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Décharges radioactives : ces cartes manipulées avec lesquelles Greenpeace essaye de nous faire peur
©FRED TANNEAU / AFP

Déchets nucléaires

L'ONG Greenpeace a publié sur son site internet une carte de la France affichant les 70 principaux lieux de stockage des déchets nucléaires.

Tristan Kamin

Tristan Kamin

Tristan Kamin est ingénieur en sûreté nucléaire. Son compte twitter : @Tristankamin

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Greenpeace vient de publier une carte des déchets radioactifs, reprise par le site du Parisien. Seulement celle du Parisien est allégée, il n'y a pas autant de points sur la carte. Comment expliquez-vous cette différence criante ? 

Tristan Kamin : Les deux cartes ne diffèrent pas par leur contenu. Seulement, là où Greenpeace affiche 70 sites de stockage ou d'entreposage de matières et déchets radioactifs (en orange foncé) et 56 sites, dont la sélection semble relativement arbitraire, liés au transport de matières (en orange clair), le Parisien permet d'afficher soit les premiers, soit les seconds, soit les deux. 
Ainsi, lorsque l'on cherche où sont entreposés ou stockés des matières ou déchets radioactifs, on y voit bien plus clair sur la carte du Parisien que sur celle de Greenpeace où il faut mentalement filtrer les points orange clair des points orange foncé.

De son côté, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs publie une autre carte, tous les trois ans, qui semble à la fois plus précise et moins fournie. Que dit cette carte de l'Andra et en quoi vous semble-t-elle plus pertinente que celle de Greepeace ? 

La carte de Greenpeace ne donne que quelques généralités sur le site de transport, d'entreposage ou de stockage indiqué : types de transport, taille et âge de la centrale nucléaire...
La carte de l'ANDRA donne accès à une profusion d'information assommante. Année par année (sur la période 2013-2017), la carte de l'Inventaire de l'Andra détaille le type de déchets (barres de contrôle du réacteur usées, filtres, gravats, solvants, sacs de déchets, fûts, caissons métalliques...), les volumes associés, éventuellement (mais pas toujours) les quantités de radioactivité et les radionucléides concernés, la catégorie de déchets (faible activité à vie courte, moyenne activité à vie longue...), et une catégorisation plus fine qu'ils appellent « famille », par exemple « filtres et déchets irradiants cimentés en conteneur béton EDF ». 
Ainsi, l'inventaire de l'ANDRA se veut le plus détaillé possible, et, qui plus est, libre d'accès, avec la possibilité de télécharger un PDF résumé pour tel ou tel site ou le tableur de tout l'inventaire.
Au regard de cette quantité de données publiques, la valeur ajoutée par Greenpeace sur leur propre carte, outre ces points de transports assez vaguement définis, réside dans la suppression de l'essentiel de l'information diffusée en toute transparence par l'ANDRA. 

Sur quelles données fiables peut-on s'appuyer pour comprendre la répartition géographique et l'ampleur de la présence de déchets radioactifs en France ?

En termes de fiabilité, l'inventaire de l'ANDRA est la source primaire pour obtenir des informations sur le sujet - même Greenpeace repose sur ces données-là, sans les remettre en question.Toutefois, la carte permet de retrouver des données, pas de les visualiser. À cette fin, les Échos proposent une pertinente infographie permettant de visualiser les quantités de déchets et leur localisation, dans l'absolu et pour les différentes catégories. 
Il faut néanmoins comprendre qu'en raison des ordres de grandeur très éloignés entre les quantités de déchets de très faible à moyenne activité, à vie courte, qui se comptent en centaines de milliers de mètres cubes, et les déchets de moyenne et haute activité à vie longue, qui se comptent en milliers de mètres cubes, les visualisations graphiques demeurent toujours limitées en clarté. L'idéal est alors d'en revenir aux nombres et de les comparer entre eux. Ce que ne permet pas la carte de Greenpeace, édulcorée des détails secondaires comme... Les volumes de déchets.
Notez que je crains d'être assez peu disponible pour approfondir ou expliquer certains points si besoin est, départ en vacances oblige.

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