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Quel candidat placera-t-il enfin la réforme du marché du travail au coeur de son programme ?
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Urgence

Préoccupation majeure pour les Français, la question de l'emploi devrait être le sujet majeure de la campagne. La France pourrait s'inspirer de l'Italie, l'Espagne ou la Grèce.

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane est spécialiste des questions de défense.

Il est également maître de conférences à Science-Po Paris. 

Il est l'auteur de Questions internationales en fiches (Ellipses, 2021 (quatrième édition)) et de Premiers pas en géopolitique (Ellipses, 2012). il est également l'auteur de Théories des relations internationales (Ellipses, février 2016). Il participe au blog Eurasia Prospective.

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Alors que les Français se soucient beaucoup de l’emploi, les candidats à l’élection présidentielle n’en parlent guère. En 2007, le sujet était abordé par les deux camps. Nicolas Sarkozy avait lancé l’idée d’un contrat de travail unique et fixé comme objectif un taux de chômage de 5% en 2012. Il dépasse aujourd’hui 10 % avec 2,8 millions de chômeurs. Si la crise de 2008 a évidemment joué un rôle négatif, le vrai problème est le modèle français.

Le bilan du quinquennat n’est pas nul. Certes, l’idée d’un contrat unique, qui aurait demandé une renégociation de l’ensemble des contrats existants, a été abandonnée. Mais le gouvernement a introduit la rupture conventionnelle en 2008, une sorte de divorce à l’amiable ouvrant droit aux allocations chômage et qui est de plus en plus utilisé (11% des ruptures fin 2010).

Le candidat Nicolas Sarkozy veut prolonger ce timide effort de libéralisation en proposant, sur le modèle allemand, des accords compétitivité emploi, qui permettraient d’augmenter sans le dire le temps de travail, une hausse de la TVA compensant la baisse des cotisations sociales pour réduire le coût du travail et un référendum sur les chômeurs pour les contraindre à se former.

Son adversaire socialiste s’appuie davantage sur des aides de l’Etat : outre l’arrêt de la baisse du nombre de fonctionnaires, il propose un contrat de génération permettant aux entreprises d’embaucher des jeunes en « tutorat », la résurrection des emplois jeunes (150 000 emplois d’avenir), des créations de postes nouveaux chez Pôle Emploi et une lutte contre les « licenciements boursiers » en renchérissant le coût des licenciements collectifs.

L’enjeu est pourtant de taille. La France connaît un chômage élevé (il oscille entre 8 et 12 % des actifs depuis 1984, année où le taux dépasse 8 %, contre 3 % en 1974), de longue durée (40% des demandeurs d’emplois sont au chômage depuis au moins un an), frappant particulièrement les jeunes (taux de chômage oscillant de 15 % à 30 % depuis 1982), alors même que le taux d’activité est plus faible qu’ailleurs en Europe (70 % contre 75 % au Royaume-Uni, 76 % en Allemagne), en particulier chez les seniors de 55 à 64 ans (taux d’activité de 38 % en 2008 contre 70 % en Suède).

A côté des inévitables augmentations d’impôts (limitées en France vu le niveau des prélèvements obligatoires : 44,5 % du PIB) et réductions de dépenses, la réforme du marché du travail s’impose donc comme une nécessité au lendemain de la séquence électorale. L’Italie, avec la suppression de l’article 18 qui imposait la réintégration des salariés licenciés, l’Espagne, avec la baisse des indemnités de licenciement, la Grèce avec la réduction et la dégressivité des allocations chômage fournissent un catalogue de mesures qui pourrait inspirer le prochain Président.

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