Durcissement de position : Marine Le Pen est-elle en train de sacrifier une victoire au 2e tour pour verrouiller sa présence au 1er ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Durcissement de position : Marine Le Pen est-elle en train de sacrifier une victoire au 2e tour pour verrouiller sa présence au 1er ?
©REUTERS / Yves Herman

All In

On peut se demander si le Front National, presque certain de ne pas l'emporter, ne prépare déjà les législatives et 2022. En tout cas c'est ce que semble montrer le durcissement du ton de la campagne de Marine Le Pen observé depuis quelques jours.

Emmanuel  Galiero

Emmanuel Galiero

Journaliste politique au Figaro, Emmanuel Galiero suit les partis souverainistes, le Modem, mais aussi la politique à Paris et à l'échelon de la région Ile-de-France. 

Emmanuel Galiero est le co-auteur notamment de Grandir à Marseille dans les années 1940 et 1950 aux éditions wartberg.

Voir la bio »

Atlantico : En perte de vitesse dans les sondages à 5 jours du premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen renoue avec la ligne dure de son parti en proposant notamment un moratoire sur l'immigration et un rappel des réservistes pour un rétablissement des frontières. Pourquoi un tel revirement de stratégie après avoir fait longtemps campagne sur la "France apaisée" ? 

Marine Le Pen n'est elle pas en train de sacrifier toute chance de victoire au second tour pour s'assurer un passage du 1er tour ?

Emmanuel Galiero : Plutôt qu’un revirement de stratégie, je parlerais plutôt d’une affirmation des fondamentaux et de la ligne radicale du Front national. Si Marine Le Pen a effectivement joué la carte de l’apaisement, elle l’a toujours fait en précisant que se détermination à changer les choses dans un certain nombre de domaines s’appuyait aussi sur la fermeté. La fermeté étant, selon elle, un élément incontournable de l’apaisement compte tenu de la situation du pays. A quelques jours du premier tour, je crois surtout qu’elle cherche à s’afficher comme une candidate offensive sur l’un des sujets qu’elle anticipe comme un thème clef de cette présidentielle. Le tassement des intentions de vote en sa faveur est une réalité des sondages mais ce qui semble aussi remarquable durant cette campagne est la relative solidité de son électorat.  Quelques affaires ou scandales ont émaillé la campagne du parti mais l’électorat frontiste est sans doute l’un des moins « fragilisable » parce que le FN développe, depuis longtemps, une critique contre le système et les adversaires coalisés. Chaque affaire nouvelle révélée peut alors agir comme un ciment de cet électorat plutôt que comme un repoussoir. En revanche, cela peut aussi compliquer la quête de nouveaux électeurs.   

​Peut-on voir là le signe d'un aveu de faiblesse ? Celui d'une campagne en demie teinte ? 

Au FN, certains estiment que Marine Le Pen a fait le plein des intentions de vote sur son flanc gauche. Cette stratégie de fin de campagne peut consister à aller convaincre les électeurs sur le flanc droit, par exemple du côté des orphelins de Nicolas Sarkozy ou de ceux qui redoutent cinq nouvelles années de Hollandisme avec Macron. Régulièrement citée, dès le début de la campagne, en position de leader du premier tour, il est difficile de parler d’une campagne en demie teinte. La campagne est passée à onze candidats, les prestations télé de Marine Le Pen ont été inégales, les sujets de fond ont été occultés par les affaires mais la candidate du FN peut se targuer d’avoir imposé de nombreux thèmes de la campagne. Nombre de ses adversaires, parmi lesquels apparaissent plusieurs eurosceptiques, se sont positionnés face à elle. Et même Emmanuel Macron, qui s’était engagé à ne pas l’attaquer, a corrigé sa stratégie. Par ailleurs, les durcissement de ton en fin de campagne sont classiques quand on cherche à mobiliser son noyau dur.

​Quel est l'état d'esprit au sein du Front National ? Y a-t-il un début de panique au sein du parti ?  

Je ne perçois pas de panique au sein du parti. En revanche, les frontistes s’interrogent sur les conséquences des dynamiques observées de Mélenchon à Macron, et Marine Le Pen n’écarte pas l’hypothèse d’un duel face à Fillon. Par définition, dans un mouchoir de poche, toutes les hypothèses sont possibles. Marine Le Pen se dit convaincue de sa qualification pour le second tour mais dans son entourage, certains savent que son score de premier tour sera déterminant pour enclencher un éventuel élan au second tour. Sauf dans une configuration face à Hollande, aucun sondage ne l’a donnée gagnante au second tour. Si elle parvenait à atteindre les 51%, au-delà du séisme politique que cela provoquerait, cela révèlerait l’explosion du plafond de verre et confirmerait une dynamique électorale notées dans tous les scrutins depuis les municipales de 2014 jusqu’aux régionales de 2015. Dans le cas contraire, on analysera son échec en fonction de la hauteur de son score. Une contre-performance rappellera la difficulté permanente du parti à se développer sans alliances. Des résultats élevés signaleraient, en revanche, une évolution encourageante pour les frontistes qui se mobiliseront immédiatement pour les législatives, sans perdre de vue la présidentielle… de 2022.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !