Elections sénatoriales : la gauche tente de minimiser le succès de la droite, le FN enregistre une "victoire historique"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Sénat a basculé à droite.
Le Sénat a basculé à droite.
©Reuters

En bleu

La droite a obtenu 23 sièges de plus que la gauche. Le nouveau président de la Haute Assemblée, qui sera élu mercredi pour succéder à Jean-Pierre Bel, sortira des rangs de l'UMP. Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher et Philippe Marini sont candidats.

  • La droite remporte les élections sénatoriales avec 188 sièges contre 155 à gauche
  • Le FN fait son entrée au Sénat avec deux élus, une "victoire historique" selon Marine Le Pen
  • Jean-Christophe Cambadélis estime quil ny a pas eu de "vague bleue"
  • Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher et Philippe Marini sont candidats déclarés à la présidence du Sénat
  • Seule la moitié du Sénat (179 sièges sur 348) était renouvelée au cours de ce scrutin, dans 59 départements métropolitains et 5 collectivités d'outre-mer. 

"Sénat : une défaite de plus pour la gauche", "Le Sénat repasse à droite", "Nouvelle défaite pour la gauche aux élections sénatoriales". Ce lundi matin, les journaux, radios, télévisions et site web mettent en une la victoire de la droite et la nouvelle déroute de la gauche lors des élections sénatoriales qui se sont déroulées dimanche. Car, oui, le Sénat a basculé à droite. Trois ans après le succès surprise de la gauche, la Haute assemblée se pare de nouveau de bleu. Dans le détail, l'UMP et l'UDI obtiennent 188 sièges, soit 13 sièges de plus que la majorité absolue (175). La gauche en a 155 seulement. Un résultat qui a satisfait tous les ténors de la droite.

Réélu et candidat à la présidence du Sénat, Jean-Pierre Raffarin a été l'un des premiers à réagir. "Les socialistes sont sanctionnés. Les grands électeurs ont sanctionné le désordre de la réforme territoriale mais aussi la politique économique et sociale aussi. L'inquiétude est profonde et le gouvernement doit le comprendre" a indiqué l'ancien Premier ministre avant d'ajouter : "C'est notre devoir de dire au gouvernement d'être très attentif à cette grogne devenu colère. Il faudra s'appuyer sur l'UMP et l'UDI, il faut un rassemblement. S'il doit y avoir alternance, il y a aura alternance par l'alliance de la droite et du centre" a-t-il ajouté. Alain Juppé était lui aussi très heureux de cette large victoire. "C'est un échec supplémentaire pour le gouvernement, un basculement de la majorité qui était attendu mais qui est confirmé" a commenté le maire de Bordeaux, simple observateur de cette soirée tout comme François Fillon. Le député UMP a indiqué "se réjouir" de ce basculement qui "témoigne une nouvelle fois du rejet de la politique de François Hollande et souligne la nécessité d'une alternance qui doit s'ancrer dans nos territoires".

Gérard Larcher a également salué ce succès; L'ancien président du Sénat va d'ailleurs tenter de contester la présidence à Jean-Pierre Raffarin. Les deux hommes sont les deux principaux candidats de la primaire à droite qui se tiendra mardi, avant l'élection du patron de la Haute assemblée le lendemain, mercredi 1er octobre. Et le match s'anonce serré. Si Jean-Pierre Raffarin peut s'appuyer sur les nouveaux entrants, Gérard Larcher possède une base assez importante de soutiens. "Ce sera très serré, les deux hommes ont des réseaux et ça se jouera à rien" pronostique un sénateur élu. D'autant que Philippe Marini jouera le rôle d'arbitre.  

Si à droite et à l'UDI les sourires étaient de rigeur, la gauche faisait grise mine. Après la déroute des élections municipales et des européennes, elle a subi un troisième revers, même s'il n'est pas dans les proportions redoutées. Cependant, ce résultat reste somme toute un signal négatif pour François Hollande à la moitié de son mandat et à l'heure du retour de Nicolas Sarkozy. Une défaite de plus et des dirigeants socialistes qui ont cherché à tout prix à en minimiser la portée symbolique.

Très tôt dans la soirée, Jean-Christophe Cambadélis est monté au créneau pour relativiser les résultats. "Il n'y a pas de vague bleue, ce n'est pas une bérézina" a-t-il indiqué avant de dire que la défaite était "vraisemblable". "La réforme territoriale a sûrement dû peser. (...) Le vote sanction est intervenu lors des municipales. Il y a un effet mécanique mais il n'y a pas obligatoirement l'ampleur qu'on nous pronostiquait. (...) On regrette de ne pas avoir pu continuer ce que nous avions commencé au Sénat. Il y avait une majorité de gauche, même si elle était tumultueuse, c'était historique", a également expliqué le premier secrétaire du PS.

Si Samia Ghali et Jean-Noël Guérini ont réussi à garder leur siège tout comme Gérard Collomb à Lyon, la soirée a été forte en symbole avec notamment la défaite des deux candidats socialistes en Corrèze. En effet, l'UMP a remporté les deux sièges dans le fief de François Hollande. Un résultat encore impensable en 2012. Autre symbole, le président du Parti radical de gauche (PRG), Jean-Michel Baylet a été battu dans le Tarn-et-Garonne. Par ailleurs, Anne-Marie Escoffier (PRG), ex-ministre déléguée à la Décentralisation du gouvernement Ayrault, a dû s'incliner dans l'Aveyron. Secrétaire d'État dans ce même gouvernement, le socialiste Thierry Repentin a été battu en Savoie. Le Front de gauche a quant à lui perdu au moins trois des cinq sièges qu'il détenait (Allier, Bouches-du-Rhône, Rhône). A gauche, dimanche soir, le silence était d'or. Manuel Valls n'a pas fait un commentaire même en privé, indique un de ses proches. Le président de la République "a suivi" a indiqué son entourage mais est resté lui aussi silencieux. "Le temps des commentaires et des analyses se fera après, à froid" soutient encore un proche conseiller.

Seul Jean-Marie Le Guen, membre du gouvernement a commenté. "C'était inscrit dans les résultats des élections municipales. Dans certains départements, les divisions de la gauche ont fait le jeu de la droite voire de l'extrême droite, je le regrette. (...) Les candidats d'extrême-droite ont bénéficié de voix de droite. C'était attendu" a expliqué le secrétaire d'Etat aux relations avec le parlement. Une dicrétion gouvernementale qui tranchait avec les membres du Front national.

Car c'est en effet l'autre enseignement de ces élections sénatoriales. Pour la première fois, le FN fait son entrée au Sénat avec deux élus : David Rachline qui va devenir le benjamin de la Haute assemblée et Stéphane Ravier. L'élu marseillais ne cachait d'ailleurs pas sa joie ni ses ambitions pour la suite, c'est à dire 2017. "Il n'y a plus qu'une porte à pousser pour arriver à l'Elysée" et "nous allons aider Marine Le Pen à y arriver" a-t-il indiqué dans son discours devant des militants heureux.

Heureux à l'image de Marine Le Pen. La présidente du Front national a évoqué une victoire historique. "C'est une grande victoire pour le FN, une victoire absolument historique, c'est la première fois que nous rentrons au Sénat et de belle manière, avec deux sénateurs qui rentrent. Plus une seule assemblée en France n'est interdite au FN, plus une seule assemblée ne voit pas de patriotes, ça présage de très belles élections" a-t-elle lancé. Florian Philippot, son vice-président était aussi ravi. "Cela nous emmènera très logiquement vers 2017"a-t-il dit avant d'ajouter que ces résultats réparent une "anomalie". "C’était la denière assemblée de la République où nous n’étions pas présents" a conclu le député européen. Le FN peut savourer car au vu du nombre de ses conseillers municipaux, qui forment les gros bataillons des "grands électeurs" sénatoriaux, leur succès n'était pas acquis. Certains élus "non FN" ont donc voté pour les candidats présentés par le parti de Marine Le Pen. Une leçon pour l'UMP, pour le PS et surtout pour François Hollande.

Avec cette troisième défaite en quelques mois, l'exécutif s'affaiblit un peu plus même si les proches du président de la République répétaient à l'envi dimanche soir que "ce revers ne change rien" car "l'Assemblée nationale qui a le dernier mot" sur les textes législatifs. "Souvenez-vous que le Sénat n'avait pas voté le budget l'an dernier" a indiqué un conseiller ministériel au Figaro. Une analyse qui a ses limites car avec cette victoire, la droite a obtenu les armes pour ralentir sensiblement l'examen des textes. Le futur président de la Haute Assemblée pourra ainsi s'opposer à la procédure dite accélérée. "Il faut compter sur la sagesse des sénateurs pour que le train des réformes puisse se poursuive à son rythme" admet-on à l'Élysée. Pas sûr qu'il soit entendu. 

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