bachar al-Assad. Deux ex-mandataires. La Turquie a amputé la Syrie, notamment d'Alexandrette. La France l'a privée du Liban. Mais les grandes puissances écrivent un autre livre. Celui de la "paix froide".

Les lignes proche-orientales, elles, s'écrivent en lettres de sang et s'entremêlent... Jusqu'au prochain chapitre. Celui-ci vient à peine d'être entamé.

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