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Crise de la quarantaine : pourquoi a-t-on si peur de vieillir (et comment mieux l'accepter) ?
©Reuters

Bonnes feuilles

L'image de soi, l'apparence physique, est le parent pauvre du développement personnel. L'auteur décode l'image que nous renvoie le miroir tous les jours entre ce que l'on voit et ce que l'on se représente pour s'aimer enfin tel qu'on est. Extrait de "S'aimer même quand on est bourré de complexes", de Aurore Aimelet, publié aux éditions Solar (2/2).

Aurore Aimelet

Aurore Aimelet

Journaliste indépendante, Aurore Aimelet est spécialisée en psychologie et collabore régulièrement à Psychologie Magazine. Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages en développement personnel, parmi lesquels "Dis bonjours à la dame" ou "Apprivoiser sa culpabilité", aux éditions Albin Michel.

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Pourquoi toujours courir après la perfection ? Un physique parfait nous comblerait- il à jamais ? Et ce temps qui passe inexorablement ?

« J’ai peur de vieillir »

Raphaël, 47 ans, est pilote. Il évoque sa crise de la quarantaine, le petit coup de canif dans son contrat de mariage, un grand bouleversement intérieur. Il parle aussi de ce physique plutôt agréable qui s’estompe avec le temps…

★ J’ai peur de vieillir. Vraiment, j’ai la trouille ! De quoi ? Je ne sais pas… De perdre, peut- être. Oui, j’ai peur de perdre mes capacités, mon énergie, mon enthousiasme. Quand je regarde mes rides ou ce corps plus flasque, plus mou, je ne peux pas m’empêcher de penser à la fin : la multiplication des rides sera proportionnelle à la disparition de mes muscles ! En fait, je me vois comme mon père… Fatigué, affaibli. C’est tristeaussi, c’est de devoir arrêter de voler un jour. Mon métier, c’est ma passion, les avions, le ciel, la liberté ! Je ne suis pas nostalgique de ma jeunesse parce que je n’étais pas bien séduisant à l’époque. Plutôt timide, mal dans mes baskets. Mais prendre de l’âge m’angoisse. Comme si j’allais perdre, oui. Peut- être mon pouvoir de séduction ? Ou la liberté dont je viens de parler. Je crois que mon infidélité vient de là. Sans doute ai- je voulu me rassurer, voir si j’étais encore capable, aimable… C’est nul, je le sais bien, surtout que ma femme est sans doute la plus belle des femmes et la plus merveilleuse. Je me trouve assez minable en réalité de réagir comme ça. Je devrais grandir et assumer ces rides, assumer mon âge, assumer mes choix. Devenir adulte, en quelque sorte.

Mieux comprendre

Le temps qui passe, une gageure

En ces temps où le jeunisme est loi et la vieillesse, constamment dévalorisée, il n’est facile pour personne de prendre de l’âge ou de s’enthousiasmer à l’idée de souffler un jour de trop nombreuses bougies. Nous nous imaginions invincibles, et apparaître un jour fatigués ou affaiblis, pour reprendre les mots de Raphaël, fait peur. Cette vieille crainte de la fragilité, décidément, nous poursuit… Nous angoissons à l’idée de devenirfaillibles, de nous départir de toutes nos belles facultés et, en particulier, de notre apparence, bien évidemment, car elle symbolise aux yeux de tous qui nous sommes : elle trahit la première notre âge quelque peu avancé, alors que notre coeur et notre esprit auront, eux, éternellement 20 ans ! De nouveau, un décalage se forme entre qui nous considérons être et la façon dont nous apparaissons, un fossé entre le soi réel et l’image de soi.

Plus nous nous installons dans la vie, plus nous prenons conscience de tous les risques qu’il y a à exister… et plus nous nous rapprochons des trois « impensables » contre lesquelles nous ne pouvons rien : la maladie, la vieillesse et la mort. Le déclin ? Très peu pour nous. Mais la peur de vieillir n’est pas nécessairement la peur de mourir. Nous savons tous que le temps passe mais nous n’y pensons pas, jusqu’à ce que les premiers stigmates se présentent, lesquels se concentrent principalement au niveau de l’apparence physique : Raphaël sent son corps devenir « flasque », il a l’impression que sa peau est moins élastique, moins souple. Comme lui, nous ressentons un vieillissement prématuré de l’épiderme et devenons particulièrement scrupuleux sur les rides, même lorsqu’elles sont d’expression. Et puis, évidemment, nous perdons de notre dynamisme et sommes plus fatigués, d’où ce sentiment de « perte » parfaitement évoqué par notre témoin.

Alors nous avons recours à des artifices, à des crèmes antirides, à des vitamines, à davantage de sport, à un régime draconien, tout cela pour nous donner un peu de répit, du temps supplémentaire, alors que ce dernier poursuit sa route inexorablement. Ne vaudrait- il pas mieux accepter de prendre de l’âge et quelques kilos puisque nous martyriser le corps et, pire encore, le coeur et l’esprit est à peu près aussi vain que de vouloir arrêter le temps ?

Il n’est pas si simple évidemment d’accueillir rides et embonpoint, mais avons- nous vraiment le choix ? La jeunesse éternelle, la beauté immuable ne sont qu’un idéal de perfection.

Extrait de "S'aimer, même quand on est bourré de complexes", de Aurore Aimelet, publié aux éditions Solar, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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