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Pourquoi ne pas dépénaliser 
la fraude fiscale tant qu'on y est ?
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Drogues douces

Le débat autour de la dépénalisation des drogues douces lancé par le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, occulte souvent un certain nombre de vérités scientifiques et tend vers un certain angélisme. Le point sur les faits avec le Dr Olivier Halleguen, médecin psychiatre et expert auprès la Justice.

Olivier Halleguen

Olivier Halleguen

Olivier Halleguen est médecin psychiatre. Chef de service au centre hospitalier d'Erstein, il est également expert auprès de la Cour d'appel de Colmar.

 

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A l’occasion de récents évènements dans une banlieue dite difficile, il a été, à nouveau, question de la dépénalisation du cannabis.

Je me contenterai de rappeler que le cannabis, dont le principe actif est le tétrahydrocannabitol (THC), est connu de longue date pour ses propriétés psychoactives, mais aussi qu’il est pourvoyeur d’un certain nombre d’affections physiques et mentales. La littérature sur le sujet est abondante et obéit aux méthodologies les plus rigoureuses.

Il n'y a pas de drogues douces !

Pourtant, on continue de réclamer à intervalles réguliers, sa dépénalisation, entendons sa vente libre sans entraves. Les arguments souvent repris sur le sujet sont de  trois ordres. Premièrement , le cannabis, par l’économie parallèle qu’il génère, est source de violence et maintient les populations de certains quartiers dans un état de dépendance vis a vis du crime organisé. Deuxièmement, que d’autres toxiques sont en vente libre au premier rang desquels l’alcool et le tabac. Troisièmement, qu’il s’agit d’une drogue douce et qu’il vaut mieux prendre une drogue douce que de prendre de l’alcool ou du tabac.

Pour ce dernier argument, nous l’avons déjà vu, la littérature spécialisée est unanime : il n’y a pas vraiment de drogues douces, c’est a dire de drogue anodine tant dans ses effets immédiats qu’à long terme. Le cannabis ne fait pas exception.

En circulation

D’autres drogues sont déjà en vente libre ?  Bien entendu : depuis toujours et a de rares exceptions l’alcool est écoulé librement, ainsi que le tabac. Nous connaissons les dégâts induits par de telles substances. Faut-il pour autant en ajouter de nouvelles en espérant que leurs présence suffira a effacer celles qui sont déjà en circulation ? Hélas, en matière de substances psychoactive, nous savons que si la substitution évite certains inconvénients (comme la diminution du risque infectieux), elle ne se substitue que partiellement aux produits déjà implantés et crée souvent de nouvelles dépendances. Ajoutons, pour prendre l’exemple des TSO (thérapies de substitution aux opiacés), et pour faire la transition avec le premier type d’argument, qu’ils n’ont aucunement arrêté le trafic d’héroïne (source OCRTIS).

Naïveté

Et c’est là que nous arrivons à ce qui à mon sens constitue l’argument le plus dangereux en terme sociétal : la dépénalisation comme solution à un état de fait ou, dit autrement, l’abdication de la puissance publique devant une violation flagrante de la loi, dont elle est pourtant garante.

Il faut faire preuve au mieux d’une grande naïveté pour s’imaginer que les filières cesseront immédiatement leurs activités fort lucratives si le cannabis venait a être dépénalisé. Mais en plus, cela donnerait le signal que l’état n’a plus la volonté d’appliquer la Loi et qu’il suffit pour le faire céder de la violer un nombre suffisant de fois.

Déplacement de la transgression

Par ailleurs, les adolescents, qui sont les premiers consommateurs du cannabis, transgressent ce faisant les règles établies par les adultes. Transgression qui n’en serait plus une en cas de dépénalisation. Or, nous le savons, l’adolescent s’individualise aussi, par la transgression d’un certain nombre de règles. Et nous voyons de suite où une démarche de dépénalisation peut nous amener, dans le cadre des substances psychoactives. Puisque l’interdit est ailleurs, plus loin (l’héroïne, le crack, la cocaïne), allons le transgresser.

Je suis certain qu’il ne faudra alors pas attendre longtemps avant que de nobles esprits, toujours avec le même type d’arguments, proposent la dépénalisation de tous les stupéfiants. J’apporte à mon tour un souffle au vent de liberté qui se lève et  propose par conséquent de dépénaliser la fraude fiscale qui, elle au moins, est sans danger pour la santé de nos concitoyens.

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