Crise du cachemire : en quoi le réchauffement climatique menace aussi nos pulls<!-- --> | Atlantico.fr
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Les chèvres ne peuvent pas produire de laine si il fait trop chaud.
Les chèvres ne peuvent pas produire de laine si il fait trop chaud.
©Flickr/origine1

A vous rendre chèvre

Les chèvres qui produisent la laine si douce et chaude ne peuvent pas le faire s'il fait trop chaud. Les marques de luxe doivent réagir pour protéger ce marché de 4 milliards d'euros par an.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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La crise du cachemire nous menace. Oui, le tissu. Elle est sans doute moins grave que la crise du Cachemire, la région disputée par l'Inde et le Pakistan, mais elle est néanmoins réelle. 

En effet, la précieuse laine est extraite d'une espèce particulière de chèvres de Mongolie et de l'Himalaya, et la chaîne de production est remise en question par de nombreux facteurs, y compris le changement climatique, et les entreprises de luxe doivent s'adapter.

La situation

La laine du cachemire est très prisée depuis plus d'un siècle. Ses fibres sont très fines et très douces, et sont issues d'une espèce particulière de chèvres qui ne vivent que dans une région particulière--principalement le Cachemire, mais également les steppes de l'ouest de la Chine et de la Mongolie--qui produisent cette laine particulière notamment grâce aux conditions climatiques très froides de la région en hiver. Contrairement à la plupart des tissus qui peuvent être produits dans des conditions diverses et plus ou moins contrôlables par l'homme, le cachemire ne peut être produit que par les bonnes chèvres, dans le bon terroir, avec le bon climat. Si l'hiver est trop froid, les chèvres meurent ; si l'hiver n'est pas assez froid, elles ne produisent pas cette laine si fine et si dense qui rend nos écharpes si douces.

C'est ce besoin du froid qui remet en question l'approvisionnement de la précieuse laine--le réchauffement de la planète atteint aussi les chèvres et leur laine. Un rapport publié la semaine dernière par Kering, le groupe de mode de François Pinault, et l'ONG Business for Social Responsbility, met en lumière le danger que pose le changement climatique pour les chaînes d'approvisionnement des grandes marques, et notamment sur le cachemire. 

Mais ce n'est pas seulement le changement climatique qui pose problème. En effet, depuis des années, le cachemire n'est plus seulement un produit de luxe, c'est devenu un produit de masse. On peut acheter un pull en cachemire pour moins de 100 euros chez H&M ou Uniqlo.  Les producteurs ont augmenté la taille de leurs troupeaux, à la fois pour faire face à cette demande et pour se protéger des conséquences du changement climatique, parfois au détriment de la qualité, montrant que tous ces phénomènes sont liés. De 1993 à 2009, la population de bétail de la Mongolie est passée de 23 millions à 44 millions. Mais l'augmentation de la taille des troupeaux a mené à un surpaturâge qui, avec le changement climatique, met en danger l'habitat traditionnel des chèvres. 

A plus long terme, la modernisation des économies de l'Asie centrale fait que peu d'enfants sont disposés à devenir bergers comme leurs parents. 

Les conditions climatiques extrêmes des régions d'où est produit le cachemire, notamment le "dzud", l'hiver extrême, provoquent souvent des perturbations dans l'acheminement, mais depuis plusieurs années les perturbations sont plus fréquentes et plus profondes.

L'adaptation

D'après Bain & Company, le marché mondial du cachemire représente 4 milliards d'euros. C'est donc un vrai problème business. Par exemple, l'année dernière Burberry a mis au nombre de ses objectifs de protection de l'environnement la protection de sa fourniture de cachemire.

De nombreuses marques et ONG se sont réunies au sein de la "Sustainable Fibre Alliance", afin d'affronter le problème. Cette alliance a mis au point des standards pour encourager la production durable de cachemire, qui devraient être testés la première fois l'année prochaine.

Comme le signale le site spécialisé Business of Fashion, la clé de l'approche est d'encourager les exploitants à mettre en place des pratiques durables. 

Loro Piana, marque de luxe récemment rachetée par LVMH, a mis en place un programme d'élevage sélectif de chèvres afin d'accroître la qualité de la laine. Selon la marque, le programme a augmenté les revenus des éleveurs en leur permettant d'augmenter la qualité de leurs produits. 

Pour la marque écossaise Brora, spécialisée dans le cachemire, le point clé est d'encourager la relation à long-terme avec les fournisseurs. Les années où la production est mauvaise, l'entreprise verse aux producteurs des avances sur la production de l'année prochaine, et ne répercute pas totalement les prix du marché mondial dans ses prix d'achats, afin de garder ses relations à long terme, et d'encourager les producteurs à continuer à se concentrer sur la qualité. 

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