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50 ans de couple franco-allemand : Merkhollande finira-t-il par être
plus uni que Merkozy ?
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Thérapie de couple

François Hollande et Angela Merkel ont célébré ce dimanche à Reims la rencontre du général De Gaulle et du chancelier Adenauer. Quelle valeur accorder à ces cérémonies de célébration de l'amitié franco-allemande dans le contexte des tensions au sommet qui divisent le couple historique ?

Henrik Uterwedde

Henrik Uterwedde

Henrik Uterwedde est politologue et directeur adjoint de l'Institut Franco-Allemand de Ludwigsburg.

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Atlantico : Ce dimanche à Reims, François Hollande et Angela Merkel ont célébré les 50 ans de la réconciliation franco-allemande en essayant d’afficher publiquement une complicité nouvelle. Il y a quelques semaines, François Hollande semblait pourtant vouloir s’appuyer davantage sur les pays du Sud comme l’Espagne et l’Italie pour constituer un contre-pouvoir à celui de l’Allemagne. Après le divorce, le couple franco-allemand en est-il réduit à la réconciliation forcée ?

Henrik Uterwedde : J’ai une version optimiste : souvent, les débuts du « couple » sont difficiles après un changement de gouvernement dans l’un des deux pays. Il n’y a pas eu de divorce mais des petits jeux dans la prolongation de la campagne électorale : réception des leaders du SPD à l’Elysée, recherche d’alliances européennes pour « coincer » Angela Merkel… Mais tout le monde sait bien que ce n’est pas la bonne méthode pour faire avancer l’Europe, qu’il faut au contraire un climat de confiance entre les deux partenaires, qui seul permettra de trouver les compromis nécessaires pour répondre à la crise actuelle. Nous avons besoin l’un de l’autre ; ce n’est pas contre l’Allemagne (ou la France) qu’on construira la maison européenne. La commémoration de Reims a peut-être servi à rappeler cette évidence. Tant mieux !

Après les frictions des premières semaines, le couple « Merkhollande » se révélera-t-il plus uni et plus solide que le couple « Merkozy » ?

En tout cas, il n’y a aucune raison qui empêcherait Angela Merkel et François Hollande de bien travailler ensemble. Leurs approches de l’Union monétaire sont différentes ? Mais elles l’étaient déjà sous Sarkozy ! L’important, c’est de se rappeler que le mode de fonctionnement de l’Europe n’est pas la confrontation politique, mais une sorte de grande coalition où il faut tenter de rapprocher les positions. C’est ce travail qu’on peut légitimement attendre de nos leaders, et je ne doute pas de leur capacité à y répondre.

Dans un entretien accordé au journal L'Union publié samedi, le président François Hollande a estimé que la relation franco-allemande ne devait pas être "un directoire" qui déciderait pour l'Europe. Pourtant, on a parfois le sentiment que la France et surtout l’Allemagne décident seules en Europe …

Non, je pense qu’il s’agit là d’une caricature, comme l’a déjà été le slogan de « l’Europe allemande » ! Il est vrai que les deux premiers pays de l’Union européenne, qui ont souvent démontré leur capacité à dégager des compromis, doivent se garder de toute tentation de « directoire », et tenter d’impliquer davantage les autres partenaires. Ce qu’ils oublient parfois…

Le refus du chef de gouvernement italien Mario Monti et du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy de signer le plan de croissance proposé par Hollande a-t-il constitué une petite révolution dans les rapports de force en Europe ?

Je ne le crois pas. Cela a été un chantage vis-à-vis d’Angela Merkel, dont on savait qu’elle avait besoin du pacte de croissance pour obtenir l’accord du SPD, afin d’obtenir des concessions. Mais ce genre de comportement ne marchera pas toujours, et je doute que François Hollande ait intérêt à y participer.

Les convictions allemandes sur l'austérité et la politique monétaire finissent-elles par représenter un tel coût pour l'économie du reste de la zone euro qu'il en deviendrait rationnel de remettre en cause le moteur de l'Europe et pierre angulaire de toute politique européenne française ?

Il faut cesser de caricaturer la position allemande. La nécessité de redresser les finances publiques n’est pas une obsession allemande, c’est le bon sens qui le commande ! Pour ne prendre que la France, je vous renvoie au rapport de la Cour des comptes et à la déclaration de politique générale du Premier ministre Ayrault, qui a mis le doigt sur les dangers d’un endettement excessif. Quand le premier poste du budget de l’Etat est devenu le service de la dette, cela tient à la politique française de redresser la barre, pas besoin d’incriminer Mme Merkel et de crier gare à l’austérité !

En ce qui concerne la voie pour y arriver, le rythme, le timing, on peut se demander si la position allemande n’est pas parfois trop rigoureuse. Mais trop de leaders européens, trop souvent, expliquent que « ce n’est pas le moment » de faire "la rigueur". Le problème, c’est que pour certains, ce n’est jamais le moment… 

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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