David contre Goliath : comment la biotech Moderna est parvenue à s’imposer sur le marché des vaccins<!-- --> | Atlantico.fr
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Marie-Morgane Le Moël publie « La petite histoire des grands médicaments : Comment la recherche a changé nos vies » aux éditions Autrement.
Marie-Morgane Le Moël publie « La petite histoire des grands médicaments : Comment la recherche a changé nos vies » aux éditions Autrement.
©JOEL SAGET / AFP

Covid-19

Marie-Morgane Le Moël publie « La petite histoire des grands médicaments : Comment la recherche a changé nos vies » aux éditions Autrement. Depuis notre naissance jusqu'à notre dernier souffle, les médicaments nous accompagnent tout au long de notre vie. En un siècle, le monde est passé d'une dizaine de médicaments d'origine végétale à un système médical doté de milliers de traitements, même s'il a fallu pour cela oeuvrer à l'aveugle ou profiter de coups de chance. Extrait 2/2.

Marie-Morgane Le Moël

Marie-Morgane Le Moël

Marie-Morgane Le Moël est journaliste. Elle a notamment publié « La petite histoire des grands médicaments Comment la recherche a changé nos vies » aux éditions Autrement.

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Du côté des spécialistes, épidémiologistes, médecins et économistes de la santé, la question se pose : trouvera-t-on un vaccin à temps ? Dans les laboratoires, les spécialistes étudient leur portefeuille de produits et les recherches en cours. Les biotechs, quant à elles, avancent rapidement. Dès janvier, le Cepi va d’ailleurs en sélectionner quelques-unes auxquelles il apporte son soutien financier. Parmi elles, deux biotechs américaines, Inovio et une certaine Moderna, qui n’a alors jamais produit le moindre médicament, mais qui ne doute pas de ce qu’elle a à apporter.

Moderna, c’est l’histoire de la biotech – ces petites entreprises de biotechnologies ultra-innovantes – telle qu’on en rêve. Une histoire de visionnaire – ou de fou, personne n’étant au départ en mesure de connaître la fin de l’histoire. Lorsque fin janvier, son patron, Stéphane Bancel, un scientifique marseillais inconnu du grand public émigré aux États-Unis, commence à parler de vaccin à ARN messager, cette technologie n’a alors jamais fait les gros titres et la presse non spécialisée doit s’accrocher pour y comprendre quelque chose.

Aux États-Unis, la société est connue dans le secteur des sciences de la vie. D’abord parce qu’elle est installée à Cambridge, dans le Massachussetts, la Mecque de la recherche médicale où sont réunis des biotechs, de gros laboratoires, des hôpitaux et des universités prestigieuses (Harvard et le Massachussetts Institute of Technology). Mais surtout car, même si elle n’a jamais encore mis sur le marché de médicaments, Moderna a réussi un exploit en réalisant la plus grosse introduction en Bourse pour une biotech, sur le Nasdaq, en 2018, en levant plus de 600 millions de dollars. Entre sa création en 2011 et cette IPO (Initial Public Offering, en français, entrée en Bourse), comme disent les initiés, elle aura reçu maints financements privés et publics, et noué des partenariats avec de grands noms comme le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca, qui croit lui aussi à la technologie de l’ARN messager. Quand émerge le nouveau virus, Moderna travaille depuis plusieurs années sur l’ARN messager. Le laboratoire, qui a effectué des recherches sur deux autres coronavirus, y voit une opportunité et se lance immédiatement dans la course.

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« Nos équipes sur notre site industriel près de Boston sont en train de fabriquer le vaccin en ce moment et dès qu’il sera finalisé, il sera envoyé au NIH [les Instituts nationaux de santé américains] à Washington qui va faire l’étude clinique de phase 1 », explique ainsi Stéphane Bancel dès fin janvier 2020, quelques semaines seulement après l’émergence du nouveau coronavirus, loin des hésitations d’autres laboratoires.

Au mois de mars, le dirigeant réussit à convaincre Donald Trump. En mai, Moderna recevra 500 millions de dollars de la Barda, la Biomedical Advanced Research and Development Authority, l’agence américaine de recherche biomédicale du ministère de la Défense. Au total, les autorités publiques américaines apporteront plusieurs milliards de dollars à cette biotech pour financer son vaccin, lui permettant notamment d’acheter les machines et les matières premières, et d’embaucher du personnel.

Lorsqu’arrive le mois d’août, Moderna se dit prête à produire jusqu’à 1 milliard de doses en 2021. Elle parviendra en fait à commercialiser des vaccins dès le mois de novembre 2020. Du jamais vu dans l’histoire des vaccins.

Extrait du livre de Marie-Morgane Le Moël, « La petite histoire des grands médicaments : Comment la recherche a changé nos vies », publié aux éditions Autrement.

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