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En annonçant la création d'une immense réserve marine, les Maldives donnent l'exemple
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C'est un ailleurs...

C'est l'une des rares sensations du Sommet Rio+20 (Brésil), qui sans surprise n'a débouché sur aucune avancée significative en terme d'environnement. Pourtant, en instaurant une immense réserve marine, les Maldives ont donné une leçon de morale au monde.

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Mohamed Nasheed a démissionné en février dernier sous la pression des conservateurs. Légalement et largement élu fin 2008 au terme des premières élections multipartites de l'histoire du pays, il fit parler de lui mondialement un an plus tard en dirigeant un conseil des ministres sous-marin. Le but ? Sensibiliser l'opinion publique aux dangers du réchauffement climatique, phénomène à l'existence certes de moins en moins discutée, mais qui n'est pas pour autant combattu comme il devrait l'être et menace l'archipel au premier chef.

credit-Sarah-Ackerman

Corollaire de celle du thermomètre global, la hausse du niveau des eaux constitue de fait depuis quelques années l'une des, sinon la préoccupation majeure des autorités maldiviennes. M. Nasheed, qui a ouvertement envisagé l'achat de nouvelles parcelles de terre moins exposées pour pouvoir accueillir ses concitoyens et accessoirement les touristes – l'hypothèse demeure plausible -, a été décrit par nos confrères du magazine Time en 2009 comme un « héros de l'environnement ». Son action a en outre fait l'objet l'an passé d'un film documentaire, The Island President. Surtout, ilrestera dans l'histoire comme le premier chef d'État à avoir visé la neutralité carbone (à l'horizon 2020).

Si les associations de protection de l'environnement ont mal vécu la démission de M. Nasheed, qui après un peu plus de trois ans à la tête de Maldives avait fini par devenir la voix des réfugiés climatiques et des « sans-grade » de la montée des océans, son successeur Mohamed Waheed ne semble toutefois pas moins ambitieux. En témoigne sa déclaration fracassante de mercredi dernier dans la métropole carioca, au cours de laquelle il a officialisé sa volonté, dans un « délai court », peut-être d'ici cinq ans, de faire de l'archipel - qui compte mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf îles (dont deux cent-deux seulement sont habitées et dont le point le plus haut ne dépasse pas trois mètres) disséminées sur quatre-vingt-dix mille kilomètres - la première et la plus grande réserve marine du monde. Le processus est en marche, les Maldives ayant déjà établi cette année « la première biosphère de l'UNESCO » dans l'un de leur vingt atolls.

Une gigantesque réserve marine pour sauvegarder l'écosystème

Dans un contexte d'accroissement de sa population, l'archipel connaît « les défis les plus dramatiques et difficiles de (son) histoire », a rappelé M. Waheed, cité par nos confrères de l'AFP et qui a évoqué à la tribune « le droit à survivre », mais aussi « le droit à prospérer ». Au sein de la réserve, la pêche serait « durable et écologique, excluant les techniques détruisant la biosphère » pour endiguer la dégradation des ressources halieutiques, sachant que « les Maldives sont déjà un sanctuaire pour les requins, les tortues et de nombreuses espèces de poissons de l'océan Indien ».


D'autant plus défendable qu'il est avéré que la plongée sous-marine touristique, quoique synonyme d'importante manne financière, érode la biodiversité marine locale, le dessein présidentiel impliquerait par ailleurs la totalité de la zone économique exclusive des Maldives, soit deux cents miles nautiques (environ trois cent soixante-dix kilomètres) autour des côtes. Précisons aussi que le statut de réserve marine est beaucoup plus contraignant que celui de zone protégée.

Interrogée par l'AFP, la sous-directrice de l'ONG américaine Pew Environment Group (PEG) Sue Lieberman souligne en effet que « techniquement, il ne peut y avoir aucune extraction dans une réserve marine. Il n'y a pas de pêche industrielle, pas de mine […] C'est l'équivalent sur mer d'un parc national ». Et de saluer une annonce « très significative », laquelle intervient quelques jours à peine après que l'Australie ait validé la création de la plus vaste réserve marine du monde. S'étendant sur trois millions cent mille kilomètres carrés (grosso modo neuf fois la superficie de l'Allemagne (!) et plus du tiers de celle des eaux territoriales du pays), elle s'imposait également au regard des menaces qui pèsent sur l'écosystème.

Pollution, surpêche, acidification des océans et bien sûr réchauffement climatique : il était urgent d'agir. M. Waheed l'a manifestement bien compris lui aussi.

 Guillaume DUHAMEL

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