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Discrédités, désavoués et mal-aimés : ces prédécesseurs de Laurent Wauquiez revenus de l’enfer politique jusqu’à se faire élire président
©DSK / AFP

Précédents

Que ce soit François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou encore François Hollande, les Présidents de la Vème République ont souvent traversé des défaites électorales et fait des retours spectaculaires.

Jean Petaux

Jean Petaux

Jean Petaux, docteur habilité à diriger des recherches en science politique, a enseigné et a été pendant 31 ans membre de l’équipe de direction de Sciences Po Bordeaux, jusqu’au 1er janvier 2022, établissement dont il est lui-même diplômé (1978).

Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, son dernier livre, en librairie le 9 septembre 2022, est intitulé : « L’Appel du 18 juin 1940. Usages politiques d’un mythe ». Il est publié aux éditions Le Bord de l’Eau dans la collection « Territoires du politique » qu’il dirige.

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Atlantico : Laurent Wauquiez a annoncé sa démission de la fonction de Président de LR sur TF1 hier soir : la conclusion d'une semaine éprouvante dans le sillon de la défaite électorale aux européennes, lors de laquelle se multipliaient les remises en cause du mouvement lui-même, de Gérard Larcher désirant regrouper la centre et la droite via une structure hors LR, à Sébastien Lecornu appelant les maires de droite à quitter le mouvement. La décision de Laurent Wauquiez est-t-elle une décision salvatrice pour le parti Les Républicains ?

Jean Petaux : L’avenir se chargera de répondre à votre question. Je crains que non. Ce serait une crise conjoncturelle que rencontrerait actuellement LR si la démission de celui qui dirige ce parti depuis 18 mois suffisait à lui redonner des couleurs. Or on le sait bien, depuis la première disqualification d’un candidat de la droite républicaine au soir du premier tour de la présidentielle en avril 2017, et la lourde défaite des législatives de juin quelques semaines plus tard, c’est tout l’édifice LR qui menace de s’effondrer. Focaliser sur la personne de Wauquiez c’est facile, c’est pratique, cela peut éviter une remise en cause complète non seulement du fonctionnement du parti mais surtout de sa ligne programmatique, mais cela ne règle rien sur le fond. De grandes formations politiques ont littéralement disparu de la scène politique pour ne devenir que des partis d’appoint ou « charnières » comme on dit : le Parti Radical n’a pas survécu aux dix premières années de la Vè République après avoir été le grand parti central de la vie politique française sous la IIIè et avoir presque miraculeusement survécu à la Seconde guerre mondiale au point de jouer un rôle très important pendant les 12 années de la IVè République. On peut dire la même chose du parti démocrate-chrétien : il est central entre 1946 et 1958, il ne survit pas au retour du général de Gaulle et s’il se recycle dans l’UDF giscardienne en 1974 il n’est plus seul dans cette confédération puisqu’il doit composer avec des radicaux-valoisiens, des giscardiens, des indépendants, etc. Le MODEM actuel, lointain héritier de cette tradition venue du MRP, est bien dans le rôle d’un parti d’appoint ce qui ne veut pas dire qu’il n’a aucun poids bien au contraire : on va s’en rendre compte aux prochaines municipales dans le jeu des alliances avec LREM ou LR. Donc Les Républicains ne sont pas du tout assurés de ne pas disparaitre avec la démission de Laurent Wauquiez. J’aurais tendance à dire que la probabilité d’une perte d’influence est plus forte que l’opportunité d’un redressement. Même si les municipales à venir, par le jeu des alliances de terrain, peuvent différer la chute du parti de droite.

Par le passé, on a connu des démissions de chef de parti suite à des déroutes électorales (Chirac, Sarkozy...etc). Cette décision a-t-elle permis de gagner à nouveau en crédibilité pour permettre au parti de persister et éviter une traversée du désert ? Quel avenir pour ces "têtes tombées" ?

On trouve de tout dans un passé récent en guise de comportement de tel ou tel leader politique après une « claque électorale ». Vous citez Chirac (1988) et Sarkozy (1999) à droite, on pourrait ajouter Mitterrand (1978) et Hollande (2005) pour le PS. Dans tous les cas, démission ou pas, les quatre personnalités citées ont opéré, différemment, un rétablissement spectaculaire qui ne les a pas empêchées de devenir président de la République, par la suite. De quoi redonner un peu de baume au cœur de Laurent Wauquiez… On peut renaitre de ses cendres en politique, preuve que les morts que l’on y vit ne sont que des simulacres.

A droite.

Jacques Chirac dix-huit mois après mai 1988 a effectivement été sérieusement « chahuté » par ceux que l’on a appelé improprement d’ailleurs les « Rénovateurs » ou les « Quadra ». Improprement parce que parmi eux on trouvait un Pasqua qui n’avait rien d’un quadra et un Séguin qui n’en était déjà plus un. On comptait aussi dans ce groupe des cadres de l’UDF (Léotard ; Longuet ; Millon) qui n’ont pas hésité à joindre leurs voix aux contestataires issus des rangs du RPR. La situation était quand même tout autre que celle que vit Wauquiez depuis qu’il a pris la présidence de LR. Il suffit d’évoquer quelques événements survenus au cours de la décennie 80. Chirac échoue à deux reprises à l’élection présidentielle. La première fois, en 1981, il n’est pas qualifié pour le second tour et entraine les chiraquiens avec lui dans sa chute. D’autant qu’il est clair qu’il a fait campagne contre Giscard au second tour (à défaut de faire ouvertement celle de Mitterrand : cela revient au-même et comme les cadres dirigeants du PCF ont fait campagne contre Mitterrand pour ce même second tour : cela compensait). Sept ans plus tard, après deux ans de cohabitation au terme desquels on pouvait imaginer que le président de la République sortant partirait avec un retard trop important sur le premier ministre disposant de nombreux leviers de commande, entre 1986 et 1988, c'est une situation totalement inversée qui se présente : le président Mitterrand est entièrement remis en scène pour convoiter un second mandat et son challenger, Jacques Chirac, montre vite ses limites. Avec comme point d’orgue un débat d’entre deux tours en mai 1988 d’une rare intensité qui se solde par un numéro de virtuose de Mitterrand et une leçon de savoir-faire politique adressée à Chirac. Après une telle séquence ce qui aurait pu surprendre c’est que Jacques Chirac ne soit pas remis en cause par ses propres « amis ». Sauf que Chirac tient réellement l’appareil RPR et qu’il ait encore très aimé des militants et des « cadres territoriaux ». Les municipales de 1989 d’ailleurs ne vont pas être du tout une déroute pour la droite puisque si un certain rééquilibre survient après la défaite municipale de l’union de la gauche en 1983, la coalition RPR-UDF ne connait pas de débâcle.. La droite perd certes Nantes, Strasbourg, Brest ou Orléans mais récupère Laon, Amiens, Bourg-en-Bresse, Saint Malo et surtout garde Paris, Lyon et Toulouse. C’est plutôt dans la perspective de la constitution de la liste européenne de juin 1989 que les couteaux s’aiguisent.  Mais les dissensions sont trop importantes entre les « souverainistes » séguino-pasqualiens (les « Rénovateurs » au sein du RPR) et les « européanistes » centristes tels Dominique Baudis ou le « moine soldat » François Léotard. Au point que lors des Assises du RPR en février 1990, comme Jacques Chirac a pu compter sur le soutien indéfectible d’Alain Juppé, la ligne contestataire au sein du RPR incarnée par le tandem Séguin-Pasqua n’obtient pas plus de 32% des suffrages des adhérents. Symboliquement l’affaire laissera des traces, elle se retrouvera dans les positions différenciées au sein du RPR lors du référendum sur le Traité de Maastricht en septembre 1992 (Chirac vs Séguin), et surtout une « opposition d’un tiers des adhérents » dans un parti bonapartiste jusque-là totalement dévoué à son créateur cela fait un peu désordre… Mais Chirac n’en a pas moins sauvé sa peau. Il n’a jamais démissionné…

