Débat législatives 2024 sur TF1 : à chacun ses boulets...<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Bompard, Jordan Bardella et Gabriel Attal ont participé à un débat sur TF1.
Manuel Bompard, Jordan Bardella et Gabriel Attal ont participé à un débat sur TF1.
©STEFANO RELLANDINI / AFP

Dernière ligne droite

Le Premier ministre Gabriel Attal, le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, et le coordinateur national de La France Insoumise, Manuel Bompard se sont opposés sur la défense du pouvoir d'achat, la double nationalité, les retraites et l'immigration mardi soir lors d'un débat sur TF1 à quelques jours du premier tour des législatives.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Pas facile pour Gabriel Attal, Premier ministre sortant, d’être placé au centre du demi-cercle, encadré par deux adversaires, Jordan Bardella et Manuel Bompard  qui vous détestent et se détestent, et détestent encore plus Emmanuel Macron dont il est (- malgré tout),  le représentant sur ce plateau… L’exercice n’était pas facile non plus pour Jordan Bardella, futur Premier ministre proclamé par le RN, d’avoir réponse à tout dans un contexte de préparation express à gouverner le pays ; et l’exercice était tout aussi difficile pour Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, l’homme politique le plus détesté de France. Ce troisième débatteur l’avait bien compris puisqu’il a préféré le costume-cravate au jean-chemise col ouvert habituel, et arborait un sourire qu’on ne lui connaissait pas,  pour dérouler son programme de manière totalement assumée. Pour montrer aux électeurs de La France Insoumise qu’il ne reniait rien, il avait pris soin de ne convier que des élus de son parti, dont les « emblématiques » Louis Boyard, sage comme une image pour l’occasion, et Danièle Obono, plus connue pour ses punchlines que pour faire tapisserie dans une assemblée.

Si un tel débat ne fait généralement pas bouger les intentions de vote, il permet cependant de préciser les programmes… Et à cet égard, l’échange d’hier n’a pas failli. Le pouvoir d’achat, préoccupation numéro un des Français ? Jordan Bardella promet une baisse de la TVA de 20 à 5% pour les produits de première nécessité et les prix des carburants ; Manuel Bompard veut un blocage des prix… et Gabriel Attal ne « veut pas faire croire à la lune », en assurant que ces mesures sont inefficientes… Tous les trois veulent des hausses de salaires, grâce à des primes pour Gabriel Attal, grâce à la hausse du SMIC pour Manuel Bompard… Cela a chauffé davantage pour les retraites, dont la réforme est l’un des boulets du gouvernement. Gabriel Attal propose la mise en place d’un bonus/malus sur les entreprises qui licencient les séniors, mesure « censurée par le Conseil constitutionnel », à l’époque. Les retraites pourraient également devenir de vrais boulets pour le RN comme pour le Nouveau Front Populaire. En suivant ce débat, on a compris que le slogan « retour immédiat de la retraite à 60 ans » n’irait pas de soi, lorsqu’il a fallu entrer dans les détails… Pour Manuel Bompard « la loi sur les retraites sera abrogée et l’âge légal de départ à la retraite sera rétabli à 60 ans, plus tard ». Il faut d’abord « ramener l’âge de départ à la retraite à 62 ans et ensuite, avant 2027, déposer une proposition de loi pour ramener l’âge de départ à la retraite à 60 ans  et quarante annuités de cotisation ». Quant à Jordan Bardella , il « souhaite que ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans, parce que ce sont les gens qui ont les métiers les plus difficiles, puissent partir avec un temps de cotisations de 40 annuités et un âge de départ légal de 60 ans ; mais pour une personne ayant commencé à travailler à 24 ans, elle ne partira qu’à 66 ans, après 42 années de cotisations. Les impôts ?… Oui, les impôts vont augmenter pour les «  riches » , et surtout les super-riches… Il faudra trouver les 150 milliards pour financer le programme du nouveau Front Populaire, explique en souriant, Manuel Bompard. Non, « les impôts n’augmenteront pas avec nous, » assure Gabriel Attal. Quant au président du RN, il veut exonérer les moins de trente ans de l’impôt sur le revenu, ce qui lui a valu la réplique de Gabriel Attal : « vous allez vous exonérer l’impôt sur le revenu ? ». Bref il y a du flou dans ce domaine au RN… Aucune hésitation en revanche sur les questions de sécurité, et d’immigration… Il ne veut pas entendre des revirements de Madame Meloni sur l’accueil de travailleurs immigrés, et la  proposition du RN d’interdire certaines fonctions aux bi-nationaux fait polémique. C’est déjà le cas pour certaines fonctions ;  alors lesquelles sont visées par Bardella ? « Un Français sur quatre a un ancêtre étranger », avance Gabriel Attal, qui parle des bi-nationaux qui se «  sentent humiliés », et lance un petit SCUD bien préparé, à l’intention de Jordan Bardella : la conseillère technique du groupe dont fait partie le RN, Tamara Volokhova est franco-russe… Emploi sensible ou non ?

Quid de la politique énergétique ? Manuel Bompard veut consacrer plusieurs dizaines de milliards d’euros à la rénovation thermique et à la réduction des gaz à effet de serre, et assume qu’au sein du Nouveau Front Populaire il y a désaccord sur le nucléaire. Gabriel Attal vante le bilan du gouvernement en la matière, Jordan Bardella veut un moratoire sur les éoliennes, et comme Gabriel Attal, est favorable à la construction de nouvelles centrales nucléaires. Mais contrairement à Emmanuel Macron, dont Gabriel Attal est comptable du bilan, il n’a pas varié en la matière… Le Premier ministre a beau être mesure d’argumenter sur tous les sujets, de mettre en avant son propre bilan en matière de sécurité, et de laïcité, comme l’interdiction de l’abaya (refusée par LFI), de prôner la comparution immédiate pour les délinquants de moins de seize ans, il est comptable des sept années de macronisme aujourd’hui en procès… Le nom d’Emmanuel Macron n’a pas été prononcé, pas plus que celui de Marine Le Pen, ni de Jean-Luc Mélenchon. Des boulets ? Et c’est pourtant pour eux que les électeurs vont voter dimanche… 

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