DSK : j'ai deux amours, le FMI et Paris<!-- --> | Atlantico.fr
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Quelle politique économique pourrait mener un DSK président de la République ?
Quelle politique économique pourrait mener un DSK président de la République ?
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Le grand fossé

Entre la politique économique du Fonds monétaire international qu'il dirige et celle du Parti Socialiste dont il pourrait être le candidat à la présidentielle, Dominique Strauss-Kahn va devoir choisir...

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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"Il faut que je les suive puisque je suis leur chef". Cette formule célèbre qui fut celle de Ledru Rollin, un des leaders de la gauche de 1848, peut-elle s’appliquer à DSK ? Mais alors, qui va-t-il suivre ? Les équipes du FMI ou les experts du Parti socialiste ?

Cruel dilemme, car en pratique, les logiques qui sous tendent les messages des deux organisations sont  incompatibles, même si elles ne sont pas conformes  à la caricature que l’on en fait.

FMI vs PS : libéralisme contre étatisme

Depuis la crise asiatique et surtout depuis la nomination d’Olivier Blanchard comme responsable des études économiques, le FMI a précisé sa politique. Certes, le redressement des comptes extérieurs, qui est au centre de sa mission, passe toujours dans les politiques qu’il préconise par la contraction de la demande intérieure. C'est-à-dire que le Fonds préconise toujours pour parvenir à l’équilibre extérieur de réduire les dépenses publiques et d’augmenter les impôts.

Mais on l’a vu dans ces conseils à la Grèce ou à l’Espagne, il conçoit cette démarche dans une interprétation moins court termiste et suggère une analyse plus fine des dépenses et des recettes publiques. S’il maintient la nécessité des gains de productivité dans le secteur public par la réduction des  effectifs, il préserve les dépenses d’éducation. Et en matière fiscale, il défend les hausses de TVA, impôt sur la consommation dont la mobilisation permet  d’éviter que l’épargne ne fasse les frais de la politique de rigueur. Enfin, il recommande une politique de croissance à moyen terme qui repose sur un meilleur fonctionnement du marché du travail grâce notamment à plus de flexibilité. A un libéralisme comptable, le FMI d’aujourd’hui a substitué un libéralisme plus porteur de croissance.

Au PS, si les nationalisations sont passées de mode et si les contraintes de dette publique ne sont pas niées, les préconisations restent très étatistes. On accepte le marché, mais un marché encadré. On rêve de bloquer les loyers pour contenir l’inflation et on parle d’une résurrection des emplois jeunes.

Chômage des jeunes et manque d'investissement en France : deux exemples des différences FMI/PS

Prenons deux exemples qui illustrent l’opposition entre les deux approches.

Face à un problème objectif - celui du chômage des jeunes - le FMI propose plus de flexibilité et l’allègement du coût du travail des premiers entrants sur le marché du travail. Le PS, lui, propose de faire de l’Etat le premier employeur des  jeunes entrants afin de leur donner des références et une expérience susceptibles ensuite d’une mise en valeur sur le marché du travail.

Face à un problème objectif - celui du manque d’investissement en France - le FMI propose une fiscalité allégeant les charges des entreprises et faisant porter son poids surtout sur les ménages. Le PS , lui, envisage de créer une grande banque publique d’investissement, porteuse des visions de l’Etat sur ce que l’avenir doit ou pourrait être, sorte de démultiplication du FSI (un FSI  qui aujourd’hui imagine construire l’avenir ensauvant la radio Skyrock… !!)

Quelle politique pour Dominique Strauss-Kahn ?

DSK, qui s’était certes démarqué, notamment dans ses propos sur le soutien que peut apporter le FMI à l’Afrique, des politiques mécaniques d’ajustement structurel des années 1980, a toujours approuvé les propositions libérales du Fonds. Il est leur chef…

Qu’en sera-t-il s’il prend la tête de la campagne des socialistes ? Il sera leur chef… Les suivra-t-il donc dans les emplois jeunes, la croissance largement surestimée et la redéfinition punitive de l’imposition des revenus ?

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