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La croissance ? La compétitivité ? Non ! L'économie c'est avant tout
les êtres humains...
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Le nettoyeur

L'économie pour les nuls : cet été, Pascal-Emmanuel Gobry explique les bases de l'économie pour les non-initiés, de manière non scolaire.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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L'économie. En ces temps de crise, on n'a que ce mot-là à la bouche. Mais de quoi s'agit-il, au juste ?

Je commence cette série estivale par proposer une définition de l'économie, et je propose la définition suivante : l'économie, c'est le mécanisme par lequel nous tentons de répartir des ressources limitées de la manière la plus efficace possible (et comme science sociale, l'économie est l'étude de ce mécanisme).

Comme toute définition, elle est sans doute partielle et contestable, mais elle permet de commencer quelque part. Que nous dit-elle, cette définition ?

Tout d'abord, notons qu'elle n'a que peu de contenu idéologique : en soi, elle ne permet pas de dire si l’État, ou le marché, ou autre chose, est le moyen le plus efficace de répartir les ressources. Chacun peut avoir son opinion là-dessus et être d'accord sur la définition.

Cette définition est courte, mais elle a déjà des conséquences :

  • D'abord, l'économie existe parce que nous vivons dans un monde de ressources limitées. Si nous avions des ressources illimitées, que chacun pourrait obtenir ce qu'il veut comme il veut, gratuitement, on n'aurait pas besoin de décider comment répartir ces ressources (Je reviendrai sur ce que sont ces ressources dans une autre chronique).

  • Ça veut dire qu'il n'est pas possible de "raser gratis". Toute décision économique aura un coût quelque part, et des conséquences. Augmenter (ou baisser) un impôt n'aura pas seulement comme conséquence d'augmenter les ressources de l’État (ou des citoyens). Il y aura aussi des conséquences en termes de choix des acteurs économiques. Ça veut aussi dire qu'on ne peut pas évaluer une politique dans le vide, mais par rapport à son coût d'opportunité. Que tel grand projet permette de faire ci ou ça, c'est très bien, mais le financement de ce projet vient de quelque part (puisque les ressources sont limitées) et il faut aussi penser à ce qu'on aurait pu faire d'autre avec ces ressources. Ça a l'air bête dit comme ça, mais nos débats économiques sont pleins de cette pensée du “raser gratis.”

  • L'économie comme allocation des ressources, ça veut aussi dire que l'économie n'est pas "l'emploi". Le plein emploi est une conséquence de l'allocation efficace des ressources (puisque le travail est une ressource comme une autre, si des gens qui veulent travailler ne travaillent pas ça veut dire que ces ressources sont mal réparties), mais ce n'est pas l'objectif. Ou sinon, on pourrait résoudre le chômage en employant simplement tout le monde à creuser et boucher des trous. On comprend intuitivement que ça serait une mauvaise idée, et la raison est que l'objectif de l'économie est d'allouer efficacement les ressources, pas de donner aux gens des emplois. Mais pourtant, toute évolution économique est uniquement analysée sous l'angle de l'emploi (et très souvent, uniquement l'emploi direct).

  • L'économie comme allocation des ressources, ça veut aussi dire que ce n'est pas "la croissance" ou "la compétitivité" ou "les entreprises". C'est très bien d'avoir de la croissance - mais d'où vient-elle? C'est très bien d'être compétitif, mais pour quoi faire? Est-ce que les entreprises sont en bonne santé? Très bien, mais et alors? Aucune entreprise n'est en meilleure santé qu'un monopole, mais un monopole est mauvais pour tout le monde sauf cette entreprise, parce que c'est une allocation extrêmement peu efficace des ressources.

  • Au final, ça veut dire que l'économie existe pour nous. Pas pour les entreprises, ou pour la santé fiscale de l’État, ou pour autre chose. Elle existe pour nous. Une ressource mal répartie, c'est quelqu'un qui est plus pauvre qu'il ne pourrait l'être. La raison pour laquelle il est important que nos ressources limitées soient réparties efficacement est parce que ça nous permet de les utiliser mieux, et donc d'avoir plus de choix et de vivre une vie meilleure et plus prospère. 

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