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Tic tac... Grèce : la faillite toujours plus proche
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Faux espoir

Les réunions entre le lobby bancaire grec et le gouvernement s'enchainent à Athènes pour finaliser l'accord sur l'effacement d'une partie de la dette du pays. Si l'UE s'attend à un accord rapide, un désaccord de seuls quelques créanciers pourrait plonger le pays en faillite dès le mois de mars.

Florin Aftalion

Florin Aftalion

Florin Aftalion est professeur émérite à l'ESSEC.

Il a enseigné l’économie et la finance aux universités de New YorkNorthwestern et de Tel-Aviv. Il a cofondé la collection Libre Echange aux Presses universitaires de France

Son dernier ouvrage est  « Crise, Dépression, New Deal, Guerre », publié en 2012 aux éditions Economica

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En octobre dernier, on a cru, une fois de plus, la Grèce sauvée de la faillite... Les dirigeants de l’Union européenne avaient fini, au bout d’âpres négociations, par convenir d’un plan de réduction de la dette grecque.

L’accord prévoyait que l’endettement de la Grèce envers ses créanciers privés serait diminué de 50 %. Cette restructuration devait être volontaire, c’est-à-dire obtenue avec l’assentiment des dits créanciers. Plus précisément, les quelques 200 milliards d’euros détenus par des créanciers privés devraient être échangés contre de nouveaux instruments d’une valeur nominale moitié moindre. La durée de ces instruments et leurs coupons sont encore à ce jour l’objet d’intenses négociations entre les représentants du gouvernement grec et ceux de leurs créanciers privés. Et ces négociations tardent à aboutir.

Les créanciers privés disent ne pas accepter un taux d’intérêt inférieur à 4 % (car même à ce taux leurs créances seraient réduites de quelques 70 % de leur valeur initiale). En revanche, pour le gouvernement grec, ce taux est excessif.

Jean-Claude Junker, au nom de l’Eurogroupe, prétend que la Grèce ne devrait pas payer plus de 3,5 % d’intérêt, si l’on veut qu’en 2020 la dette de ce pays ne représente pas plus de 120 % de son PIB. Bien sûr, Bruxelles n’est pas directement partie prenante aux négociations. Cependant, les pays de l’Eurozone, Allemagne en tête, ont tout intérêt à ce que la Grèce soit tirée d’affaire. Faute de quoi, ils risquent d’avoir un jour ou l’autre à remettre la main à la poche. Le FMI partage le même point de vue, car moins la Grèce donnera d’argent à ses créanciers privés, plus les chances que l’Organisation de Washington puisse récupérer l’intégralité de sa propre créance sur ce pays seront grandes.

Dans le bras de fer qui se joue entre créanciers privés et gouvernement grec (soutenu par l’Eurogroupe et le FMI), les premiers détiennent une carte maîtresse. Le fait que leur accord à une modalité de restructuration doive être « volontaire », sous peine que plan de sauvetage devienne caduc, leur donne un moyen de pression (pour ne pas dire de chantage). Il suffirait du désaccord d’une minorité de créanciers pour que la Grèce soit considérée « en défaut ». Mais, un taux d’intérêt trop bas, même approuvé par les négociateurs du secteur privé, ne risque-t-il pas de provoquer l’intransigeance de cette minorité, et faire dérailler l’accord ? Et certaines institutions ne veulent-elles pas que la réduction de la dette grecque ne soit pas reconnue comme volontaire par les agences de notation, afin de faire jouer les instruments d’assurance (les fameux Credit Default Swaps) qu’elles détiennent ?

Le 20 mars prochain, la Grèce aura à renouveler une créance d’un montant de 14,5 milliards d’euros. Ce qu’elle ne sera en mesure de faire que si ces fonds lui sont prêtés par ses partenaires européens dans le cadre du plan de sauvetage, lui-même conditionné par le règlement de la question de la restructuration de sa dette. Et à condition que les réductions budgétaires et les réformes structurelles promises par son gouvernement actuel restent crédibles. Ce qui, malheureusement ne semble pas être le cas. Il paraît donc fort probable que cette fois la Grèce ne puisse plus être sauvée de la faillite !

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