Emmanuel Macron, ou la démocratie light<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse du jeudi 17 mars au cours de laquelle il a dévoilé son programme présidentiel.
Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse du jeudi 17 mars au cours de laquelle il a dévoilé son programme présidentiel.
©Ludovic MARIN / AFP

Décaféiné

Le président-candidat a présenté ce jeudi un programme très détaillé et une « nouvelle méthode démocratique ». Emmanuel Macron, conscient du besoin de « partage des responsabilités », va multiplier les instances de « concertation ».

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

Pas d’équipe de campagne officiellement constituée, mais une armée de têtes pensantes qui oeuvrent en coulisses, des collaborateurs et des militants qui s’affairent pour sa réélection, des ministres sergents-recruteurs qui contribuent aux ralliements politiques venant grossir les rangs de ses soutiens, et enfin des sondages qui le propulsent au sommet. Autant d’éléments qui laissent augurer une issue de scrutin tranquille pour Emmanuel Macron. Le match est-il déjà plié pour autant ? Rien n’est jamais écrit d’avance. Et quelle que soit la situation internationale venue percuter cette campagne, Emmanuel Macron président ne peut se contenter de la surplomber ; il a dû endosser les habits de candidat pour briguer les suffrages des Français les 10 et 24 avril prochains et plonger dans l’eau glacée de la campagne, même s’il refuse de se confronter directement à ses opposants et se contente de répondre aux journalistes. 

En se délocalisant aux docks d’Aubervilliers, Emmanuel Macron a voulu présenter « un projet crédible et sérieux ». On ne change pas une méthode qui a fait ses preuves : le taux de chômage en France est au plus bas depuis des années ; ce sera donc,plus que jamais : travailler plus pour gagner plus. L’attribution du RSA sera conditionnée à 15 ou 20H de travail obligatoire par semaine. Il chiffre son programmeà 50 milliards par an assortis de 15 milliards de baisse d’impôts. Cela inclutpêle-mêle le recrutementde « 50.000 infirmiers et aides-soignants pour les EHPAD, 25 milliards pour la recherche et l’enseignement » ; il promet une « large concertationsur l’école » et annonce 12 milliards pour l’éducation avec un « nouveau pacte avec les enseignants »mieux rémunérés…, à condition qu’ils acceptent plus de tâches, dont celle de remplacer leurs collègues absents ;fort du succès de l’apprentissage, Emmanuel Macron veut associer l’école à l’entreprise en réformant l’enseignement professionnel.

À Lire Aussi

La non-campagne très mise en scène d’Emmanuel Macron

Une des mesures phares du programme d’Emmanuel Macron est laréforme des retraites, avec la modification de l’âge légal qui passera de 62 à 65 ans à l’horizon 2030, la garantie d’une pension minimale de 1100 euros et la prise en compte des carrières longues. La réforme concernera les Français nés après 1979. Cette réforme des retraites nouvelle version passera-t-elle mieux que la précédente, vivement contestée en 2020, puis enterrée à cause du COVID ?Le président candidat promet une concertation, mais l’objectif est fixé, cadré…. Et le passage en force envisagé ?

Emmanuel Macron refuse de débattre avec ses adversaires dans ce qui ressemblerait à une fosse auxlions, et cela peut se comprendre. Il se veut en prise directe avec les Français et a même envisagé l’instauration d’« un grand débat permanent ». Jupiter au milieu de l’arène, rendant compte à ses concitoyens, comme au lendemain dela crise des Gilets jaunes ! A quelle périodicité ? Quelle serait la place de la démocratie représentative dans ce dialogue très singulier ? La séquence de Poissy a montré les limités de l’exercice lorsqu’il manque de spontanéité.

Alors, comment remédier à l’aspiration des Français d’être pris en compte, de « participer » à la prise de décision et pas seulement subir des décisions que le Parlement, acquis à sa cause (- les députés ont le dernier mot !), n’a guère la possibilité de modifier ?Emmanuel Macron conscient du besoin de « partage des responsabilités », il a promis une « méthode nouvelle » pour « essayer de lever complètement les blocages qui parfois nous ont paralysé ». Ilva multiplier les instances de «concertation », tantôt appelées Etats Généraux(- en l’occurrence du droit à l’information), «commission transpartisane » sur la réforme institutionnelle ; (il souhaite la création du conseiller territorial, qui cumulerait les fonctions de conseiller départemental et conseiller régional, sans pour autant supprimer l’un de ces deux échelons administratifs, et évoque à nouveau l’introduction de la proportionnelle pour l’élection des députés ) ; ou « Convention citoyenne » pour la fin de vie, ou tout simplement « concertation »( toujours large)pourla santé et l’éducation. Ces prises de parole, contributions et autres synthèses parviendront-elles à « lever les blocages », comme le souhaite Emmanuel Macron ? Difficile quand l’objectif est déjà tout tracé, que les limites sont déterminées,et qu’on a le sentiment quela concertation ne sert qu’à le cautionner !

À Lire Aussi

Programme d’Emmanuel Macron : une dose d’attrape-tout, une dose d’habileté, une dose de négation du politique

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !