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Dictées et calcul mental : Najat Vallaud-Belkacem tente de limiter les dégâts sur la réforme de l’école dont personne ne veut
©Reuters

Mesures de façades

Najat Vallaud-Belkacem dévoile les grandes lignes des programmes scolaires du CP à la troisième pour la rentrée 2016. Des mesures traditionnelles... Qui ont visiblement surtout une visée électorale, alors que les enseignants s'éloignent du PS et que les élections régionales approchent.

Pierre Duriot

Pierre Duriot

Pierre Duriot est enseignant du primaire. Il s’est intéressé à la posture des enfants face au métier d’élève, a travaillé à la fois sur la prévention de la difficulté scolaire à l’école maternelle et sur les questions d’éducation, directement avec les familles. Pierre Duriot est Porte parole national du parti gaulliste : Rassemblement du Peuple Français.

Il est l'auteur de Ne portez pas son cartable (L'Harmattan, 2012) et de Comment l’éducation change la société (L’harmattan, 2013). Il a publié en septembre Haro sur un prof, du côté obscur de l'éducation (Godefroy de Bouillon, 2015).

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Atlantico : La teneur de ces programmes semble renouer avec la rigueur de l'Education Nationale. Pensez-vous qu'il s'agisse d'une volonté réelle de "refondation" de l'école ou d'un renoncement de façade destiné à récupérer du soutien politique ?

Pierre Duriot : Comment pourrait-on expliquer pareil revirement ? Suppression de la note de vie scolaire au collège, empoignades sur la théorie du genre, appel permanent à une bienveillance dont les professeurs se demandent en définitive si cela ne correspond pas à une incitation à l'impunité, tant sur le travail que sur le comportement, accompagnement des sorties scolaires en primaire par des femmes voilées, confrontations sur le latin et le grec, attaques régulières contre le système de notation, largesses sur les notes au baccalauréat, révision des programmes d'histoire et de philosophie (cf. Bruno Riondel et son ouvrage sur le sujet), irruption de la lutte contre l'homophobie à l'école… d'une certaine manière, la coupe est pleine pour les professeurs dont les analystes disent qu'ils se désolidarisent furieusement de leur ancrage traditionnel au PS. Nous sommes à deux mois d'une échéance électorale, certes traditionnellement peu suivie mais qui aura valeur de test à un an et demi de la présidentielle. Il est urgent de se repositionner pour un gouvernement régulièrement accusé par ses opposants et même de plus en plus par ses partisans, de casser les valeurs, la culture et de niveler par le bas. L'enseignement dispensé aux enfants des électeurs a toujours été un enjeu électoral de premier ordre et les français veulent des enfants instruits, préparés au mieux à entrer dans la vie professionnelle. Un coup de brosse dans le sens du poil ne nuit donc pas au vu des sondages catastrophiques paraissant régulièrement.

Que pensez-vous plus précisément du recul sur le système de notation ? Comment l'expliquez-vous ?

Un recul pour mieux sauter... Mais plus tard. A la vérité, le système de notation ne dérange personne et surtout pas les parents qui l'ont eux-mêmes vécu, qui y voient un étalonnage fiable et qu'ils comprennent parfaitement. Que l'on explique en quoi un système de couleurs, de lettres ou une notation de un à cinq pourraient être moins "traumatisants" que les notes habituelles ? Certes, elles sont facteurs de différences d'appréciation et peuvent varier selon le professeur qui note, mais cela a toujours été le cas. Un peu comme les erreurs d'arbitrage font partie du jeu. L'acceptation des imperfections humaines qui vont une fois dans votre sens et contre vous la fois d'après, fait aussi partie des apprentissages de la vie. Non, ce qui dérange, ce sont les mauvaises notes et encore, uniquement celles de votre enfant ! Encore une fois, en haut lieu on a sans doute jugé bon de limiter les dégâts réels ou perçus.

En quoi cette mesure peut-elle constituer une démarche électorale ?

Elle va dans un sens de l'actualité, très palpable en ce moment avec la crise des migrants, avec l'installation de plus en plus prégnante de l'islam dans notre pays, par des entorses aux principes républicains, avec le forçage "multiculturel", avec la culpabilisation orchestrée en toutes circonstances du blanc raciste et xénophobe. Les Français veulent majoritairement des contrôles aux frontières, tiennent à leur culture, leurs racines, leur identité, leur histoire, à l'intégration autour des valeurs républicaines aussi, plus qu'au multiculturalisme. Ils se ruent sur les manifestations des terroirs, les plats traditionnels, le folklore, même revisité, la généalogie, redemandent de l'école d'antan, de l'éducation… c'est incontournable car lié à la nature même, mammifère, qui nous structure. Nous sommes grégaires et notre besoin primaire est celui des repères qui assurent notre sécurité physique et psycho-affective. Et une doctrine conceptuelle mondialiste matraquée à outrance commence véritablement à plus insupporter les Français qu'à les séduire. Ce constat est également valable dans les autres pays d'Europe où, comme chez nous, les discours nationalistes ou souverainistes ont le vent en poupe. Retour aux valeurs donc : morale, éducation civique, dictée, lecture à haute voix… montrer que l'on se préoccupe (à nouveau) de la France, du français et des Français.

Quelles mesures concrètes proposeriez-vous pour remettre de la rigueur dans le système éducatif actuel ?

Les mesures à mettre en place sont innombrables et connues, mais il faut surtout changer la philosophie du système, qui préconise de "placer l'enfant au centre", de tout, pour le livrer à une société où il ne sera plus jamais le centre de rien. C'est totalement schizophrénique. C'est à l'enfant de faire un effort d'adaptation et pas au système de se contorsionner aux limites de sa souplesse pour faire plaisir à l'enfant et à ses parents. Il faut également ressortir des programmes, tout ce qui correspond à des tâches éducatives familiales, se faire confiance entre adultes, parents et professeurs, plutôt que de s'affronter sur la base des récriminations du petit : remettre l'enfant à sa place d'enfant en famille et à sa place d'élève à l'école. On peut citer en vrac, dédramatiser l'erreur, s'appuyer sur les solutions apportées à des échecs plutôt que sur d'artificielles situations de réussite, sortir du dogme de l'apprentissage sans effort et sans contrainte, privilégier les démarches expérimentales et scientifiques, mieux former les profs, remettre de la rigueur vestimentaire, comportementale, langagière, chez les enfants et les adultes. Tout cela n'est pas encore au programme. Pour l'heure, il y a sans doute des yeux braqués sur les sondages, les échéances électorales et un art de la politique qui consiste à déplacer des taupinières en faisant croire que ce sont des montagnes.

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