Crowdsourcing : ce que les recherches du vol MH 370 révèlent de son potentiel et de ses limites<!-- --> | Atlantico.fr
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Trois millions de bénévoles ont été touchés par la disparition du vol MH370 de la Malaysian Airlines et se sont mis à la recherche des débris à l’aide du site Tomnod.
Trois millions de bénévoles ont été touchés par la disparition du vol MH370 de la Malaysian Airlines et se sont mis à la recherche des débris à l’aide du site Tomnod.
©Capture d'écran / Tomnod

La recherche 2.0

La disparition du vol MH370 a généré un élan de solidarité de la part des internautes. Trois millions d'entre eux se sont investis dans les recherches à travers la plateforme Tomnod dans l'espoir de retrouver des débris de l'avion.

Michael F. Goodchild

Michael F. Goodchild

Michael F. Goodchild est Professeur Emérite de Géographie et Professeur-Chercheur à l’Université de Californie de Santa Barbara. Spécialiste en Système d’information géographique (SIG), il est entre autres l’auteur de « Crowdsourcing geographic information for disaster response : a research frontier ».

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Atlantico : Trois millions de bénévoles ont été touchés par la disparition du vol MH370 de la Malaysian Airlines et se sont mis à la recherche des débris à l’aide du site Tomnod. Comment expliquer cet élan alors même que la majorité d’entre eux n’étaient pas directement concernés par la catastrophe ?

Michael Frank Goodchild : Tout simplement par la facilité de transmission des informations. Google a mis les images en ligne assez rapidement et la zone à fouiller, aussi large soit-elle, a pu être facilement déterminée. Dès lors qu’on a une idée de la zone où chercher et que les images sont prêtes, les internautes se sentent bien plus concernés et sont donc facilement motivés.

Trois millions de personnes, donc, se sont investies dans la recherche à travers ce fameux site et l’ont par conséquent saturé tandis que chaque pixel a été vu en moyenne 30 fois, sans résultat concluant. Le crowdsourcing dans ce genre de situation, ne risque-t-il pas de ralentir les recherches ?

Effectivement, le site a été saturé, chaque pixel a été vu plusieurs fois. On peut même ajouter à cela d’autres difficultés telles que les nuages ou une résolution d’image trop mauvaise. Quoi qu’il en soit, il ne s’agit jamais d’une perte de temps. Dans ce genre de situation, il faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour retrouver les débris. Et si les images sont à peu près correctes, alors il faut foncer. Les gens sont plein de bonne volonté dans ce genre de situation et grâce à cela, ce genre de technique peut être très efficace.

Quels sont alors les inconvénients du crowdsourcing ?

L’inconvénient majeur est la nécessité de vérifier chaque donnée apportée par chaque internaute. Trois millions de personnes se sont investies dans les recherches. Chaque jour, des milliers de personnes déclarent avoir vu les débris. A chaque déclaration, il faut vérifier et cela peut prendre une journée, soit une journée de perdue si jamais le résultat n’est pas concluant.

Peut-on vraiment se fier aux internautes ?

Pas vraiment, mais il y a plusieurs manières de savoir si l’on peut accorder notre confiance aux internautes. Par exemple, lorsque deux déclarations se rejoignent, on peut supposer que l’information est fiable.

A quel moment d’une crise est-il préférable que le crowdsourcing intervienne ?

Dans ce genre de situation, je pense qu’il est préférable de lancer le crowdsourcing immédiatement. Le temps est compté.

Le crowdsourcing n’est que très peu mis en application pour ce genre de situation. Pourrait-il devenir l’une des techniques de recherche principales à l’avenir ?

C’est une question difficile à répondre. Ce qui est compliqué dans ce genre de situation est le nombre impressionnant de réponses. Dans le cas d’un tremblement de terre, les recherches sont plus simples et génèrent moins de déclarations de la part des internautes.

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