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Cette effarante dette britannique dont se soucient peu les agences de notation...
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Abysses

Standard & Poor’s a dégradé la note de neuf pays européens condamnant la politique économique de leurs gouvernements, mais qu’en est-il de l’économie britannique dont la dette continue d’augmenter depuis la crise de 2007-2009 ?

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn est spécialiste de l’histoire politique et économique du Royaume-Uni et proche du monde politique anglo-saxon.

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Le Royaume-Uni est aujourd’hui confronté à de nombreux défis : inflation élevée, faible croissance économique, manque de liquidités et surtout un déficit public élevé et une dette nationale effarante. En effet, si l’on ajoute la dette publique et la dette privée (prêts, dette des ménages, des entreprises et du secteur financier), la dette britannique a atteint 507% du PIB au deuxième trimestre de 2011, derrière le Japon, mais devant les États-Unis qui ont un niveau d’endettement de 279% du PIB.

Le Royaume-Uni a connu une augmentation graduelle de sa dette publique entre 2002 et 2007, passant de 30% à 37%. Depuis 2008, la dette britannique a connu une montée en flèche liée à la récession (baisse de recette des impôts, augmentation des allocations chômage), au déficit structurel et au renflouement des banques Northern Rock, Royal Bank of Scotland et Lloyds.

À la fin de l’année 2008, le cabinet de consultants McKinsey avait déclaré que le Royaume-Uni était la plus endettée des économies occidentales avec une dette de 487% du PIB. Cette dette colossale a déclenché la crise économique de 2008 et a entraîné le monde dans la plus grande récession depuis 1930. Depuis le 11 mai 2010, le gouvernement de coalition s’est engagé à réduire les déficits publics et la dette publique, mais la dette totale du Royaume-Uni (dette publique et dette privée cumulée) continue à augmenter. 

La structure de la dette britannique a certes évolué depuis 2008. Au deuxième trimestre 2011, la dette des entreprises était tombée à 109% du PIB, la dette des ménages s’élevait à 98% du PIB, la dette publique avait atteint 81% du PIB, mais la dette des institutions financières avait franchi le seuil des 219% du PIB.

Il existe une grande différence entre les différents types de dettes. Depuis 2008, les ménages britanniques ont réduit leur endettement face à la crise économique. En revanche, loin de baisser, la dette des institutions financières britanniques a continué à augmenter. L’ampleur de cette dette reflète l’importance des services financiers britanniques et de la City de Londres. La baisse des taux d’intérêt et la création monétaire de 275 milliards de livres (politique de quantitative easing menée par la Banque d’Angleterre) ont rendu la dette supportable.

Le Premier ministre britannique David Cameron a comme priorité de réduire le déficit public et la dette publique d’ici à 2015 et son ministre des Finances George Osborne a mis en place des mesures draconiennes présentées dans son budget d’austerité le 22 juin 2010 et dans son second budget le 23 mars 2011. La politique économique du gouvernement a commencé à porter ses fruits et la dette publique britannique a baissé par rapport à 2010 et représente 81% du PIB en 2011, ce qui est un chiffre raisonnable à côté de la dette publique japonaise qui a atteint 194% du PIB ou de la dette publique italienne qui s’élève à 100% du PIB.

Ce phénomène n’est pas nouveau au Royaume-Uni qui a déjà connu une dette publique supérieure à celle qu’elle connaît aujourd’hui. Pendant la deuxième Guerre Mondiale et dans l’après-guerre, la dette publique s’élevait à 180% du PIB en 1943 et était montée à 230% du PIB en 1947. En 2011, le coût de la dette publique reste élevé puisque le gouvernement britannique a dû payer 48,6 milliards de livres d’intérêt pour sa dette (soit 3% du PIB). La dette publique britannique risque d’avoir un effet négatif sur le taux de change et sur les taux d’intérêt. La dette britannique devrait atteindre 71% du PIB en 2013-2014 et retomber à 69% du PIB en 2015-2016.

Le niveau de la dette totale britannique réduit les investissements et la consommation et rend la sortie de crise plus difficile. En effet, dans un contexte où les entreprises, les banques et les consommateurs tentent de réduire leur niveau d’endettement, le niveau de la demande baisse.

Quelle thérapie trouver à la dette abyssale que connaît le Royaume-Uni aujourd’hui ? Depuis juin 2010, le gouvernement britannique a adopté les mesures nécessaires pour contenir la dette publique en réduisant de 25% le budget des ministères et en luttant contre le gaspillage, mais ne devrait-il pas s’alerter de l’augmentation de la dette des institutions financières ?

Le taux d’endettement des institutions financières peut certes paraître énorme, mais les actifs des plus grandes banques britanniques sont de quatre fois et demi supérieures au PIB du Royaume-Uni. Le ministre des Finances George Osborne a tiré la sonnette d’alarmer et veut rééquilibrer l’économie britannique en accordant une plus grande place à l’industrie.

Surtout, le Royaume-Uni dispose d’une marge de manœuvre supérieure aux autres pays de la zone euro dans la mesure où il a conservé sa monnaie et a la haute main sur sa politique monétaire et fiscale. En outre, l’indépendance de la Banque d’Angleterre est un atout considérable pour le Royaume-Uni.

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