De plus en plus de cas de pubertés précoces : problèmes de fertilité, troubles comportementaux, cancers… que sait-on de leurs effets à long terme ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les cas de puberté précoce sont de plus en plus nombreux.
Les cas de puberté précoce sont de plus en plus nombreux.
©Reuters

Si tôt !

Les cas de puberté précoce sont de plus en plus nombreux, à tel point que des associations de pédiatrie ont uni leurs efforts pour améliorer la qualité de l'information donnée aux parents.

Olivier Puel

Olivier Puel

Olivier Puel est pédiatre endocrinologue co-fondateur de l’Association Française des Pédiatres Endocrinologues Libéraux (Afpel).

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Monique  Jesuran-Perelroizen

Monique Jesuran-Perelroizen

Monique Jesuran-Perelroizen est pédiatre endocrinologue co-fondatrice de l’Association Française des Pédiatres Endocrinologues Libéraux (Afpel).

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Atlantico : L'association française de pédiatrie ambulatoire et l'association des pédiatres endocrinologues dont vous faites partie ont annoncé travailler ensemble afin d'établir des documents permettant aux soignants de répondre aux interrogations des parents d'enfant montrant des signes de puberté précoce. Que sait-on aujourd'hui des effets à long terme des pubertés précoces ?

Olivier Puel : Les effets à long terme sont peu connus puisque pour l'instant nous disposons de peu de recul sur la question mais aussi sur les effets des traitements. La puberté précoce entraîne une imprégnation hormonale plus précoce de l'organisme. Celle ci pourrait favoriser à long terme les cancers hormonodépendants (sein - uterus), mais il ne s'agit que de simples hypothèses et il faut rester prudent. La puberté précoce lorsqu'elle est rapidement évolutive peut également avoir des conséquences sur la croissance et la taille finale des enfants.

Il faut également faire la différence entre une vraie puberté précoce, c'est-à-dire dont les premiers signes apparaissent avant 8 ans et une puberté "avancée" dont les premiers signes apparaissent entre 8 et 10 ans. Des études ont mis en avant un avancement de l'âge de la puberté entre les années 1980 et les années 2000. L'âge des premiers signes de la puberté a évolué, une étude danoise démontre notamment qu'actuellement le développement des seins pour une petite fille commence environ à l'âge de 9 ans, alors qu'auparavant l'âge moyen du développement des seins était de 10 ans. Néanmoins, l'âge moyen de l'apparition des premières règles n'a pas avancé.

Monique Jesuran-Perelroizen: La vraie puberté précoce peut augmenter les troubles de la fertilité par dysfonctionnement ovariens. Car les vraies pubertés précoces, celles qui proviennent de la commande biologique (du cerveau). Il ne s'agit pas non plus de stérilité car généralement ces troubles se traitent. A moyen terme, cela peut entraîner l'apparition prématurée des règles, de la pilosité, de l'acné. Néanmoins, pour le moment les études n'ont pas démontré de liens entre puberté précoce et ménopause précoce.

Quels sont les effets sur l'entrée dans la sexualité de ces adolescents. Une puberté précoce est-elle forcément synonyme de sexualité précoce ? Dans quelle mesure cela peut-il poser des problèmes ?

Olivier Puel : Sexualité est un bien grand mot. Dans le cas de pubertés précoces, les sécrétions hormonales débuteront dès l'âge de 8/9 ans ce qui peut entraîner une modification de la libido.

Monique Jesuran-Perelroizen Les filles connaissent effectivement des relations sexuelles plus précoces, et tombent enceintes plus tôt. Mais on peut imaginer de nombreux facteurs confondants. La puberté précoce est plus fréquente chez les obèses et l'obésité est elle-même plus fréquentes dans les milieux populaires.

Les pédiatres mettent en garde contre les effets psychologiques de ces changements précoces. Quels sont-ils exactement ?

Olivier Puel : Les filles peuvent parfois se sentir en décalage avec leurs camarades car elles n'auront plus les mêmes centres d'intérêt, elles se sentiront mal dans leur peau. C'est un des paramètres à prendre en compte dans le cadre de la discussion pour la mise en place d'un traitement pour freiner la puberté.

Monique Jesuran-Perelroizen : les psychologues et les psychiatres ont émis l'hypothèse de liens entre l'influence de la puberté précoce et la dépression. Les conclusions sont que plus les filles sont précoces, plus elles sont exposées à des risque de dépression.

On note également des risques du trouble de comportement, de l'agressivité. Les études ont porté sur les comportements de l'adolescent mais pas à long terme, seule une étude estime qu'ils peuvent conserver des troubles du comportement. Et cette étude portait sur les jeunes adultes, donc nous n'avons pas beaucoup de recul sur ces questions.

Comment prévenir les effets de la puberté précoce ? 

Olivier Pluel : Il faut être assez prudent, nous n'avons pas de certitude. C'est effectivement une hypothèse avancée actuellement. La mise en place d'un traitement freinateur pourrait avoir un bénéfice à long terme à ce niveau en limitant cette tendance.

Vis-à-vis des parents on peut leur recommander de se préoccuper de l'âge d'apparition des premiers signes de développement. Il faut être vigilent si les enfants changent d'attitude. Il ne faut pas hésiter à consulter. Les parents peuvent également surveiller les courbes dans les carnets de santé, s'il y a une accélération, ce peut être un signe de puberté.

Il faut informer sur les traitements qui freinent la puberté et permettent d'éviter que ces enfants ne soient précipités trop tôt dans l'adolescence. Grâce au traitement le blocage de la puberté est transitoire et dès que le médicament est évacué, la puberté reprend. 

Monique Jesuran-Perelroizen : Pour les effets des traitements, nous disposons de 2 études françaises chez des jeunes filles de 18 ans et une étude israélienne chez des femmes de 40 ans, traitées pour puberfté précoce et il n'y a aucun effet secondaire.

La puberté précoce vraie d'origine centrale est un hyperfonctionnement endocrinien. Non traitée, elle a toujours des conséquences sur la taille finale. Des problèmes de règles irrégulières, d'hyperpilsoité, d'acné, de troubles de la fertilité par dysfonctionnements ovariens sont plus fréquemment retrouvés chez les femmes ayant présenté une puberté précoce.

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