Elon Musk peut-il sauver Twitter de ses travers ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Elon Musk peut-il sauver Twitter de ses travers ?
©Brendan Smialowski / AFP

Crypto-sauveur

En quelques jours, Elon Musk est devenu le premier actionnaire de Twitter et en refusant le siège au conseil d'administration il veut garder les mains libres pour pouvoir critiquer les décisions des dirigeants du réseau.

Anthony Poncier

Anthony Poncier

Anthony Poncier est Docteur en Histoire, membre du collectif Réenchanter Internet et expert en transformation digitale et en stratégies collaboratives. En cette qualité, il accompagne les entreprises dans la conception de leurs stratégies médias sociaux, ainsi que dans la création de leurs réseaux internes.

Voir la bio »

Atlantico : Twitter a un nouvel actionnaire majoritaire en la personne dElon Musk. Même sil ne participe pas au conseil dadministration de lentreprise, il compte bien peser en proposant de nouvelles fonctionnalités, comme notamment une possibilité d’éditer. Est-ce que quelque chose que souhaite la communauté ? Serait-ce une bonne chose pour le réseau social ?

Anthony Poncier : Dans ce cas précis de l’édition, Elon Musk n’a pas été très imaginatif car elle a été demandée depuis quelque temps. Cette fonctionnalité était même pendant un moment évoquée afin qu’elle devienne une fonctionnalité payante de Twitter quand le réseau cherchait son modèle économique. En soulevant cela, Elon Musk rappelle une chose récurrente sans que cela soit révolutionnaire, ni disruptif. 

Le patron de Tesla a aussi proposé à ses partisans de voter pour savoir si le réseau adhère au principe de liberté dexpression. A quel point est-ce un enjeu central ? 

Twitter est un réseau mondial, mais la question de la liberté d’expression est beaucoup plus marquée aux États-Unis qu’elle ne l’est dans d’autres pays. La Constitution américaine permet de tout dire sur des forums et c’est ce qui a fait que certains sujets abordés ont pu être questionnés sur le web, mais au bout du compte on s’est vite demandé où fixer cette limite. En France ou dans d’autres pays, des lois mémorielles autour de la question du génocide ou du racisme limite la parole alors qu’aux États-Unis la barrière est plus poreuse sur certains sujets. 

Aujourd’hui, la question est de savoir quelle limite on donne à la liberté d’expression. Il y a des débats sans fin sur tous les forums américains à ce propos et cette liberté est défendue par des mouvements Alt-Right. La liberté d’expression est à géométrie variable selon le pays d’où on vient. Alors quand des plateformes, dont Twitter, mettent en place des limites sur la pornographie, l’appel au meurtre où un certain nombre de sujets, il est difficile de juger si c’est trop ou pas assez. Elon Musk est l’un des rares de la Silicon Valley à être assez proche de Trump qui a des positions ambiguës et il reprend le crédo Républicain en jouant sur ce tableau avec Twitter. 

À Lire Aussi

Elon Musk a acheté 9,2% du capital de Twitter

À la suite des événements du Capitole, à la suite de la crise sanitaire, les plateformes se sont engagées à mettre en place des procédures pour permettre une meilleure modération. Toutes les plateformes veulent un meilleur contrôle des fake news, mais pour certains les fake news sont considérés comme une vraie source d’information. Ce sujet est éminemment central dans nos sociétés. 

Elon Musk a aussi demandé aux utilisateurs si le réseau social était en train de mourir, en raison du fait que les comptes les plus suivis twittaient peu ou pas (Justin Bieber, Taylor Swift). Est-ce que la question de la mort de Twitter se pose vraiment ?

Ce qui est vrai, c’est que de nombreux comptes sont inactifs depuis des années. Pendant un moment Twitter a proposé de détruire les comptes inactifs depuis plus de six mois et ça a fait un tollé. Le problème n’est pas tant l’inactivité que les noms déjà utilisés qu’ils souhaitaient relâcher. Mais on pourrait se poser la question de ce qui adviendrait si une telle règle était mise en place. Cela voudrait dire que n’importe qui pourrait reprendre le nom d’une personnalité si celle-ci a vu son compte supprimé. 

Par sa présence et sa démarche provocante, pourrait-il donner une nouvelle dynamique à la plateforme après être entré au capital comme actionnaire majoritaire ?  

Elon Musk est dans la provocation, mais il n’y a pas de réponse simple aux problèmes qu’il pose. Il fait un best of des demandes qu’on a vu le plus souvent surgir de la part de la communauté des twittos. Et Twitter n’est pas plus bête que les autres plateformes, les dirigeants doivent avoir leurs raisons de ne pas avancer sur ces sujets.

Elon Musk est actionnaire majoritaire mais il n’est pas rentré au conseil d’administration. C’est un vrai choix de sa part. Mais évidemment qu’Elon Musk a un poids. Mais ce n’est pas parce qu’il demande quelque chose que cela va se faire. Est-ce qu’il pèse assez pour obtenir que les comptes bannis, comme celui de Trump, soient réintégrés ? Je ne sais pas et je ne suis pas sûr que cela soit ce qu’il cherche. Tant qu’il n’a pas une politique proactive et ne siège pas au CA, son influence demeure limitée. En faisant le choix inverse, il envoie le message qu’il ne veut pas renverser la table, pour l’instant.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !