Sobriété énergétique
Économies d’énergie : et pour son premier test de l’hiver, l’Europe vient de…
L’Europe a été confrontée à son premier test pour l’hiver avec une vague de froid ces derniers jours et peine à trouver des solutions viables. Que peut faire l’Europe pour se préparer efficacement face à la crise énergétique pour cet hiver ?
Atlantico : Face à la vague de froid, l’Europe semble avoir été confrontée à son premier test pour l’hiver. Avec quel résultat ?
Damien Ernst : L’Europe vient d’échouer à son premier test. Nous avons été confrontés à une petite vague de froid – il a fait plus froid cette semaine qu’habituellement à cette saison – et la consommation de gaz a augmenté, malgré la destruction de la demande industrielle. Cela nous montre qu’effectivement, si nous avons un hiver un peu plus froid que les précédents, cela ne va absolument pas passer au niveau du gaz et que la demande va être très forte. La charge chauffage n’est absolument pas sous contrôle. Dès qu’il commence à faire froid, les gens allument leur chauffage. L’une des raisons pour laquelle la situation n’est pas sous contrôle est que beaucoup de pays : l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, etc. ont tué le signal tarifaire élevé. Ces citoyens ne vont pas payer leur gaz beaucoup plus cher que l’année passée. C’est sans doute l’une des raisons pour laquelle la consommation a augmenté, car tout le monde n’est pas confronté au signal prix.
Les discours politiques qui prônent la sobriété ne sont pas entendus ?
Si l’on regarde dans la littérature scientifique, très peu d’analyses montrent que le discours de sobriété à une quelconque influence sur les chiffres de la consommation. Je pense qu’effectivement les politiques ne sont pas ou peu écoutés. Et je pense qu’il y a une forme de non-confiance dans les politiques. Une bonne partie de la population ne se rend pas compte, je pense, de la gravité de la situation et pense que l’Etat est capable de gérer la situation par lui-même.
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Les gestes d’Emmanuel Macron s’affichant en col roulé ou autres, ont au mieux des effets marginaux. Et dans des pays comme la France ou la figure présidentielle est si clivante, il n’est pas impossible que cela provoque l’effet inverse.
Savons-nous quels sont les bons élèves et les mauvais élèves ?
Non, c’est difficile à dire et une comparaison précise d’une année à l’autre n’est pas aisée. Mais globalement, c’est un échec collectif. Si l’hiver est plus froid que d’habitude, les efforts de sobriété visés actuellement ne seront sans doute pas suffisants.
Que peut faire l’Europe pour préparer l’hiver ?
L’Europe doit envisager le scénario d’un hiver plus froid que d’habitude. Elle doit envisager des stratégies de rationnement, des quartiers ou des usines qui s’approvisionnent en gaz. C’est la stratégie du Royaume-Uni. Il faut envisager des coupures brutales et temporaires. Ce serait une première en Europe, mais nécessaire.
Qu’est-ce qui permettrait de faire réagir les gens ?
Des signaux prix élevés, cela incite les gens à faire attention. Et les coupures, le rationnement, évidemment. Ce sont les deux seules choses qui marchent vraiment. Les gens n’aiment pas, volontairement, vivre dans un endroit où il fait froid. Ces deux choses ne sont pas mises en place en France, avec le bouclier tarifaire. Le bouclier tarifaire protège fort bien les ménages mais il va sans doute avoir comme effet une diminution marginale de la demande. C’est la même chose pour le pack d’aides allemandes et les mesures britanniques. Ce sont des dépenses immenses qui vont tuer les réponses de la demande au signal de prix.
Qu’aurait-il fallu faire ?
Il aurait fallu protéger les gens pour une consommation de base. Par exemple 80% de la consommation classique. Et au-dessus, laisser les prix courir pour désinciter à la consommation. Cela permet de protéger les gens socialement tout en ciblant mieux. C’est plus difficile techniquement à mettre en œuvre. Cela aurait été plus simple à faire si, il y a 14 mois, les gouvernements avaient compris la crise du gaz et de l’électricité qui s’amorçait.
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