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Un dernier au revoir 
à David Servan-Schreiber
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RIP

Franklin Servan-Schreiber a présenté au MD Anderson Cancer Center de Houston et au Western Psychiatric Institute and Clinic de Pittsburgh la version américaine du livre de son frère David, "On peut se dire au revoir plusieurs fois".

Marylène Delbourg-Delphis

Marylène Delbourg-Delphis

Marylène Delbourg-Delphis est l'une des premières femmes européennes à s'installer dans la Silicon Valley, elle a aussi été P-D.G. de deux autres sociétés américaines (Exemplary, acquise par Persistent Systems et Brixlogic, acquise par Diebold).

Consultante en stratégie et management, facilitatrice M&A, membre du conseil d'administration, advisor ou P-D.G. intérimaire, elle a assisté comme une trentaine de start-ups (infrastructure, cloud, services en ligne et social media).

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Franklin Servan-Schreiber a présenté à Pittsburgh la version américaine du livre de son frère David, On peut se dire au revoir plusieurs fois. On connaît le succès de cet ouvrage émouvant en France (et si vous ne l'avez pas encore lu, c'est l'occasion de le faire). On connaît moins les circonstances de son écriture, et c'est ce que Franklin a raconté lors de ce voyage aux États-Unis.

Mourir d'un cancer qu'on a passé une grande partie de sa vie à expliquer comment combattre...

David avait 31 ans en 1992 lorsqu'il a découvert qu'il avait un cancer du cerveau et il y a survécu pendant presque vingt ans, malgré une alerte sérieuse en 2000. Mais en juin 2010, les choses se présentaient mal. Revenant d’un voyage éclair aux États-Unis, il découvrait qu'il avait "une grenade dégoupillée dans [le] crâne". Aussi habitué qu'il ait été à gérer son cancer et à aider ses patients ou des amis atteints de cancer, David a connu lui aussi le sentiment d'injustice devant l'irrémédiable. Ayant appris la nouvelle, il est rentré chez lui en vélo "parfaitement conscient du risque que je m’apprêtais à courir [...] Pourquoi alors m’être exposé à ce risque insensé ? Avais-je cédé un instant à une pulsion suicidaire ? Ou à l’idée « romantique » d’une mort subite sur les pavés de Paris? Avais- je eu la tentation de couper court aux mois de douleur et d’anxiété qui m’attendaient?" 

Une mission, celle d'apprendre à mourir ...

Lors de ses conférences aux États-Unis, Franklin a rappelé l'absence de suivi psychologique chez les patients atteints de cancer et, à quelques rares exceptions près, l'ignorance pour le patient comme pour son entourage de ce qui va se passer. Après des mois de traitement, en février 2011, David s'était installé dans un sentiment d'inanité. "Ce qui le déprimait le plus," raconte Franklin, "est le fait que personne ne suivrait plus les recommandations dans ses livres du fait de sa rechute." C'est là que le réflexe de Franklin a radicalement changé la fin de vie de David: "Bon," lui a dit Franklin en substance, "une simple interview ne serait pas adéquate, il faut faire un petit livre pour expliquer ta rechute. De plus cela t’occupera entre deux traitements ".

Selon Franklin, David a d'abord résisté à l'idée car il était épuisé par la maladie déjà avancée, mais un jour alors que la voix de son frère commençait à disparaître, Franklin ne lui a plus donné le choix. "On doit le faire maintenant," a-t-il déclaré "La dégradation de l'état de santé d'un patient atteint de cancer," rappelle Franklin, "n'est pas linéaire. Un jour tout a l'air d'aller bien, et le lendemain, tout val mal. Nous ne savions pas exactement combien de semaines David avait encore devant lui, mais il était évident qu'à un moment ou un autre, il ne pourrait plus communiquer".

David avait plus à dire qu'il le pensait, comme le montrent les sept entretiens commencés à la mi-mars qui constituent la matière de ce livre. Les textes des retranscriptions furent ensuite redécoupés par une amie journaliste qui l'avait assisté pour l'Anticancer, Ursula Gauthier, et David revu et corrigea chaque page de l'ouvrage – qui devait paraître le 15 juin 2011. David est mort un mois plus tard, le 24 juillet, après avoir vu son livre devenir numéro 1 des ventes dès sa sortie.

"Aujourd’hui, où je suis plus proche de ces échéances que jamais, je m’aperçois que je réagis dans l’ensemble comme de nombreux patients que j’ai soignés en tant que psychiatre, des malades du cancer ou d’autres pathologies qui devaient affronter la perspective de la mort. Comme beaucoup d’entre eux, j’ai peur de souffrir, je n’ai pas peur de mourir. Ce que je redoute, c’est de mourir dans la souffrance". Au cours de ces 150 pages, David a pu revivre pour lui-même l'empathie qu'il avait à l'égard de ses patients: échapper à l'abattement et prendre une part active à se réconcilier avec lui-même pour partir avec un sentiment d'accomplissement personnel.

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