Prenons maintenant le cas de Nicolas Sarkozy. Entre 1993 et 1995 il incarne avec une jouissance totalement assumée et revendiquée le rôle de Yago confondu avec celui de Brutus. C’est encore plus lui que Balladur qui est sifflé et hué lors du meeting de la droite « réunie » entre les deux tours de la présidentielle de 1995. C’est le temps où Jacques Chirac dit et fait dire en son nom : « Sarkozy ?... Il faut lui marcher dessus.. Et encore du pied gauche : ça porte bonheur ! ». Nicolas Sarkozy, humilié et synonyme de « looser », disparait des écrans radars en 1995. Il se réfugie à Neuilly. On a connu pire comme exile. Mais finalement sa « traversée » du désert ressemble à s’y méprendre à celle de Lionel Jospin entre 1993 et 1997 : quatre ans entre le départ du pouvoir avec les socialistes particulièrement défaits et humiliés lors des législatives de 1993, même si Jospin lui-même était déjà « sorti » du gouvernement en avril 1992  et a récupéré le poste de « patron » du PS en octobre 1995. Sarkozy, pour sa part va être absent de la scène politique nationale de 1995 à 1999 : quatre ans là aussi. La brièveté de ces deux séquences fera dire aux observateurs de l’époque qu’en guise de « désert » il s’agissait plutôt de « bac à sable ». En fait Nicolas Sarkozy en 1999 joue plutôt les « doublures ». Il est, certes, en première ligne après la déroute du RPR aux Européennes de 1999 mais cet échec, pour une fois, ne l’entame pas vraiment. Parce qu’il est de notoriété publique qu’il s’est retrouvé aux commandes d’un avion qui avait déjà engagé une dangereuse vrille vers le sol, après que le pilote titulaire se soit littéralement « tiré » du poste de pilotage. Le 16 avril 1999 en effet, moins de deux mois avant les Européennes du 13 juin 1999, Philippe Séguin, président du RPR depuis 1 ans, 9 mois et 10 jours (ce qui pour lui devait vaguement correspondre à une durée proche de l’éternité…) démissionne de la présidence de son parti et de la tête de liste RPR-DL des Européennes. Nicolas Sarkozy, son numéro 2, n’a d’autre choix que de récupérer les commandes… Il va assurer l’intérim de tout (parti et tête de liste) et dira dans son livre « Libre » publié en 2001 qu’il n’a fait tout cela que par pur devoir. Ce qui, pour une fois, chez lui, est sans doute une part de vérité. Son échec de 1999 n’en est donc pas vraiment un. Il démissionne de la présidence par interim qu’il a dû exercer après le départ de Séguin certes mais ne s’éloigne pas vraiment et va laisser une Michèle Alliot-Marie se présenter à la tête du parti contre Jean-Paul Delevoye, soutenu (mal) par Chirac. D’ailleurs quand Sarkozy écrit « Libre », deux ans plus tard, il entame un vrai tour de France qui va lui permettre de connaitre plus qu’un notoire succès de librairie : un regain de popularité incontestable dans les rangs de la base de la droite montrant que les militants et les électeurs ne l’avaient pas vraiment oublié et surtout qu’il savait se rendre indispensable jusqu’au fameux« Heureusement que vous êtes là » d’une Bernadette Chirac littéralement enamourée de « son » Nicolas sur une estrade de l’entre-deux tours présidentiel de 2002 perçu comme un véritable « pardon de la faute de 1995 » (de la part de Bernadette Chirac, pas de celle de son mari…).

A  gauche.

La défaite aux législatives de 1978 a failli emporter François Mitterrand. Un an auparavant, l’Union de la Gauche structurée autour du Programme commun de gouvernement avait conquis de très nombreuses municipalités considérées comme ingagnables tellement la droite y était forte depuis des décennies surtout dans l’Ouest du pays (Nantes, Angers, Rennes, Saint Malo, Laval, La Roche-sur-Yon, Poitiers, etc.).  Le PCF se rendant compte qu’il était le « dindon » de la farce ne tarda pas, dès septembre 1977, à mettre la pression sur le PS pour « actualiser » le Programme commun dans la perspective des législatives de 1978 envisagées comme très favorables. En fait il s’agissait purement et simplement de faire exploser cette « Union de la gauche » qui, selon la formule consacrée à l’époque, « demeurait un combat ». On assista donc à ces scènes assez incroyables à l’époque où la vie politique se faisait en direct devant les caméras de télévision des trois seules chaines existant alors, toutes « publiques » : TF1, Antenne 2 et FR3. Du BFM avant l’heure. En septembre-octobre 1977 la Gauche éclatait en direct devant tous les Français et voyait la victoire lui échapper aux législatives six mois plus tard. Si la responsabilité semblait majoritairement celle du PCF et de son secrétaire général Georges Marchais, le premier secrétaire national du PS François Mitterrand était également totalement éclaboussé par cet échec qui semblait rendre la prise du pouvoir par la Gauche en France totalement impossible. Au point qu’au soir du second tour, en direct là encore, sur le plateau d’Antenne 2, Michel Rocard, membre de la direction national du PS qui avait rallié ce parti lors de la présidentielle de 1974 et qui faisait figure de « tête pensante » du socialisme tout en apparaissant depuis plusieurs mois comme un éventuel rival interne à François Mitterrand, fait une déclaration « face caméra » où il « charge » très fortement et sévèrement le « patron » du PS. Pour tous ceux qui assistent à la « sortie » de Rocard ce soir-là les choses sont claires : « Mitterrand va avoir beaucoup de mal à se présenter aux prochaines présidentielles d’avril 1981 et Rocard est dans les starting-blocks ». Sauf que cela ne va pas se passer du tout comme cela et le congrès socialiste de Metz, 18 mois plus tard va mettre un terme aux ambitions élyséennes (à celles-là au moins) de Michel Rocard. Le « vieux » avec force rouerie, manœuvres et autres alliances tactiques, va réussir à marginaliser le tandem Rocard-Mauroy et sauver sa tête comme premier secrétaire du PS. Ce qui l’aura sauvé ? L’obstination et le jeu permis par l’appareil… Et un formidable réseau d’élus locaux tissés avec la patience d’une araignée construisant sa toile, depuis près de 10 ans alors…

François Hollande maintenant. En 2005, là encore le contexte est très différent. S’il est question d’Europe en 2005, ce n’est pas pour le renouvellement du Parlement européen. François Hollande va montrer, dans cette séquence, qu’il n’est pas capable de tirer les leçons d’un conflit ou d’une trahison. C’est très ennuyeux quand il s’agit de montrer des qualités potentielles d’homme d’Etat et de futur président de la République. Ce n’est pas rédhibitoire dans un parcours politique : la suite du sien va le prouver sept ans plus tard. De quoi s’agit-il ici ? Le 1er décembre 2004 un référendum interne au Parti Socialiste dont le poste de premier secrétaire est assumé depuis 1997 par François Hollande, se prononce majoritairement pour le « Oui » au TCE, le Traité Constitutionnel Européen. Ce référendum obtient 58% des votes militants. Peu de temps après, Laurent Fabius et d’autres cadres dirigeants importants du PS (Emmanuelli, Mélenchon, Dolez, etc.), en contradiction totale avec le résultat du référendum interne et contre la ligne majoritaire au PS, appellent à voter « non » au référendum sur le TCE le 29 mai 2005. Ils ne sont pas exclus du parti alors que c’est ce qu’aurait dû faire François Hollande. Le 4 juin 2005, face à la victoire nationale du « non » (près de 55%), Laurent Fabius et ses amis sont exclus du secrétariat national… Bien maigre sanction et conséquence pour celui qui a choisi le « non » par pur opportunisme politique montrant ainsi d’ailleurs qu’il n’avait pas l’étoffe d’un homme d’Etat. Mais le plus grave n’est pas dans les petites manœuvres de Monsieur Fabius, coutumier du genre et habitué du style. Il réside dans le fait que les sondages réalisés en « sortie des urnes » ne tardent pas à révéler qu’une majorité de l’électorat socialiste a voté « non ». Et donc que le vote interne à l’organisation socialiste, le 1er décembre 2004 était, soit « arrangé » et « bidouillé » (ce qui, compte tenu des pratiques propres au PS n’était pas exclu), soit, plus vraisemblablement, que la masse des cadres dirigeants socialistes et celles des adhérents n’était plus en phase avec l’électorat socialiste lui-même. Et c’est en ce sens que l’on peut dire que la séquence désastreuse du référendum sur le TCE de 2005 peut être considérée, à bon droit, comme la première vraie rupture survenue en France entre les « élites » et le « peuple ». Autrement dit le discrédit qui s’amorce alors entre ces deux « catégories » va bien au-delà de la petite personne de François Hollande qui va d’ailleurs parfaitement réussir à surnager des méandres tumultueux et boueux du congrès socialiste du Mans, en 2006, d’où il va ressortir inamovible premier secrétaire plus « synthétique » que jamais. On peut dire que le discrédit dont va souffrir Hollande en mai 2005 est juste « prémonitoire » de la grande lessive qui va s’abattre sur toute la classe politique en mai 2017 et dont les Européennes de 2019 ne sont que la réplique sismique…

