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Les socialistes vont devoir brûler 
l’étape « dépression »
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EDITORIAL

Terrassés par la nouvelle de l’arrestation, puis de l’incarcération de DSK, les socialistes doivent relever la tête s’ils veulent conserver leurs chances en 2012.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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La nature a horreur du vide et ce sont les politiques qui le savent le mieux. Terrassés par la nouvelle de l’arrestation, puis de l’incarcération de DSK, les socialistes ont, en quarante huit heures, dû encaisser le choc de « l’empêchement » du favori des sondages et prendre très vite conscience de la nécessité de relever la tête sans tarder s’ils veulent conserver leurs chances en 2012. Pas facile de faire passer la raison devant l’émotion mêlée d’incompréhension.

Pour les socialistes, la situation devient d’autant plus urgente que dans l’opinion le contraste est en train de s’esquisser, entre, d’un coté, leur parti tourneboulé par la mise hors jeu de leur favori, et de l’autre, la Droite affichant soudain une grande sérénité, image magnifiée par un Nicolas Sarkozy muet sur le sujet (mais a-t-il besoin de parler alors qu’il est de nouveau crédité d’une présence au second tour de la présidentielle dans les sondages de premier tour, et qu’il va bientôt se parer du rôle de futur papa comblé ?). Pour l’heure la consigne de retenue est encore de mise en dépit de quelques ratées. Cependant François Fillon a déjà donné le ton : si les faits reprochés « étaient avérés, il s’agirait d’un acte très grave qui ne mérite aucune excuse »… En attendant, silence !

Mais quand y verra-t-on plus clair ? Personne n’ose plus imaginer un revirement de la situation d’ici vendredi, avec un retour triomphal de DSK, et l’on s’oriente plutôt vers une longue bataille judiciaire outre Atlantique. En clair cela signifie que les cartes sont en train d’être rebattues pour la présidentielle.

Et voilà que l’histoire se met à bégayer. Rappelez vous 1995 : Jacques Delors, alors Président de la Commission de Bruxelles, était le favori de la Gauche dans les sondage. En dépit des appels lancés par les Socialistes, dont celui de Henri Emmanuelli au congrès à Louvain qui avait marqué les esprits, il préféra rester en dehors de la course arguant « qu’il n’aurait pas eu de majorité au Parlement, » mais aussi parce qu’il ne voulait pas gâcher les chances futures de sa fille, Martine Aubry.

Et aujourd’hui, c’est le même Henri Emmanuelli qui n’a rien perdu de sa fougue verbale, qui redonne de la voix pour inviter la première secrétaire du PS à se lancer dans la bataille. Il n’est pas le seul et il a plus d’arguments qu’il y a seize ans : n’existe-t-il pas un pacte non écrit entre la Première Secrétaire, le toujours Directeur Général du FMI, et Laurent Fabius notamment pour ne pas s’affronter aux primaires du PS ?

N’est-ce pas le moment pour Martine Aubry d’honorer ce pacte ? Tout en affirmant que « il sera temps demain de tirer les conséquences de tout cela en vue de la désignation du candidat socialiste pour les présidentielles. Il sera temps après-demain de battre la campagne contre Sarkozy et Le Pen pour substituer à cette politique injuste et inefficace une ambition démocratique, sociale et écologique, ». Claude Bartolone fait aussi partie de ceux qui estiment que la première secrétaire devrait très vite donner des signes, montrer qu’elle est prête à passer la vitesse supérieure. Mais pour l’heure c’est François Hollande qui reste favori des sondages .Et il n’y a pas de réelle différence idéologique entre ces deux possibles prétendants à la candidature présidentielle. Pas plus qu’avec Ségolène Royal très re-mobilisée. Si les Socialistes veulent montrer qu’ils sont « humainement affectés mais pas politiquement empêchés», selon les termes du sénateur maire de Dijon, François Rebsamen, ils vont devoir brûler l’étape « dépression ». 

Car à droite on gamberge aussi beaucoup, calculette à la main. L’effacement forcé de DSK libère-t-il un espace au Centre ? Au bénéfice de qui ? François Bayrou ou Jean Louis Borloo ? Le président du Parti Radical fait l’objet de multiples pressions de la part de Nicolas Sarkozy et de l’UMP pour ne pas se présenter en 2012. Le principal argument mis en avant est le risque d’un nouveau 21 avril. Mais si ce risque venait à s’estomper, ou si au contraire , il venait à s’amplifier avec une vague pro-FN ? Les Centristes feront le point en octobre ; ils ont raison . En une semaine la donne politique française s’est trouvée bouleversée et l’élection présidentielle n’a lieu que dans un an …

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