Le nouveau scandale Renault<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le nouveau scandale Renault
©

Editorial

Renault ne joue pas tricolore : moins de 20 % des voitures au losange sont produites dans l’Hexagone. Ses nouveaux moteurs partent en Espagne et en Roumanie. Que fait l’Etat actionnaire ?

Renault est-il encore un constructeur français ? Les jeunes générations – les moins de 40 ans - ignorent que la marque au losange a longtemps été une entreprise publique, Louis Renault ayant été puni pour sa -contestée- collaboration  avec l’Allemagne. On sait aujourd’hui que c’est surtout la CGT qui voulait mettre main basse sur la Régie au lendemain de la guerre, pour en faire un bastion.

Ce qu’elle fût, et est encore un poco d’ailleurs.  

En 1996, avant la fusion Renault-Nissan opérée trois ans plus tard, l’Etat possédait 46 % du constructeur automobile. En 2011, 15 %, et deux administrateurs au conseil de surveillance.

Ce que les jeunes générations ignorent encore, c’est que dans les années 80, un client de Renault payait deux fois sa voiture. En l’achetant, et en payant ses impôts ! Le sauvetage de la Régie, lourdement déficitaire des années durant, a coûté plusieurs milliers de francs d’alors par foyer fiscal.  Rouler en Renault, c’était un peu une sorte de niche fiscale, un moyen facile de récupérer un peu de ses impôts…

Aujourd’hui, Renault est en « bonne santé ». Après avoir perdu 3,12 milliards d’euros en 2009, la marque au losange a réalisé un bénéfice net de 3,42 milliards en 2010, grâce cependant à 2 milliards d’euros de vente d’actifs, essentiellement ses parts dans Volvo.

Une Peugeot sur trois produite en France, contre une Renault sur cinq...

Résultat d’une bonne gestion ? Sans aucun doute : Des usines Renault il y en a partout en Europe, dans les pays à faible coût de main d’œuvre : Espagne, République Tchèque, Roumanie…  Tant et si bien que moins d’une Renault sur cinq est fabriquée en France.

En face, Peugeot Citroën (PSA), qui n’a pas une goutte d’argent public à son capital – mais a bénéficié comme Renault du prêt de secours de 6 milliards d’euros après la crise économique de 2008, prêt en grande partie déjà remboursé – PSA donc, produit… 37 % de ses voitures en France. Plus d’un tiers des 3,6 millions de voitures vendues en 2010 aux quatre coins de la planète, avec un lion ou des chevrons sur la calandre, ont donc été construites à Sochaux, Poissy, Sevelnord, Aulnay, Rennes ou Mulhouse.

Quel résultat sur les comptes ? Peugeot a gagné 1,13 milliard d’euros en 2010, soit à peu de choses près autant que Renault, hors cessions d’actifs !

Il faudra m’expliquer comment Renault a pu faire croire pendant toutes ces années que son modèle était vertueux. Oui, une entreprise « française » conquérante, croquant Nissan (même si c’est le japonais le gros du couple dans les faits), rachète Dacia, ouvre des usines partout en Europe, ça fait chic.

Mais à quel prix ? Le prix de l’emploi, en France. Que les deux nouveaux moteurs de Renault, H4 et H5, partent en Roumanie et en Espagne, quand Peugeot annonce le même jour que ses nouveaux moteurs à lui seront fabriqués en Moselle et dans le Pas de Calais, n’est qu’un coup porté de plus à la logique évidente de patriotisme industriel, pourtant pratiqué par 100 % des pays du monde. Et quand le coup vient d’une entreprise dont l’Etat est actionnaire, avec deux administrateurs au conseil de surveillance, on se demande vraiment où ils avaient la tête.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !