Écologie : les leçons stratégiques de Mélenchon pour la droite<!-- --> | Atlantico.fr
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En s'alliant avec La France Insoumise pour les élections législatives, EELV a définitivement levé le voile sur sa véritable nature.
En s'alliant avec La France Insoumise pour les élections législatives, EELV a définitivement levé le voile sur sa véritable nature.
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Alliance aux législatives

En signant son alliance avec la France Insoumise, EELV a définitivement levé le voile sur sa véritable nature : un parti gauchiste qui a tourné le dos à la République. Mais, symétriquement, la mue écologiste de LFI n’est pas moins importante et elle lui a apporté des voix nombreuses et lui a permis de siphonner les voies du parti Vert. A gauche, l’écologie a ainsi renouvelé la politique. Le constat vaut pour la droite en négatif.

Olivier Blond

Olivier Blond

Olivier Blond est conseiller régional, délégué spécial à la santé environnementale et à la lutte contre la pollution de l'air et Président de Bruitparif.

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La longue dérive des Verts - maintenant EELV- vers l’extrême gauche a connu des flux et des reflux. Déjà en 2001, leur candidat à l’élection présidentielle, un crypto-maoïste appelé Alain Lipietz, demandait l’amnistie des « prisonniers politiques » corses qui avaient assassiné le préfet Erignac. Plus récemment, le soutien au financement d’une mosquée intégriste à Strasbourg ou au port du burkini dans les piscines à Grenoble comme les provocations de Sandrine Rousseau et son score de 49% à la primaire, en disent long sur l’état d’esprit dans le parti. 

Toutefois, l’accord signé avec la France Insoumise (LFI) va plus loin encore. Il indique qu’il n’existe quasiment plus de divergences idéologiques avec le parti communautariste et anti-républicain de Jean-Luc Mélenchon. Certes, les relents anti-européens de LFI gênent EELV. Certes, les affinités poutinennes des insoumis empêchent que le paragraphe de l’accord qui porte sur la guerre en Europe mentionne seulement le mot Ukraine ! Mais tout cela semble compter bien peu devant la perspective de quelques sièges au palais Bourbon. 

Symétriquement, cet accord signe la mue écologiste des « Insoumis ». En quelques années, le parti d’extrême-gauche s’est emparé de tous les thèmes d’EELV pour les intégrer un à un dans son programme, à tel point que plusieurs classements réalisés par des associations écologistes dans le cadre de la campagne présidentielle ont placé LFI devant EELV en matière d’environnement ! Cette situation surprenante a été peu commentée. Or, elle explique une partie du remarquable succès de LFI aux élections présidentielles. Une partie de ses scores extrêmement élevés vient de son clientélisme communautaire, mais les très bons résultats qu’il obtient auprès des jeunes viennent aussi de cet engagement écologiste fort. Mélenchon a siphonné Jadot – et il est très probable qu’il continue à le faire dans les années à venir. 

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Cela amène deux conclusions convergentes. La première est que l’illusion EELV se dissipe ; le parti a construit en quelques décennies une hégémonie politique sur l’écologie, mais cet accord avec LFI dévoile sa nature fondamentalement gauchiste qui ne pourra plus rassembler très largement. Cela invite à faire émerger une écologie différente : démocrate, républicaine, et même – osons le mot ! -de droite. 

Pour reprendre et détourner une célèbre phrase de Valéry Giscard d'Estaing : aucun candidat n'a le monopole du cœur ; aucun parti n'a, non plus, le monopole de l'écologie. Et tandis qu’un nombre croissant de citoyens du centre ou de droite se sentent concernés par ce sujet, il est temps que les partis qui les représentent, ou qui aspirent à les représenter, s’en emparent de manière résolue. 

C’est d’autant plus nécessaire que l’actuelle domination d’EELV est construite sur du vent, ou plutôt sur une radicalité de pacotille. Car la virulence des « écolos » est d’autant plus forte que leurs résultats sont modestes. Ils et elles défendent une écologie qui s’est réfugiée dans les discours, les imprécations ou les slogans - car ils ne savent pas transformer le réel. Et en tout cas, ils ne l’ont pas fait quand ils étaient en responsabilité. 

Qu’ont-ils accompli ? Quel est le bilan de ces ministres écolo dont on a parfois oublié jusqu’au nom : Dominique Voynet, Yves Cochet, Cécile Duflot, Emmanuelle Cosse, Pascal Canfin ou Jean-Vincent Placé ? Quels sont les faits d’armes, les réalisations ou les victoires dont ils pourraient se targuer à l’heure où ils prétendent construire un gouvernement ? Jamais EELV n’en parle et la raison en est simple : il n’y en pas ! 

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A l’inverse, il faut rappeler que Nicolas Sarkozy a lancé le Grenelle de l’environnement, Jacques Chirac a fait inscrire la charte de l’environnement dans la constitution, Valéry Giscard d’Estaing a lancé la première politique d’économies d’énergie dans le pays et Georges Pompidou a nommé le premier ministre de l’Environnement.

La seconde conclusion à l’analyse de cet accord porte sur la capacité de l’écologie à « renouveler la politique ». L’expression vient d’EELV. Si elle a longtemps masqué de petits arrangements, elle décrit aujourd’hui un phénomène majeur. En quelques années, la gauche, du parti socialiste jusqu’à LFI et même au-delà, a largement absorbé les idées écologistes. LFI, qui a opéré la transition la plus radicale sur ce thème en a retiré les bénéfices les plus significatifs. Et pourtant, le marxisme qu’ils ont presque tous côtoyé représente un courant productiviste et donc plutôt hostile à l’écologie.

 A l’inverse, cette transition se fait attendre à droite. Le sujet a été quasi absent de la primaire ; il est resté presque invisible pendant la campagne et dans les programmes. Même si Valérie Pécresse a fait quelques propositions, elles sont restées inaudibles. La transformation reste à faire. 

La crise politique majeure qui s’est ouverte avec la défaite à l’élection présidentielle impose à la droite de repenser son identité et son projet. Et l’écologie fait partie de ces idées neuves dont elle ne peut se passer si elle veut avoir un avenir. D’autant plus que la plupart des études et des sondages montrent qu’une grande partie de la jeunesse et des populations urbaines est sensible à cet enjeu. 

Ainsi, pour une fois, il faut peut-être emprunter à la gauche une leçon. La voici : l’écologie peut véritablement renouveler la politique. Et si cette transformation est faite de manière résolue, elle pourra apporter des voix précieuses lors des prochaines scrutins. 

Olivier Blond est président de l’institut Brunoy – un think tank écologiste. Il est Conseiller régional en Ile-de-France auprès de Valérie Pécresse, enseignant en santé environnementale à l’université catholique de Paris. Il vient de publier « Plaidoyer pour une écologie de droite » aux éditions Albin Michel.

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