C’est la raison pour laquelle aussi bien Chirac en 1988-1990, que Sarkozy en 1999 et Mitterrand en 1978 et Hollande en 2005 ont pu se « refaire une santé » après leur déconvenue passagère (ou si l’on préfère leur « trou d’air ») qu’ils ont vécue chacun séparément. Leur chute n’était qu’une embardée et s’ils faillirent être désarçonnés ils se rattrapèrent grâce à d’autres échéances, d’autres épreuves et d’autres déconvenues de leurs concurrents. En 1981 c’est bien parce que Rocard s’est emmêlé dans un « Appel de Conflans » en 1980 totalement raté suite à un congrès de Metz en 1979 où il a montré  qu’il ne savait pas jouer avec l’appareil du parti que Mitterrand a vu se dégager l’horizon pour filer victorieux vers l’Elysée le 10 mai 1981. En 1995 c’est bien la défaite de son redoutable adversaire interne, Edouard Balladur, qui permet à Jacques Chirac de battre Lionel Jospin au second tour présidentiel et d’entrer, après trois tentatives, victorieux à l’Elysée. En 2004 c’est bien parce que Juppé est judiciairement « out » que Sarkozy prend le contrôle du tout nouvel UMP et amorce un parcours rectiligne et sans aucune faute jusqu’à la victoire présidentielle de 2007. En 2012 c’est bien parce que Ségolène Royal échoue en 2007, qu’elle ne comprend rien à ce qu’aurait pu lui rapporter le ralliement de François Bayrou entre les deux tours de la présidentielle qu’elle devra laisser la place à un autre socialiste au tour suivant malgré sa nouvelle candidature à la primaire de novembre 2011 ; c’est bien parce que Dominique Strauss-Kahn est sorti du jeu au Sofitel de New-York le 14 mai 2011 que François Hollande peut gagner la primaire citoyenne de l’automne 2011 et l’emporter en mai 2012 contre le président sortant Nicolas Sarkozy, par ailleurs  « plombé » par les « affaires ». En politique il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut que la concurrence ait des ennuis…

Ce qui affecte Laurent Wauquiez est bien plus lourd que ce qui a pu toucher ses trois prédécesseurs. La question d’ailleurs ici n’est pas le personnage en tant que tel. L’homme est peu estimé. Il ne fait sans doute rien pour être vraiment estimable. Mais l’essentiel n’est pas là. Laurent Wauquiez souffre d’un mal bien plus profond que ce que peut inspirer aussi bien sa personne, sa ligne politique, ses actes et ses choix. La période actuelle dont on a dit qu’elle trouve certainement ses premières manifestations au milieu de la décennie 2005, avec sans doute aussi à gauche, des prémisses survenus lors du premier tour de la présidentielle de 2002 avec l’éparpillement des candidatures et la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour, cette période se caractérise par une perte de crédit totale pour toute organisation et toute structure partisane. Dans ces conditions comment, quand on en est le chef,  survivre à l’effondrement de la pyramide ? Voilà ce qui a conduit Laurent Wauquiez à la démission. Preuve que le mal qui frappe LR est beaucoup plus profond que les défauts qui seraient attachés à sa seule personne et croire qu’en le sacrifiant on règle les problèmes de LR c’est, encore une fois, une grosse erreur.

Débarrassé d'une figure clivante au sein de l'électorat du parti, comment les LR peuvent-t-il désormais s'en sortir pour (s'il y a espoir) rallier de nouveau la droite ? Comment réhabiliter le parti auprès de ses électeurs ?

En faisant en sorte de proposer des sujets et des orientations qui vont venir mordre sur les thèmes développés par le Rassemblement National pour essayer de reconquérir une part de l’électorat perdu. Mais il est sans doute trop tard pour cela. D’ailleurs le RN l’a fort bien compris et au-delà du RN celle qui a vocation à devenir la « fédératrice de la droite tout entière » (donc RN et LR) : Marion Maréchal-Le Pen qui est, comme par hasard (et donc évidemment pas du tout par hasard) ressortie opportunément de son silence ce dimanche 1er juin pour envisager les pistes d’un grand rassemblement conservateur à venir… Pas certain que sa tante apprécie la démarche. Raison de plus pour que la nièce réapparaisse sur la scène de la droite, au milieu des décombres de LR et pas très loin des intentions marinolepénistes…

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