Coupe du monde de football : que cesse l’hypocrisie !<!-- --> | Atlantico.fr
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La question du boycott de la Coupe du monde au Qatar est au coeur de nombreux débats.
La question du boycott de la Coupe du monde au Qatar est au coeur de nombreux débats.
©Tobias Schwarz / AFP-Pool dpa Picture-Alliance via AFP

Qatar

A un mois du coup d’envoi de la Coupe du monde de football au Qatar et même si 60% des Français déclarent être bien décidés à suivre ce Mondial à la télévision (sondage Harris Interactive pour RMC), la question du boycott est au cœur de nombreux débats.

Jean Hingray

Jean Hingray

Jean Hingray est Sénateur des Vosges et membre de la Commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport.

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Si chacun a parfaitement le droit de défendre sa position sur le sujet, on notera que certaines éditions passées n’avaient, curieusement, pas suscité les mêmes réserves alors que leur contexte politique l’aurait au moins autant justifié. On retiendra ainsi que l’annexion de la Crimée en 2014 n’avait pas empêché Vladimir Poutine d’accueillir « sa » Coupe du monde quatre ans plus tard… 

C’est d’ailleurs ce sentiment un brin « fluctuant » qui interroge.

Car posons clairement la question : si le lancement imminent du plus grand événement sportif de la planète révèle soudain à certains la dimension définitivement infréquentable des dirigeants qataris, alors est-on prêt à en tirer totalement les conséquences ?

Convoquer des valeurs est une chose. En déduire une gestion à géométrie variable en est une autre. 

Oui, le sport a parfois bon dos. Mais il faudrait prendre en considération tout le reste. Qui, en 2007, est le premier chef d’Etat étranger à rendre visite au nouveau président de la République française, Nicolas Sarkozy ? L’émir du Qatar.

Huit ans plus tard, à qui le président Hollande vend-il vingt-quatre avions de combat Rafale ? A ce même pays. Preuve que les relations entre les deux nations dépassent les clivages partisans et qu’elles s’inscrivent dans une relation constante.

« Boycotter le Qatar » signifie-t-il qu’on devrait y mettre un terme ? Et dénoncer, selon la même logique, les nombreuses passerelles existantes, dans des domaines aussi divers que l’industrie, l’immobilier, les transports, la recherche mais aussi, bien entendu, la diplomatie ? 

Car nul ne doit l’oublier : en dépit de tout, le Qatar apparaît aux yeux de nombreux experts comme le principal allié régional de la France au Moyen-Orient. Ainsi, depuis son élection en 2017, l’actuel chef d’Etat français, Emmanuel Macron s’est rendu à deux reprises à Doha. Et en 2021, pour ne prendre que cet exemple, la question afghane avait été clairement abordée, deux opérations d’acheminement d’aide humanitaire étant menées de concert. 

Y aurait-il d’un côté la « real politique », immuable, forcément légitime et faisant fi de certains principes qui légitimeraient en revanche de se boucher le nez à l’aube d’un rendez-vous footballistique mondial ? Même les plus grands défenseurs des droits humains ne peuvent sans doute souscrire à une dichotomie à ce point cynique. 

On ignore si Anne Hidalgo, se compte parmi eux, mais on se souvient en revanche des propos qu’elle tenait en juin 2015, invitée de la Matinale de RTL : « Ce que je peux dire sur Paris et la relation que l’on a avec le PSG et le patron du PSG, c’est une relation extrêmement positive, forte, je les remercie d’avoir mis le club de Paris au niveau auquel il est et puis de soutenir des choses qui m’importaient beaucoup. Je pense au foot féminin. Ils ont vraiment mis les moyens et l’accompagnement pour construire une équipe magnifique. Et puis dans toute la lutte contre l’homophobie et le racisme dans les stades. Nous travaillons main dans la main et avec les gamins de Paris. Je suis heureuse de cette collaboration avec eux ».

Ce faisant, et prononçant des mots emplis d’enthousiasme, elle évoquait bien entendu le club de foot de la capitale, propriété du Qatar, présidé par l’homme d’affaire Nasser al-Khelaïfi.

La Ville de Paris, à l’instar d’autres métropoles françaises, a pourtant annoncé récemment qu’elle n’installerait ni écran géant ni « fan-zones », refusant ainsi de retransmettre le Mondial. Comprenne qui pourra… 

On ne doute pas que la maire de Paris, soucieuse de cohérence, renoncera désormais à suivre les rencontres du PSG, de la loge VIP qu’elle occupe régulièrement au Parc des Princes. Toute autre attitude de sa part ne ferait qu’ajouter à l’hypocrisie ambiante… 

Jean HINGRAY

Sénateur des Vosges

Commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport

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